Carole Wolfermann
Prescrire frappe fort cette année encore avec sa liste noire des médicaments (pour l’hypertension, les douleurs chroniques, les infections, etc.) dont les risques dépassent les bénéfices. Quelques exemples…
Utilisé contre l’hypertension, l’olmésartan (Olmetec) ne surpasse pas ses concurrents en efficacité, mais en termes de risques, il décroche la palme : entéropathies graves, hépatites auto-immunes, et même un potentiel lien avec une surmortalité cardio-vasculaire.
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Longtemps présentés comme une avancée pour le traitement du diabète de type 2, les gliptines – Onglyza, Januvia, Galvus… – déçoivent sur toute la ligne. Leur efficacité est modeste, mais leur liste d’effets indésirables est désastreuse : syndrome de Stevens-Johnson, infections respiratoires et urinaires, pancréatites et même occlusions intestinales.
Le diclofénac (Voltarène) et son dérivé, l’acéclofénac (Cartrex), utilisés contre les douleurs inflammatoires, sont de véritables bombes à retardement pour votre cœur (risques d'infarctus du myocarde, d'insuffisance cardiaque et mortalité cardiaque accrue). Ces anti-inflammatoires non stéroïdiens n’offrent aucun avantage en termes d’efficacité par rapport à d’autres AINS moins risqués.
Toujours utilisés pour les troubles digestifs, les argiles blanches comme la diosmectite (Smecta) et le kaolin (Gastropax) sont dangereuses pour la revue Prescrire. Leur contamination fréquente par le plomb les rend toxiques pour le système nerveux, les reins et le cœur. Et en prime, elles ne traiteraient ni la déshydratation ni les causes réelles des symptômes. Sur le sujet de l'ingestion de l'argile en général, un classique des approches naturelles, nous avions fait le point sur le sujet lorsque les premières alertes avaient été formulées par la revue (voir ci-dessous).
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Deux traitements occupent une place de choix dans le palmarès de Prescrire. Le tacrolimus dermique (Protopic), un immunosuppresseur utilisé dans l’eczéma atopique, expose à des risques accablants : cancers cutanés et lymphomes, effets indésirables disproportionnés au regard d’une efficacité peu différente de celle d’un dermocorticoïde d’activité forte. Ensuite, la prométhazine injectable (Phénergan), un antihistaminique H1 employé contre l’urticaire sévère, multiplie les dangers : thromboses, nécroses cutanées, gangrènes. Là encore, une alternative plus sûre existe : la dexchlorphéniramine injectable (Polaramine).
Du côté des antidépresseurs, le citalopram (Seropram) et l’escitalopram (Seroplex) sont loin d’être inoffensifs. Leur effet indésirable majeur, l’allongement de l’intervalle QT (c'est à dire le délai entre deux événements sur l’électrocardiogramme), peut entraîner des troubles du rythme cardiaque.
Dans la famille des fluoroquinolones, la moxifloxacine (Izilox) se distingue par ses effets indésirables alarmants : hépatites fulminantes, syndromes de Lyell et troubles cardiaques graves. Et tout cela sans offrir une efficacité supérieure à celle de ses cousines telles que la ciprofloxacine ou l’ofloxacine, qui s’avèrent bien plus sûres en comparaison.
Utilisée contre les maux de gorge, l’alpha-amylase (Maxilase) est un exemple criant d’inefficacité thérapeutique doublée de risques inutiles. Ses utilisateurs s’exposent à des réactions allergiques parfois sévères : urticaires, éruptions cutanées, voire angiœdèmes.
Cette liste appelle à la réflexion : pourquoi risquer de lourds effets secondaires pour des bénéfices souvent mineurs ? Une critique salutaire qui invite patients et professionnels à s’interroger sur les choix thérapeutiques.
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