Histoires d’alcool (Dr Jean-Pierre Aubert)

Selon les chiffres officiels, la consommation d’alcool est responsable de 41 000 décès par an et 1,5 million de personnes sont alcoolodépendantes en France (2,5 millions ont une consommation à risque). Que peut faire la médecine ? C’est une des questions soulevées par ce médecin généraliste, qui depuis quarante ans s’est confronté à la lourde tâche de soigner les malades de l’alcool. Avec humour, humanité et même humilité, il révèle les multiples problématiques. Structurellement, la médecine de ville n’est tout simplement pas formée pour traiter cette pathologie, « la formation en matière d’alcoologie [étant] indigente », comme le déplore le Dr Aubert. L’enseignement se réduit à la gestion du sevrage qui se résume au triptyque : « hydratation, Valium, vitamine B1, un point c’est tout ».  Émotionnellement, les alcooliques suscitent souvent la détestation des médecins qui, durant leurs années d’internat, ont eu au moins une fois fort à faire pour gérer un ivrogne. Détestation et sentiment d’incompétence sont donc les deux facettes d’une monnaie de singe thérapeutique. Et on le devine, pallier ces carences, c’est dans un premier temps offrir une écoute, dépouillée de la peur et du rejet des médecins, et dans un deuxième temps, proposer aux généralistes une véritable formation. Jean-Pierre Aubert s’adresse aussi bien aux étudiants, qu’aux malades de l’alcool sans omettre leur entourage. Les étudiants trouveront le « moyen de calmer leur désarroi », l’entourage « des éléments sur la complexité de cette maladie », et des clés pour ne plus simplement osciller entre contrôle de police du conjoint et pitié amoureuse. Quant aux malades, ils ne découvriront pas de remèdes miracles (et pas médicamenteux, les pilules étant largement mises à l’index ici), mais des chapitres convoquant des thèmes et des axes à explorer, et surtout les questions à se poser. À chacun de trouver ses réponses.