Nihel Amarni
Depuis le début de la campagne de vaccination contre la Covid-19, un nombre conséquent de personnes ont rapporté des troubles dans leurs cycles : règles abondantes, menstruation plus longue, cycle totalement bouleversé… Si les témoignages ont rapidement afflué, chez les proches comme dans les médias, ils ont dans un premier temps suscité la circonspection ou le doute, y compris chez les médecins traitants et les gynécologues, vers lesquels se tournaient les femmes concernées. Cette absence de reconnaissance a conduit à la création de collectifs comme « Où est mon cycle? », rassemblant les témoignages, et interpellant les pouvoirs publics.
Jusqu’au 15 juillet dernier, un lien causal entre les vaccins anti-Covid et ces troubles n’était pas encore admis, malgré l’identification d’un « signal » par les autorités françaises en charge de la pharmacovigilance. En effet, l’ANSM (Agence française du médicament), en décembre 2021, ne parlait que d’une « éventuelle corrélation », les troubles du cycle menstruel étant notoirement multifactoriels.
[lireaussi:8088]
Aujourd’hui, grâce à une étude statistique américaine d’ampleur menée auprès de 40 000 personnes (sur la base de leurs déclarations), dont les résultats ont été publiés dans Science Advances, il n’existe plus guère de doute : 42 % des participantes ayant généralement des cycles menstruels réguliers déclarent des saignements plus abondants après la vaccination contre la Covid-19. En outre, 71 % des personnes sous contraceptifs réversibles à action prolongée (pilules), 39 % des personnes sous hormones d’affirmation du genre et 66 % des femmes ménopausées ont également signalé des saignements anormaux.
À la suite de cette étude, l’ANSM a appelé ce 19 juillet les personnes concernées par des troubles menstruels apparus après la vaccination contre la Covid-19 à les rapporter sur le portail du ministère chargé de la Santé. On peut déplorer que ces effets indésirables aient été la mis en lumière par une initiative non étatiques plutôt que par les dispositifs publics de pharmaco-épidémiologie mis en place et dont on vante tant l’efficacité.
Références :