Jean-Pierre Giess
Depuis des années, la maladie d’Alzheimer cristallise les recherches autour d’un éventuel dysfonctionnement des neurones. Sur ce registre, les plaques amyloïdes et la protéine Tau, qui contrarient toutes deux le fonctionnement normal des cellules nerveuses, font actuellement consensus. Cependant, d’autres pistes restent à l’étude, comme une anomalie des métabolismes lipidique et glucidique, ou encore l’hypothèse auto-immune.
Mais que viennent faire les champs électromagnétiques là-dedans ? Le lien proposé avec la maladie d’Alzheimer résiderait dans le calcium. Cet élément chimique joue en effet un rôle crucial dans la transmission neuronale : lorsqu’une différence de potentiel (un micro-courant) parcourt un neurone jusqu’à sa terminaison, elle y déclenche une « entrée » de calcium extracellulaire vers l’intérieur de la cellule. Ce courant calcium autorise alors la libération du neurotransmetteur qui prolongera le signal vers le neurone suivant.
D’après le professeur Pall, auteur de l’étude en référence, l’exposition aux champs électromagnétiques serait à l’origine de modifications entraînant un excès de calcium intracellulaire. Cette accumulation pourrait expliquer les effets sur le cerveau observés dans le cadre de la maladie d’Alzheimer et d’autres formes de démence apparentées.
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On attribue volontiers Alzheimer au vieillissement des populations, mais on constate que la maladie se manifeste aussi, depuis quelques années, chez des jeunes personnes, à des âges (entre 30 et 40 ans) jamais constatés auparavant.
Or, nous connaissons une véritable saturation de nos atmosphères, intérieure comme extérieure, par les ondes électromagnétiques qui, pour être invisibles, ne sont pas pour autant dépourvues d’un certain nombre d’effets sur la santé.
L’un d’eux serait donc la perturbation du canal calcique : les ondes électromagnétiques interféreraient avec les micros-courants qui gèrent les entrées et sorties des ions calcium, provoquant leur accumulation anormale à l’intérieur de la cellule nerveuse.
Le professeur Pall se réfère à une synthèse de la littérature scientifique qui tend à démontrer le lien entre ondes électromagnétiques et Alzheimer. Il constate que l’association est particulièrement marquée dans le cadre de l’exposition professionnelle aux ondes électromagnétiques, où l’incidence de la maladie est significativement plus forte qu’en population générale.
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L’auteur ne se prive pas de faire le parallèle entre l’évolution des formes de démence, dont Alzheimer, et celle des technologies recourant aux ondes électromagnétiques pulsées, en particulier la téléphonie mobile et le Wifi. Ces équipements sont, selon lui, déclarés inoffensifs pour le public sur la base d’artifices dans les études d’innocuité. Celles-ci se focalisent en effet fréquemment sur la protection contre l’échauffement (via le DAS, débit d’absorption spécifique), sans prendre en compte la perturbation des canaux calciques des neurones.
Le « besoin » de transporter toujours plus d’informations via les ondes (par exemple pour l’Internet des objets) conduit les opérateurs à en augmenter la puissance et les fréquences, soumettant les populations à « un risque sans précédent ». De nombreux utilisateurs de smartphones ne l’éteignent plus ni ne s’en séparent, même pour dormir. Quant au Wifi, rares sont les possesseurs qui le désactivent, au moins la nuit. Sans parler des compteurs communicants (ex : Linky)... Si bien que l’exposition 24 heures sur 24 à l’une ou l’autre forme d’ondes électromagnétiques n’est plus exceptionnelle. Un « bain » qui pourrait, à l’avenir, se payer de plus en plus tôt dans la vie…