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Un antiparkinsonien olé olé

Malgré de nombreux procès, le laboratoire britannique GSK s’obstine à minimiser les terribles effets secondaires de son médicament contre Parkinson, tels une addiction aux jeux et une libido totalement débridée.

Jean-Baptiste Talmont

Cette information du Canard enchaîné est presque passée inaperçue. Pourtant, elle vaut son pesant de cacahuètes. L’un des plus gros laboratoires pharmaceutiques du monde, le britannique GSK – anciennement GlaxoSmithKline –, se serait rendu coupable de minimiser les effets secondaires d’une de ses pilules, le Requip, prescrite contre la maladie de Parkinson. Et l’hebdomadaire de citer le cas significatif d’une victime, Stéphane P.

Hors de contrôle

Ce cadre sup’ d’un groupe d’assurances n’a même pas la cinquantaine quand les médecins lui annoncent en 2018 la terrible nouvelle : il est atteint de la maladie de Parkinson. À 48 ans donc, il se voit prescrire par son neurologue le fameux Requip pour atténuer ses spasmes. Et là, c’est la débandade. Enfin… ce serait plutôt l’inverse, car voilà que Stéphane P. perd le contrôle et se mute en véritable obsédé sexuel couplé d’un joueur compulsif. Ébaubi, il ne comprend pas ce qui lui arrive, mais ne peut s’empêcher de se ruiner en paris sportifs et de consulter compulsivement des sites pornographiques. La suite est cousue de fil blanc. En deux ans, ni ses économies ni son mariage n’ont résisté au feu qui le consumait. C’est en pleine dépression, en 2020, qu’un neurologue établit le lien entre son désastre financier et conjugal et les effets indésirables du Requip. Car ce médicament, commercialisé depuis 1997, a pour principe thérapeutique de stimuler la production de dopamine. Certes, ça permet d’atténuer les tremblements, mais noyé dans cette mousson d’hormone du plaisir, le cerveau ne contrôle plus les pulsions. Pour Stéphane P., le neurologue en est certain, il n’aurait suffi que d’ajuster la dose.

Une notice pas très claire

En novembre 2020, Stéphane P. demande à GSK de prêter une attention particulière à avertir les consommateurs des effets secondaires du Requip. Sur la notice, la mention plutôt obscure de " Modification ou augmentation de l’intérêt pour le sexe " ne figure qu’à la 23e place. En réponse, le laboratoire a proposé à Stéphane P. une enveloppe de 50 000 euros. Proposition de " muselage " refusée par l’intéressé qui saisit la justice en 2024 pour contraindre le laboratoire à être plus clair sur les troubles et accompagner les malades et leurs familles au cas où ils apparaîtraient.

Car le cas de Stéphane P. est loin d’être unique et le nombre de malades (270 000 déjà touchés en France et plus de 350 000 attendus vers 2030) assez conséquent pour s’inquiéter.

Des cas nombreux

En 2015, le centre hospitalier régional universitaire de Lille avait déjà chiffré à plus de 15 % la proportion de patients ne pouvant plus contrôler leur libido en avalant le Requip. Trois ans plus tard, en 2018, c’est au tour de l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière de donner ses chiffres, concluant que près de la moitié des malades étaient concernés.

Certains ont déposé plainte contre le labo. Tel ce Nantais de 51 ans, devenu incapable de se contrôler dès lors qu’il a commencé son traitement – selon le Canard, il se serait subitement pris de passion pour le sadomasochisme et l’exhibition sur la Toile. En 2011, il a attaqué GSK en justice et gagné en appel à être indemnisé à hauteur de 207  000 euros. Et en 2009, des patients canadiens ont lancé une action collective contre GSK, qui a débouché sur un accord à l’amiable.

GSK persiste pourtant en affirmant que la fréquence des effets indésirables du Requip est indéterminée. Si indéterminée que, d’après Le Canard enchaîné, le labo a étudié dès 2006 et en collaboration avec le St Luke’s-Roosevelt Hospital Center à New York la possibilité de prescrire du Requip pour… soigner la dysfonction sexuelle en cas de traitement pour la dépression.

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