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Les grands antibiotiques de la phyto

Article paru dans le journal nº 18

La phytothérapie (y compris l'aromathérapie) fournit depuis toujours des remèdes contre les infections de toutes sortes. En phytothérapie, la plupart de ses remèdes se trouvent dans des aliments proches de nous mais dont il faudrait consommer de grandes quantités pour obtenir un effet certain. Les extraits de ces plantes sont donc plus efficaces. En aromathérapie, nous avons à notre disposition de petites bombes biochimiques qui, elles, fonctionnent avec une rapidité comparable à celle des antbiotiques.

L’ail

Outre son pouvoir anti-âge que l’on attribue à sa richesse en antioxydants, l’ail cru, cuit, entier ou en extrait, est également utilisé depuis des temps immémoriaux au cours des bronchites.
Certains auteurs considèrent l’allicine (la substance que l’ail secrète quand il est agressé) comme un antibiotique à large spectre qui serait même efficace contre l’Helicobacter pylori, une bactérie souvent présente dans l’estomac en cas d’ulcère ou de gastrite, ce qui expliquerait la diminution d’environ 50 % de cancer de l’estomac chez les consommateurs réguliers d’ail à raison d’environ 6 g/j.

Quant à son utilisation en cas de bronchite, il existe autant de recettes que de cultures ! Retenons le lait d’ail qui consiste à broyer 8 à 20 grammes d’ail dans un litre de lait que l’on porte à ébullition et que l’on doit boire dans la journée qui suit. Afin de réduire l’impact sur l’haleine, il est alors conseillé de mâcher du persil, des graines de cardamome ou des grains de café !

Le brocoli

Deux de ses composants soufrés, le sulforaphane et la cystéine, en font une arme naturelle contre certains types d’infections. Le sulforaphane inhibe la prolifération, voire détruit l’Helicobacter pylori, que cette bactérie soit dans ou à l’extérieur des cellules qui constituent la muqueuse. Comme le sulforaphane n’est présent en grande quantité que dans les pousses de trois jours de brocoli, il faudrait manger quotidiennement des quantités énormes de ce légume pour espérer un quelconque effet sur cette bactérie particulièrement résistante. Le recours à la complémentation nutritionnelle est donc inévitable. Le sulforaphane peut être utilisé seul mais aussi en association avec les antibiotiques allopathiques, auquel cas il en augmentera l’efficacité.

La posologie la plus efficace n’est pas encore connue, les doses les plus pratiquées avoisinent 10 à 20 mg par jour, soit 2 à 4 gélules de brocoli contenant 2 % de sulforaphane.
Une autre méthode consiste à cultiver des graines de brocoli et à les consommer lorsqu’elles ont trois jours (dose recommandée : 75 g par jour).

La canneberge

Outre leurs vertus antioxydantes, les OPC (oligomères proanthocyanidiques) spécifiques de cette baie présentent la particularité d’adhérer à certaines muqueuses (buccale, stomacale, vésicale en particulier), aux endroits même où certaines bactéries s’accrochent afin de s’y multiplier. Ne pouvant se fixer, celles-ci sont éliminées par les différents flux. Aujourd’hui, si son indication au cours des cystites récidivantes dues au colibacille (Escherichia coli) est reconnue par l’AFSSA, le jus de canneberge mérite d’être utilisé dans d’autres indications telles que la plaque dentaire et l’ulcère gastroduodénal dû à Helicobacter pylori.

L’échinacée pourpre (Echinacea purpurea)

Ses racines contiennent à la fois des polysaccharides, stimulateurs de l’immunité, et de l’échinacoside, un dérivé caféique aux propriétés antiseptiques et anti-inflammatoires. Elles activent le pouvoir cytotoxique des macrophages.
Si actuellement son utilisation concerne de préférence l’arbre respiratoire, les Amérindiens s’en servaient également au cours des infections urinaires.

Bien que plus de 350 études au cours des cinquante dernières années aient démontré l’intérêt de cette plante dans la prévention et le traitement des affections respiratoires, les résultats négatifs de trois travaux récents ont semé le doute dans la communauté scientifique. La raison de ces mauvais résultats pourrait être une teneur médiocre en principes actifs des préparations utilisées car une nouvelle étude réalisée à partir d’un extrait dont la composition avait été préalablement vérifiée a démontré que l’effet de l’échinacée était significatif comparé à un placebo.

Les pépins de pamplemousse

Bien que leur usage en tant qu’antibiotique naturel remonte aux années suivant la Seconde Guerre mondiale et que leur activité ait été démontrée sur plus de 800 bactéries et virus et plus de 100 champignons, leur mode d’action n’a pas encore été découvert. Indiqués aussi bien en usage interne qu’externe (sous forme diluée), ils ne peuvent cependant pas être utilisés chez les personnes allergiques aux agrumes. On conseille en général 15 gouttes trois fois par jour dans un verre d’eau avant ou pendant les repas jusqu’à guérison.
Consultez cet autre article consacré au pépin de pamplemousse ici.

La propolis

Cette substance – qui doit son nom aux Grecs qui avaient remarqué que les abeilles s’en servaient pour protéger l’entrée de leur colonie – est un complexe d’antimicrobiens, d’antiviraux et d’antifungiques au nombre desquels de nombreux flavonoïdes (chrysine, galangine, pinocembrine), des huiles essentielles (anéthol, guiaol, eugénol, pinène…), des vitamines et des oligo-éléments (cuivre, fer et zinc en particulier).

Le mode d’action de la propolis est encore loin d’être complètement élucidé. Toutefois, il est établi que la propolis inhibe le processus qui permet aux bactéries de se multiplier. D’autre part, ses flavonoïdes améliorent les performances des macrophages (globules blancs spécialisés dans la neutralisation et l’élimination des bactéries et des virus). Parmi les souches sensibles à la propolis, on trouve les bactéries à l’origine des caries dentaires, le Candida albicans, les virus de la grippe A2 et de l’herpès. La posologie la plus efficace n’est pas connue, cependant il est habituel de recommander une cure de 20 g à raison de 3 g par jour, quelle que soit la forme buccale (pâte à mâcher, poudre, tablettes). La seule contre-indication est l’allergie aux produits de la ruche.

Consultez cet autre article consacré à la propolis ici

Les huiles essentielles les plus prometteuses contre les infections

L’efficacité des huiles essentielles procède de plusieurs phénomènes opérant en synergie. En infectiologie, au moins trois modes d’action sont mis en jeu. En premier, elles ont une action antibactérienne directe en rapport avec la présence de certaines molécules dans leurs compositions, soit tout d’abord les phénols (carvacrol, eugénol, thymol), puis les monoterpénols (géraniol, linalol, menthol, terpinéol…), et enfin les aldéhydes (cuminal, géranial, néral…).

Deuxièmement, elles stimulent le système immunitaire. Troisièmement, elles ont une action anti-inflammatoire. À ces actions, s’ajoutent pour certaines HE une action antifungique ou/et antivirale.

Cependant, malgré une activité sur de multiples souches bactériennes, aucune HE n’est active sur toutes. Ainsi, les HE à thymol sont actives sur le colibacille, le staphylocoque doré mais pas sur le bacille pyocyanique.

Consultez cet autre article consacré aux propriétés du thym

De même pour les champignons et les virus. Les HE contenant du carvacrol ou de l’eugénol sont les plus efficaces sur le Candida albicans et celles riches en monoterpénols sur de nombreux virus.

De l’empirisme à la précision :
le passage par l’aromatogramme

La prescription peut être affinée grâce à un aromatogramme (la technique remonte à 1973 et fut mise au point par les Drs J. Valnet et M. Girault), une façon aisée de visualiser en laboratoire le pouvoir antibactérien des HE. Cet examen est l’équivalent de l’antibiogramme pour les antibiotiques allopathiques. Certes, il arrive parfois que ce pouvoir se révèle moindre in vivo (chez l’être humain), mais c’est du moins un excellent outil pour écarter d’emblée les produits inefficaces.

Grâce à cette pratique qui personnalise la prescription, l’intérêt des HE en infectiologie a été largement démontré, non seulement face à de nombreuses bactéries, mais aussi face à de nombreux champignons et virus. Mieux encore, certaines HE se sont révélées supérieures aux antibiotiques vis-à-vis de certains germes particulièrement résistants comme le staphylocoque doré ou le pyocyanique, responsables de la plupart des décès par infections nosocomiales.

De plus, à la différence de ce qui arrive de plus en plus souvent avec les antibiotiques allopathiques, la survenue de résistance aux HE est notoirement plus faible, sans doute du fait de la multiplicité de leurs modes d’action.

Quelques applications spécifiques
des huiles essentielles

  • Le colibacille : les HE d’origan (Origanum compactum) et de thym à thymol (Thymus vulgaris thymoliferum CT6).
  • Le staphylocoque doré : les HE de tea tree (Melaleuca alternifolia) et d’eucalyptus (Eucalyptus globulus).
  • Le Candida albicans : les HE de thym à carvacrol (Thymus vulgaris carvacroliferum CT 7), d’origan d’Espagne (Corydothymus capitatus), de sarriette des montagnes (Satureja montana), de giroflier (Eugenia caryophyllus) et cannelle de Ceylan (Cinnamomum verum ou C. zeylanicum).
  • Les infections virales courantes : les HE de tea tree (Melaleuca alternifolia), d’eucalyptus radié (Eucalyptus radiata spp. radiata), de géranium bourbon (Pelargonium x asperum), d’hysope (Hyssopus officinalis var. decumbens), de lavandin (Lavandula hybrida abrialis, grosso ou reydovan), de menthe poivrée (Mentha x piperita var. franco mitcham), de palmarosa (Cymbopogon martinii var. motia), de ravintsara (Cinnamonum camphora CT cinéole).

 

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