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Que se passe-t-il dans le cerveau d’un(e) râleur(euse) ?
Nous, les Français, sommes souvent perçus comme d’irréductibles râleurs. S’il est nécessaire de se plaindre occasionnellement pour manifester un désaccord, une souffrance, dénoncer une injustice ou simplement se défouler, passer son temps à geindre alimenterait dans le cerveau un véritable « circuit de la dépression ». Une spirale descendante de laquelle on peut néanmoins s’extraire en choisissant de nouveaux comportements. Voici quelques conseils d’hygiène mentale pour temps difficiles.
Comme un art de vivre
Rien de plus normal que de se plaindre de temps à autre. Nous subissons tous régulièrement des contrariétés ; nous pouvons en contrecarrer certaines, mais n’avons aucune prise sur d’autres. Dans ce cas, râler un petit coup permet d’extérioriser tantôt la frustration, la colère ou encore le dépit. Puis, on passe à autre chose.
Mais il existe une catégorie de personnes pour qui se plaindre est une constante : « Je suis débordé(e), je n’en peux plus, j’en ai marre, personne ne m’aide » etc. Cela peut aller jusqu’à la médisance constante sur autrui. Ce genre de personnes représente souvent un fardeau pour les « gens normaux » de leur entourage, professionnel ou familial.
Que faire d’un(e) râleur(euse) ?
Quand on ne l’est pas soi-même, difficile de comprendre et de composer avec une personne qui passe son temps à geindre. Faut-il faire comme si on ne l’entendait pas, faut-il tendre une oreille distraite pour donner le change, ou faire preuve de plus d’empathie et s’enquérir de ce qui la tracasse ?
Tout dépend du type de râleur que vous avez en face de vous :
- Si cette personne utilise systématiquement chaque prétexte qui passe pour être dans la plainte permanente, ne rechignant pas, à l’occasion, à « casser du sucre sur le dos des autres », mieux vaut garder ses distances. Une telle personne cherche en effet probablement avant tout à attirer l’attention sur elle, à se placer au centre ou en position victimaire, sans que l’avis des autres ne l’intéresse en quoi que ce soit. C’est souvent aussi pour dissimuler ses propres manquements ou une faible estime de soi.
- Chez d’autres individus, se plaindre continuellement est juste une routine qu’ils ont développée au gré de circonstances défavorables ayant entraîné un mal-être. Soit qu’ils n’ont pas été en mesure de gérer la situation, soit qu’ils aient hérité de cette posture par mimétisme, ils finissent par râler par habitude, généralement sans en être conscients. À ceux-là, il est possible, avec empathie et pédagogie, de leur faire prendre conscience de leur travers.
- La négativité et la complainte récurrentes peuvent aussi dissimuler une détresse véritable et correspondre à un appel au secours, presque à son corps défendant. Il est envisageable, dans certains cas, que la personne soit à un point avancé de perdition, par exemple dans son travail ou dans son couple, et que la dépression ou le burn-out ne soit pas loin. La complainte excessive peut également venir révéler chez la personne des blessures émotionnelles parfois anciennes (abandon, rejet, humiliation, trahison, injustice selon la typologie de Louise Bourbeau) ou des formes d’attachement « insécures » (évitant, anxieux ou désorganisé selon la typologie de Mary Ainsworth) sans pour autant en avoir conscience. Dans ce cas, c’est l’aide d’un(e) professionnelle de la psyché qui est requise.
Dans tous les cas, la question délicate pour l’entourage est celle-ci : le râleur veut-il seulement être aidé, est-il prêt à changer quelque chose ?
Comment le cerveau savonne la pente vers le négativisme
Nous aurions un désavantage, d’après les neuroscientifiques, qui réside dans le « biais de négativité » : le cerveau serait prédisposé pour capter plus facilement tout ce qui constitue une menace potentielle, plutôt que ce qui est agréable. Ce biais serait un héritage de l’évolution, notre espèce ayant dû déployer pendant des millénaires, des trésors de vigilance et de réactivité pour survivre dans un milieu à haut risque.
Dans le présent, se plaindre sans arrêt ancre et renforce dans le cerveau des connectivités neuronales qui facilitent le fait de se plaindre, tel un automatisme. Autrement dit, des attitudes négatives modifient le cerveau de façon négative. C’est le chat qui se mord la queue. Heureusement, ça fonctionne aussi dans le sens de la positivité, mais il faut générer cette nouvelle dynamique de façon volontaire.
Car on sait que le cerveau possède la capacité d’évoluer, de se remodeler en fonction de ce que nous lui « donnons à manger », en particulier en termes de pensées et de comportements. C’est cette aptitude, appelée neuroplasticité, qui permet les apprentissages de la vie, l’adaptation à de nouvelles circonstances. C’est également ce qui confère au cerveau une certaine « réparabilité » dans le cas de lésions cérébrales, par exemple après un choc physique ou émotionnel, ou encore un AVC. Nous pouvons aussi nous servir de cette capacité pour changer, par décision, des habitudes ou des façons d’être dont nous ne voulons plus…
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Je suis râleur(euse), mais je veux que ça change !
Il arrive fréquemment qu’un râleur ne se supporte plus lui-même, et que dans un éclair de lucidité ou sous l’injonction d’une tierce personne, il ou elle prenne conscience de la nécessité de changer.
Au début, quand on a l’habitude de vivre dans la complainte et la négativité, il faut commencer par se forcer pour penser positivement. Mais dans tout entraînement, c’est la répétition qui paie ; l’optimisme finit donc par poindre et se concrétiser, furtivement d’abord, puis plus spontanément.
Voici quelques pistes pour vous y aider :
- Arrêter de me plaindre, littéralement (et surtout verbalement).
- Cesser de focaliser mon attention sur des choses auxquelles je ne peux rien changer.
- Prendre conscience de mon fonctionnement interne : par exemple, en me plaignant, est-ce que je nourris quelque chose en moi, ou bien est-ce que je compense un manque de quelque chose ? Quelles réactions de mon entourage suis-je en train d’attendre, et pour nourrir quoi en moi ? Une enquête et une auto-évaluation sincère s’imposent…
- Changer ma vision de l’échec et accepter ma part de responsabilité dans les circonstances dans lesquelles je suis impliqué.
- Agir : sortir marcher dans la nature, apprendre, faire du sport, nouer de nouvelles connaissances ‒ tout en veillant à ce qu’elles soient enrichissantes et non vampirisantes.
- M’extraire de ce qui est objectivement négatif dans ma vie : une relation, mon travail, le quartier où je vis, etc.
- Pratiquer des activités épanouissantes et fréquenter des personnes positives, qui me tirent vers le haut, pour devenir positif « par contamination ».
Et surtout, lorsque vous désirez tourner le dos à la complainte mais que vous ne vous en sentez pas les ressources, franchissez le pas : faites-vous aider par un(e) spécialiste. C’est aussi, en définitive, un choix qui peut tout changer.
En aucun cas les informations et conseils proposés sur le site Alternative Santé ne sont susceptibles de se substituer à une consultation ou un diagnostic formulé par un médecin ou un professionnel de santé, seuls en mesure d’évaluer adéquatement votre état de santé
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