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Riverains victimes des pesticides : des avocats se mobilisent

Jean-Baptiste Talmont

En avril dernier, Corinne Lepage, avocate, ex-ministre de l’Environnement et ancienne eurodéputée, a lancé une action collective en justice pour les riverains victimes de pesticides. Elle concerne les personnes atteintes de cancer, lymphome, maladie de Parkinson, et des enfants souffrant de malformations (atrésie de l’œsophage, fentes labio-palatines, etc.) vivant à moins de 150 mètres de champs cultivés. Et elle vise surtout à pallier une profonde inégalité de traitement. Car si les agriculteurs peuvent être indemnisés en cas de maladies liées à l’utilisation de pesticides (on n’a pas dit que c’était facile), pour les victimes exposées aux pesticides hors du cadre professionnel, et plus particulièrement pour les riverains de champs cultivés, absolument rien n’est prévu. Et pourtant la situation est urgente…

En 2016, nous nous étions fait l’écho de la carte interactive (1) que publiait l’ONG Générations futures et qui recensait près de 400 témoignages de personnes victimes de pesticides. Sur France Inter, Noël Mamère, alors maire EELV de Bègles, s’indignait que 130 écoles situées à 50 mètres des vignes exposaient des milliers d’enfants aux épandages de pesticides. Comme il le rappelait, la Gironde est le département qui utilise le plus de pesticides, la viticulture en employant 95 % au détriment des rares viticulteurs en biodynamie. Et les statistiques de l’Inserm corroboraient ce triste constat en affirmant que les cancers du cerveau sont 3,5 fois plus élevés en Gironde que dans la moyenne nationale.

Le 15 mai 2024, lors d’une conférence de presse, Corinne Lepage précisait : " L’initiative […] n’est pas dirigée contre les agriculteurs. Elle est destinée à permettre à des gens qui se trouvent dans des situations comparables à celles des agriculteurs souffrant des mêmes maladies de pouvoir être indemnisés."

Une précision certainement importante à apporter pour ne pas froisser le principal syndicat des agriculteurs (FNSEA) qui a obtenu que l’indicateur des mesures des usages de pesticides change (passant du Nodu ou HRI1) mais aussi et surtout pour rappeler que cette action a pour objectif "de demander réparation à l’État pour les victimes non professionnelles des pesticides, en exerçant un recours indemnitaire" et aussi " de montrer au gouvernement le nombre de personnes concernées et l’étendue des conséquences de son inaction".

Si vous ou l’un de vos proches êtes concerné, rendez-vous sur la plate-forme d’Agir collectivement (2).

 

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