Le charme secret de notre graisse (Pr Liesbeth von Rossum et du Dr Mariëtte Boon, éd. Actes Sud)

Rappelez-vous, le 12 septembre 2016, une étude parue dans la revue médicale Jama révélait qu’en 1964, le lobby du sucre, à savoir la Fondation pour la recherche sur le sucre (SRF) a payé des scientifiques de Havard afin qu’ils affirment que c’est le gras – et non le sucre – qui augmente sensiblement les risques de maladies cardio-vasculaires. Et voilà comment les politiques sanitaires américaines ont été influencées, voilà qui explique pourquoi, encore aujourd’hui, on considère le gras comme délétère pour la santé.

Sauf que la graisse, ce n’est pas ce que l’on croit. Passons sur les représentations culturelles de la graisse qui, de Rubens à nos jours se sont sensiblement dégradées, il n’est qu’à voir que, depuis une dizaine d’années, les scientifiques considèrent la graisse corporelle comme un organe à part entière. Personne ne pourrait survivre sans graisse. Et, à ce titre, le témoignage de Natalie, victime d’une anomalie rare, la lipodystrophie ­ – des cellules graisseuses sont présentes, mais la graisse sous-cutanée ne se stocke pas ­ – est marquant. Plus qu’une tentative de réhabilitation de la graisse corporelle, les auteurs nous dévoilent avec soin et pédagogie le rôle indispensable et méconnu du grand public de la graisse dans notre état de santé.

Pourvoyeuse de l’énergie indispensable à notre quotidien (bien plus que le sucre), elle est également une véritable usine de fabrication d’hormones comme la leptine (hormone de satiété), et quelque 600 autres hormones lipidiques. Surtout, en décryptant le mécanisme de la graisse corporelle, de la satiété ou de la faim, les auteures portent un éclairage nouveau sur l’obésité et les maladies liées à la graisse.