Laëtitia Kermarrec
C’est à présent connu que nous sommes en permanence exposés à des particules ultrafines de plastique – micro- et nanoparticules –, présentes dans l’air, dans l’eau ou la nourriture. Une fois respirées ou ingérées, ces particules passent dans notre sang et peuvent venir s’accumuler dans les tissus humains. Le fond mondial pour la nature (WWF) a estimé que l’être humain absorberait en moyenne 2 000 particules de microplastiques par semaine, soit l’équivalent de 5 g (1). Cent fois plus qu’il y a soixante-dix ans.
Dès lors, plusieurs effets toxiques à long terme pour la santé ont été mis en évidence, tels des cancers, des diabètes, des troubles du développement neurologique ou encore des problèmes respiratoires et cardio-vasculaires.
Mais c’est la première fois qu’une étude a détecté la présence de ces particules de plastique au sein de plaques d’athérome (2).
Les plaques d’athérome sont des dépôts, composés surtout de lipides, se développant avec l’âge sur la paroi interne des artères. Elles toucheraient la quasi-totalité des adultes, a fortiori ceux ayant une moins bonne hygiène de vie (tabagisme, sédentarité, alimentation déséquilibrée…) ou un facteur de risque cardio-vasculaire.
Des cellules inflammatoires et sanguines viennent éventuellement s’associer à ces plaques lipidiques. Ce qui modifie peu à peu l’aspect et la nature des parois internes des vaisseaux, qui peuvent alors se scléroser. Épaissis et fragilisés, ils risquent à terme de se boucher ou de se rompre avec des conséquences dramatiques pour le patient (accident vasculaire cérébral, infarctus du myocarde…).
Les particules ultrafines de plastique pourraient avoir un effet délétère sur notre cerveau et, en conséquence, sur notre comportement. C’est ce que suppose une étude conduite sur des souris, qui a révélé qu’une exposition à court terme (trois semaines) aux microplastiques induisait une inflammation des cellules cérébrales et en perturbait le fonctionnement. Cela était associé à une modification du comportement : suractivité et mise en danger plus grande. Des perturbations immunitaires étaient aussi observées dans le foie. Résultats qu’il faudra confirmer chez l’humain dans le futur.
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On sait à présent que des particules ultrafines de plastiques peuvent de surcroît venir s’agglutiner aux plaques d’athérome et aggraver l’état des patients. Les chercheurs ont montré que sur 257 patients atteints de sténose carotide – une plaque d’athérome au niveau de l’artère du cou –, plus de la moitié y présentait un type de plastique. Ce qui démontre une large exposition humaine à ces particules.
De plus, après trente-quatre mois de suivi, les patients chez qui la présence de plastique avait été détectée montraient un risque plus élevé d’infarctus du myocarde, d’accident vasculaire cérébral et de décès, quelle qu’en soit la cause, par rapport aux patients avec une sténose "sans plastique ". Ce qui prouve la dangerosité de la présence du matériau dans les plaques.
D’évidence, il est essentiel de limiter notre exposition au plastique. On peut commencer en aérant son logement au quotidien et en évitant l’utilisation de récipients en plastique.
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