Mourir de son travail aujourd’hui, Enquête sur les cancers professionnels (Anne Marchand)

Coiffeuses, ouvriers du bâtiment, mécaniciens, agents de nettoyage, mais aussi laborantins, travailleurs agricoles, manucures, vétérinaires ou sous-traitants dans les centrales nucléaires, apprentis, etc. Nombre de salariés ignorent qu’ils font peut-être partie des millions de personnes exposées à des agents cancérogènes sur leur lieu de travail. Et s’ils sont atteints d’un cancer, ils ne savent généralement pas qu’il peut trouver son origine dans leur travail passé. La maladie survenant, le plus souvent, des dizaines d’années après avoir été au contact des cancérogènes (jusqu’à cinquante ans dans le cas de l’amiante).

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Dans ce livre enquête, la sociologue et historienne Anne Marchand rappelle que le cancer est la première cause de décès par le travail en Europe. " Si l’existence des cancers liés au travail est sous-estimée, voire ignorée, si cette réalité demeure invisible, c’est donc aussi parce que ces cancers, faute d’être déclarés et reconnus en maladie professionnelle, sont renvoyés à la sphère privée, sans apparaître dans les statistiques du monde du travail ", pointe l’autrice, également codirectrice du Groupement d’intérêt scientifique sur les cancers d’origine professionnelle en Seine-Saint-Denis (Giscop93). Ce phénomène de sous-déclaration est donc tout à la fois l’un des symptômes et l’une des causes de l’invisibilité sociale des risques cancérogènes au travail. " S’ils demeurent dans l’ombre, comment alors rendre ces cancers évitables, au même titre que ceux liés au tabac ou à l’alcool sur lesquels les projecteurs sont orientés ? s’interroge-t-elle. Reflet de vies empoisonnées par le travail, cet ouvrage souhaite ainsi contribuer au débat sur l’urgente et nécessaire bifurcation écologique, pour qu’un avenir nous soit encore possible. " Effectivement, c’est urgent.