Anticancéreux : du n’importe quoi ?

Aux États-Unis, les recommandations en matière de traitement contre le cancer sont éditées par le NCCN (réseau national américain de lutte contre le cancer) après approbation par la FDA de la commercialisation des nouveaux médicaments et des nouvelles indications pour des médicaments déjà existants. Ces recommandations sont non seulement appliquées localement, mais elles font aussi référence dans un grand nombre d’autres pays. Ces recommandations devraient assurer au patient cancéreux le maximum d’efficacité et de tolérance dans un contexte financier tolérable.

Recommandations recommandables ?

Une étude portant sur 47 nouvelles substances ayant reçu l’accréditation de la FDA dans 69 indications a révélé qu’elles étaient en fait recommandées par le NCCN dans pas moins de 113 indications, soit 44 hors accord préalable de la FDA !

Parmi ces recommandations supplémentaires, seulement dix reposaient sur les résultats d’essais menés de façon rigoureuse. Sept autres se basaient sur les éléments de preuve tirés de la phase 3 d’expérimentation (sur les 4 indispensables). Quant aux autres, elles n’avaient pour toutes références que de petites études, non contrôlées ou de simples observations ou, pire encore, l’absence de tout élément de preuve ! Enfin, deux ans après l’avis donné par les experts, seulement 14 % de ces recommandations additionnelles avaient reçu l’agrément de la FDA…

Après ces découvertes, les auteurs de l’étude n’eurent aucune peine pour conclure que le NCCN justifiait la prise en charge de traitements anticancéreux, toxiques et coûteux, sur des éléments de preuve largement insuffisants.