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La méthode placebo pour se sevrer des somnifères et des antidépresseurs
Ceux qui prennent des somnifères et des antidépresseurs ne savent pas comment se débarrasser de l'addiction que créent ces traitements. Voici une méthode qui fonctionne et qui a été mise au point par le Dr Partick Lemoine, psychiatre, docteur en neurosciences, ancien membre de la commission de transparence de la Haute Autorité de Santé (HAS). Cette méthode appelons la "méthode placebo". Ne soyez pas déçu(e). Elle est parfaitement scientifique. Mais avant de vous la dévoiler, il faut que vous compreniez ce qu'est vraiment l'effet placebo. Car les partisans de la médecine allopathique snobent l'effet placebo dont ils croient tout savoir. A la Faculté, les futurs médecins apprennent qu'il intervient pour 30% dans les guérisons. Et de nous ressasser ce chiffre, qui remonte à 1959 et aux observations d'un médecin allemand (Haas). En vérité, à la lumière des dernières études, l'efficacité de l'effet placebo n'est pas de 30% mais s'élève jusqu'à 90% selon les cas et les pathologies. Voilà de quoi ébranler le dogme mécaniste et chimique de la médecine moderne… Et pousser les médecins à revoir leur façon de travailler.
Certains médecins, heureusement, voient dans l'usage du placebo l'une des plus nobles façons de soigner qui soient. C'est le cas du Dr Patrick Lemoine, l'un des meilleurs spécialistes du placebo (et de son revers le nocebo). Psychiatre, docteur en neurosciences, ancien membre de la commission de transparence de la Haute Autorité de Santé (HAS), ce médecin qui n'a rien d'un fantaisiste estime que le placebo est une voie d'avenir pour la médecine, une alternative au "tout chimique". A condition de l'employer de façon éthique et pas dans le mensonge.
Une gélule de sucre peut ainsi vous aider à vous défaire très facilement d'une addiction toxique aux anxiolytiques ou aux somnifères. La méthode que m'a expliquée ce médecin hors norme est aussi simple à mettre en pratique qu'efficace…
Le placebo : un puissant remède négligé
Pour le Dr Lemoine, qui a écrit l'un des rares livres sur le sujet, "Le mystère du placebo", la médecine s'égare en dédaignant l'effet placebo. Elle oublie que si l'homme n'était pas capable de se débrouiller sans l'armada chimique il y a bien longtemps qu'il aurait disparu. Et nombre de médecins ignorent surtout que ce phénomène placebo, cette part d'irrationnel qui leur échappe (beaucoup vous font comprendre que l'effet placebo n'est qu'imaginaire), est précisément ce qui fait la grandeur de leur art. S'ils creusaient un peu, ils découvriraient que la science l'explique de façon rationnelle : l'être humain dispose de grandes capacités d'autoguérison qu'il peut commander par l'esprit. Pas besoin de l'intoxiquer systématiquement, il suffit d'activer ces ressources naturelles par l'empathie, la capacité d'écoute et le pouvoir de suggestion...
La croyance, plus forte que le principe actif
Ecoutons le Dr Lemoine : "On a tort de parler de l'effet placebo de manière péjorative, ce devrait être tout le contraire. Quand quelqu'un est capable de mettre en route un effet placebo cela veut dire que son organisme fonctionne bien, qu'il est capable de s'auto-soigner avec des substances qui seront objectivables un jour et même si l'on ne parvient pas à les objectiver toutes, c'est très noble. Un médecin qui induit un bon effet placebo est un médecin excellent. L'effet placebo est la marque de la bonne médecine, la preuve que la relation entre le médecin et le patient est bonne, qu'il y a une confiance réciproque et une conviction partagée."
Patrick Lemoine raconte volontiers cette histoire du Dr Stewart Wolf : confronté à un patient asthmatique très malade, ce médecin américain réputé a l'idée de faire appel à un médicament non commercialisé mais qui avait fait l'objet de publications le présentant comme révolutionnaire. Il contacte donc le labo, qui lui envoie un échantillon de comprimés. Le malade, qui enchaînait les crises depuis 17 ans, voit tous ses symptômes disparaître. Surpris, le Dr Wolf veut vérifier cette efficacité et demande au labo un placebo, de même couleur et de même présentation. Le placebo ne fonctionne pas : le patient rechute… Après 5 allers-retours entre placebo et vrai médicament, les résultats plaident tous en faveur du vrai comprimé. Le médecin fait part de ces résultats au labo, où on lui répond… qu'il ne s'agissait que de placebo depuis le début. L'histoire remonte aux années 60 mais dit bien à quel point la conviction du médecin, sa propre croyance, pèse dans la guérison !
Plus efficace que tous les médicaments ?
Cet effet est surtout efficace contre la douleur sous toutes ses formes, la toux, la dépression, la maladie de Parkinson, l'hypertension, l'hypercholestérolémie, bref, toutes les maladies fonctionnelles. Mais on ne peut l'écarter pour autant dans les infections ou les cancers. Une récente étude estime le taux d'efficacité du placebo à 70% dans le traitement de maladies telles que l'ulcère de l'estomac, l'angine de poitrine ou l'herpès.
En 1978 déjà le chercheur John Levine, de l'université de Californie (San Francisco) avait mis en évidence, dans une étude sur la douleur (extraction dentaire) avec utilisation de morphine contre placebo, l'efficacité de ce dernier à travers la sécrétion d'endorphines qui calmaient la douleur aussi bien que la morphine.
Ce n'était qu'un début. Trois études, menées au début des années 2000, apportent un nouvel éclairage :
- Le Dr Jon Stoessl, de l'université de Colombie britannique, a été le premier à montrer l'action d'un placebo sur le cerveau grâce à l'imagerie médicale (tomographie par émission de positons, TEP). Cette étude publiée en 2001 et réalisée sur des malades de Parkinson a prouvé, images cérébrales à l'appui, que de l'eau salée peut au même titre que la dopamine pharmaceutique entraîner la sécrétion de dopamine endogène !
- L'année suivante, en 2002, Martin Ingvar, de l'Institut Karolinska (Stockholm) s'est mis en tête de brûler légèrement une zone de peau de volontaires puis a observé, par tomographie aussi, ce qui se passait dans le cerveau de ceux qui avaient reçu un antalgique et dans le cerveau de ceux qui n'avaient reçu qu'un placebo : les zones cérébrales impliquées dans le soulagement de la douleur par les endorphines et les opioïdes se sont "allumées" de la même façon dans les deux cas !
- Enfin, la même année, Helen Mayberg, psychiatre et neurologue à l'université de Toronto, a testé l'effet placebo dans la dépression à travers une étude Prozac contre placebo menée en double aveugle. Là aussi, comme le produit actif et à peu de différences près, le placebo a provoqué une activation de l'activité dans le cortex et une diminution de l'activité dans les régions liées aux émotions…
On peut toujours pérorer autour du mystère de l'effet placebo. Mais retenons l'essentiel : la "preuve physiologique" de son efficacité a été faite et on découvre qu'il peut intervenir à différents degrés dans toutes les maladies. Si bien que toutes ces études menées depuis dix ans laissent penser que l'effet placebo n'est pas un phénomène marginal mais la base de toute bonne médecine. C'est en tout cas plus scientifique que de répéter bêtement que le placebo ne compte que pour 30% des guérisons.
Pas de bonne médecine sans action placebo
Au contraire, les médecins seraient inspirés de revoir leurs connaissances et… leur triste façon de travailler. "Placebo" signifie "je plairai" en latin, sous entendu "je ferai plaisir à mon médecin". On sait que la qualité du soin dépend d'abord de la qualité de la relation patient-médecin. Le pouvoir de guérison du médecin tient plus à son attitude aimable (aimante), à sa force de suggestion et de conviction qu'à l'arsenal pharmaceutique qu'il utilise. Un simple "ce n'est rien ça va aller vous allez voir" peut suffire à mettre le patient sur la voie de la guérison quand un "vous n'êtes pas sorti d'affaires" conduit (par effet nocebo) à d'inévitables complications.
Tout le talent des chamans, sorciers et guérisseurs repose pour une grande part sur la qualité et la force de la relation qu'ils établissent avec leur patient. C'est par la croyance qu'ils soignent, et par leur capacité à transmettre, par le rite, par l'émotion, un message de guérison aux parties les plus "archaïques" du cerveau (reptilien et limbique) de la personne soignée.
Le placebo est un excellent moyen de parvenir au même résultat et Hippocrate lui-même devait s'en servir, lui qui affirmait que le premier rôle du médecin était d'actionner les capacités d'autoguérison du malade.
Notre corps sait sécréter tous les médicaments du monde
D'où vient l'efficacité d'un placebo ? Le Dr Lemoine a son explication et elle mérite que l'on s'y arrête :
"L'organisme peut sécréter tous les médicaments de la création et bien plus. On connaît depuis longtemps les endorphines encéphaliques que le corps sécrète devant la douleur et on sait maintenant que ces mécanismes sont très subtils : si quelqu'un a été conditionné à traiter ses douleurs avec de la morphine, par exemple, il va fabriquer des endorphines sous placebo mais s'il a été conditionné à répondre à des médicaments du type aspirine ou doliprane, les endorphines n'agissent pas et ce sont d'autres types d'antalgiques, des endo-antalgiques qui sont activés. Tout dépend du conditionnement. Cette capacité extraordinaire de l'organisme a également été montrée dans le Parkinson et dans la dépression."
"A partir de ces trois exemples, très documentés, je suis convaincu que notre cerveau est un fantastique laboratoire pharmaceutique capable de lancer la fabrication de tous les médicaments dont a besoin le corps : antidouleur, antifièvre, antibiotiques, cicatrisants, anti-inflammatoire, antistress, somnifères, antidépresseurs, tranquillisants, anticholestérol, antifatigue, antihypertension, anticancéreux… La liste est sans doute infinie. J'extrapole, mais trop peu de gens s'intéressent à la pharmacologie du placebo qui pourtant est un domaine majeur de la médecine. On dit toujours que l'effet placebo compte pour un tiers, au moins, du toutim thérapeutique mais si on se donnait la peine on trouverait des endo-hypnotiques, des endo-antihistaminiques, des endos ceci cela.
On connaît un peu les endo-antimitotiques. Mais nous avons beaucoup à découvrir encore."
"Le placebo n'est rien d'autre que l'activation de la pharmacie intime."
Pour le Dr Lemoine, les "miracles" ne s'expliquent pas autrement, la force de la foi pouvant déclencher un puissant effet placebo, y compris une action antimitotique dans les cas de cancers. Notre corps a la capacité de produire des endo-antimitotiques (l'interféron, avec le soutien des lymphocytes T et d'autres substances) et cette défense ("efficace puisque tous les jours se développe en nous un début de cancer") explique probablement les rémissions spectaculaires.
Sans aller jusque-là, sa méthode pour le sevrage médicamenteux est une excellente façon, aussi rapide qu'élégante, d'expérimenter le pouvoir du placebo.
Utiliser un placebo pour se sevrer d'un somnifère :
le mode d'emploi
Cette méthode ne s'applique pas uniquement aux somnifères, elle s'applique aussi aux antidépresseurs. C'est dans ces deux domaines qu'elle est le plus efficace. Mais si vous vous sentez dépendant d'un médicament quel qu'il soit, vous pouvez l'appliquer à l'identique.
Vous êtes sous tranquillisants mais toujours anxieux ? Sous hypnotique mais insomniaque ? Ou las et déprimé malgré cet antidépresseur que vous prenez depuis un an ? Vous êtes à bout, vous voulez essayer autre chose mais vous ne savez pas comment lâcher ces drogues et on ne veut pas vous aider pour un sevrage ? Dites à votre médecin que penser que l'on ne soigne qu'avec des médicaments n'est qu'une croyance parmi d'autres et que son blocage est "psychologique", et allez en voir un autre, plus subtil.
Une fois bien épaulé et une fois que le processus de sevrage est engagé (vous n'avez plus qu' ¼ de comprimé et le plus dur reste à faire…), vous allez fabriquer vous-même le placebo que vous allez utiliser. C'est le meilleur moyen de supprimer le facteur psychologique ("j'ai peur de ressentir un manque", "je vais me taper une nuit blanche").
Prenons l'exemple d'un somnifère :
- Achetez chez le pharmacien 30 gélules vides (préparation magistrale).
- Une fois à la maison, ouvrez les et remplissez les de sucre en poudre (ou de ce que vous voulez) en glissant à l'intérieur de 25 d'entre elles le ¼ de comprimé avant de les refermer.
- Mélangez les 25 gélules actives et les 5 gélules de placebo pur.
- Il suffit ensuite d'avaler chaque soir une gélule pendant un mois.
Le 2ème mois, préparez le mélange de la même manière mais avec 20 gélules actives et 10 de placebo,
le 3ème mois, avec 15 gélules actives et 15 de placebo,
et ainsi de suite jusqu'au jour où vous n'aurez plus qu'à avaler des gélules de placebo.
Le truc fonctionne presque toujours. Certains (celles et ceux qui ont pris un somnifère pendant des années) peuvent être confrontés à un blocage à la fin. C'est que l'idée de ne prendre qu'un placebo terrorise. Dans ce cas, laissez ¼ de comprimé parmi 30 gélules placebo. Chaque soir vous vous direz que vous aurez peut-être la chance de tomber sur ce comprimé actif… et vous dormirez comme un bébé.
Version amusante pour couple complice
Il existe une deuxième méthode, plus amusante et plus intéressante. Pour cela il faut former un couple qui tienne la route, en tout cas avoir un complice qui soit respectueux et pas moqueur, ce qui ficherait tout par terre.
Là aussi l'intéressé(e) confectionne ses 25 gélules actives et ses 5 gélules placebo mais SANS LES MÉLANGER. Il fait donc deux tas de gélules, les met dans deux flacons à part que son complice va cacher dans une armoire. Puis il confectionne 30 petits papiers : sur 25 il marque S comme Stilnox (par exemple), sur 10 il marque P comme Placebo. Il mélange ensuite ces petits papiers et les met dans un chapeau.
Chaque soir le conjoint ou complice va alors tirer au sort P ou S, prélever la gélule qui correspond, la placer sans un mot sur la table de nuit sans oublier de noter ce qu'il a donné.
Le lendemain matin, l'intéressé fait son pari : s'il a bien dormi, il va parier en général qu'il a eu l'hypnotique, s'il a mal dormi le placebo. Il le note et au bout d'un mois les deux vont ensemble chez le médecin pour comparer les deux listes. Evidemment ça ne correspond jamais.
Pourquoi le placebo est-il aussi efficace que le somnifère ?
Le Dr Lemoine le confirme : avec cette méthode, les gens passent systématiquement d'excellentes nuits sous placebo et de très mauvaises nuits sous produit actif. Et c'est bien en prenant conscience de ce désaccord entre réalité et effet supposé que l'on se rend compte que le réflexe médicament ressemble à celui de la cigarette : on y recourt souvent plus pour le geste (qui rassure) que pour le principe actif.
Cette méthode permet de dissocier l'insomnie du médicament et de la rattacher à des événements de vie (contravention, tracas avec son employeur, problème avec les enfants..). C'est donc non seulement amusant mais rapide, efficace et très éducatif.
Le placebo active la production d'endo-hypnotiques ou d'endozépines (des benzodiazépines naturelles que les chercheurs ont détecté dans le plasma), du gaba (le meilleur remède endogène contre l'anxiété et les troubles du sommeil) ou peut-être encore une anti-hypocrétine qui bloque l'hypocrétine dans le thalamus, une substance dont on a récemment découvert qu'elle maintient l'éveil, ou ses récepteurs. Une hypothèse que le Dr Lemoine qualifie de "très smart" : "Cela confirmerait que notre organisme sait faire depuis toujours ce que nous découvrons à peine à travers la nouvelle génération d'hypnotiques à base d'anti-hypocrétine qui, depuis les Etats-Unis, s'apprête à déferler en France".
Bien d'autres substances, dont on ne soupçonne même pas l'intérêt, peuvent expliquer cet effet. Bien des processus aussi, et pas seulement cérébraux… David Servan-Schreiber a expliqué, sur la base des travaux du Pr Candace Pert, que le corps tout entier est capable d'engager la production de remèdes endogènes. Le Pr Pert a montré que les peptides (qui assurent la transmission de messages entre les neurones) affectent aussi le comportement de la quasi-totalité des cellules du corps, qu'elles soient immunitaires, digestives, vasculaires… Ce que l'on appelle l'esprit serait localisé non pas dans le cerveau mais partout dans le corps.
Même sans chaman, même sans guérisseur, chacun peut profiter de ce remède subjectif qu'est le placebo.
Seule importe la magie relationnelle que le thérapeute entretient avec vous ou que l'on entretient soi-même avec un produit. A condition de ne pas s'intoxiquer et de ne pas se laisser abuser par le premier charlatan venu.
D'où l'importance de trouver un thérapeute dont la personnalité, les mots et le comportement réconfortent.
Finalement, on peut se soigner avec tout et n'importe quoi : si votre esprit croit dur comme fer que ça va marcher, ça peut très bien marcher, le Dr Lemoine nous le montre. Et si comme moi vous donnez foi à ses affirmations, il y a fort à parier que votre pharmacie intime a déjà produit une petite dose d'endo-euphorisants…
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