Infections, le traitement de la dernière chance, du Dr Marie-Céline Ray (éd. Thierry Souccar)

L’antibiorésistance est devenue une menace de santé publique majeure. Car si l’antibiothérapie fut d’une remarquable efficacité, son utilisation massive et irraisonnée en santé humaine nous condamne. Et que dire de la santé animale ! Le recours aux antibiotiques dans les élevages est énorme. Or, confrontées en permanence à ces médicaments, les bactéries développent des stratégies de défense les rendant résistantes à notre pharmacopée. Elles produisent une enzyme spécifique qui détruit ou modifie l’antibiotique, elles changent sa cible ou elles imperméabilisent sa membrane. Selon les instances sanitaires, certaines entérobactéries responsables de maladies nosocomiales représentent à présent une urgence critique, tandis que les staphylocoques dorés ou une bactérie comme Helicobacter pylori constituent une urgence élevée.

Devant un tel tableau, l’utilisation des phages ne peut être que davantage plébiscitée. Se servir de virus (les bactériophages, donc) raffolant des bactéries, pourquoi refuser ? D’autant que c’est en France que l’on a inventé cette technique au début du siècle, et qu’elle n’a eu de cesse de se développer dans les pays d’Europe orientale. Et l’auteure de dresser la liste des affections pour lesquelles les phages sont redoutables : maladies nosocomiales, infections respiratoires (notamment liées à la mucoviscidose), de la peau (grands brûlés, personnes atteintes d’acné), urinaires, des os ou articulaires. Encore une fois, les phages sont une réelle alternative à l’impasse où mène l’antibiothérapie.