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Comment les enfants vivent le masque à l'école ?
Pas très bien, semble-t-il. L’Université de Witten-Herdecke, en Allemagne, vient de publier les résultats d’une étude statistique de grande envergure qui recense les effets adverses du port du masque prolongé chez les enfants. La première au monde à porter sur un panel et un spectre de symptômes aussi larges. Les résultats invitent à une sérieuse remise en question des choix sanitaires à l’école. Les signaux d’alerte venant d’autres pays vont dans le même sens.
L’équipe d’universitaires a mis en ligne un registre sur lequel parents (87,7 %), médecins (1,7 %), enseignants (3,6 %) et autres acteurs de santé ou de l’enfance (6,9 %) pouvaient entrer leurs observations. Les données recueillies portent au total sur 25 930 enfants et adolescents jusqu'à 18 ans. Il ressort que 68 % des participants ont signalé des difficultés liées au port du masque. Sur cette fraction, les difficultés concernent principalement l’irritabilité (60 %), les maux de tête (53 %), les difficultés de concentration (50 %), une diminution du bonheur (49 %), une réticence à aller à l’école (44 %), des malaises (42 %), des difficultés d’apprentissage (38 %), une somnolence ou de la fatigue (37%). (1) Notons que la publication est à ce stade encore en pre-print (c'est à dire non encore validée par les pairs) et il existe certains biais dans l'échantillon ayant répondu au questionnaire.
En dehors des réponses proposées dans le questionnaire, une zone de texte libre était offerte et d’autres plaintes y ont été décrites. En particulier : l’aggravation des maladies de peau préexistantes (269 entrées), des affections fongiques à l’intérieur et autour de la bouche, des lèvres fissurées, parfois sanglantes. Sont également souvent rapportés les saignements de nez, l’augmentation des migraines en fréquence et en intensité. Enfin, symptôme peu connu et pourtant rapporté 23 fois, une vision altérée. Difficile de s’imaginer apprendre dans ces conditions. Pour les responsables de l’étude, les maux de tête et les difficultés de concentration devraient être pris très au sérieux, étant donné leur importance pour le développement cognitif.
Sur le versant psycho-comportemental, les parents ont observé une irritabilité accrue (60,4 %), une diminution de la joie (49,3 %) et une baisse de motivation pour se rendre à l’école (44 %) pouvant aller jusqu’à la phobie scolaire. 25,3 % des enfants ont développé des angoisses inédites. La catégorie d’âge 7-12 ans est la plus touchée. De nombreux parents signalent des cauchemars liés aux personnes masquées, dont le visage, les expressions et l’identité ne sont pas accessibles aux enfants.
Les auteurs minimisent, en conclusion, la portée de leurs résultats. Selon eux, quelques milliers d’enfants qui supportent mal le masque sont à relativiser au regard du nombre de patients en soins intensifs et du nombre de personnes testées positives. Encore faudrait-il que le port du masque par les enfants ait démontré son efficacité, ce qui reste à ce jour discutable.
En France aussi
Une petite étude d'impact, réalisée à l’initiative du cabinet Sand Avocats sur un panel de 470 enfants et adolescents, montrait déjà en décembre des résultats similaires.(5)
- 85.87 % considèrent que leur vie a changé depuis mars 2020
- 61.88 % considèrent que le plus difficile pour eux est de porter le masque toute la journée et 88,68 % trouvent que ce n’est pas normal d’avoir à porter le masque à l’école
- 65.73 % se disent moins concentrés en classe
- 94.67 % ont l’impression de moins bien respirer
- 89,52 % tentent de trouver un moment dans la journée pour retirer leur masque et pouvoir respirer normalement
- 64,79 % se considèrent plus angoissés depuis qu’ils portent le masque
En fin d’année, 23 psychologues et pédopsychiatres signaient une tribune pour s’alarmer des conséquences psychologiques à plus long terme, pas seulement du port du masque mais de l’ensemble des mesures sanitaires, notamment sur la construction de leur personnalité : « Les enfants reçus en consultation nous paraissent totalement désorientés ». (6) Même constat pour Marie-Estelle Dupont, psychologue, qui s’inquiète de la régression constatée chez des enfants jusqu’ici sans problème : « Un enfant qui respire mal est anxieux, dort mal, devient agressif et ses résultats scolaires baissent. Je l'observe chez de très bons élèves ». (7)
Quelle que soit la position de chacun sur le port du masque en toutes circonstances, le fait est qu’un nombre croissant de parents, d’éducateurs et de médecins signalent des problèmes de santé chez les enfants qui portent un masque. La question d’un certificat d’exemption du port du masque est un phénomène nouveau dans la pratique pédiatrique. Dans l’étude allemande, un tel certificat a été accordé à 6,7 % des enfants inclus dans l’étude.
En France, les certificats d’exemption sont de plus en plus fréquemment refusés, l’administration scolaire n’hésitant pas à jouer sur les mots ou les détails du protocole, comme le déplore le collectif de parents Enfance & Libertés qui revendique 40 000 membres. Les véritables enjeux seraient-ils ailleurs que dans la santé individuelle ? La mère d’un garçon de 9 ans a eu pour réponse de l’inspection académique d'Yvetot (Seine-Maritime) : « Si on dit oui à votre position, tous les parents vont faire ensuite pareil et plus personne ne portera le masque à l’école ».
Pourtant, en décembre dernier, l’Autriche a dû mettre fin à l’obligation de port du masque à l’école, la Cour constitutionnelle ayant estimé que le ministre ne justifiait pas de manière suffisante et compréhensible la nécessité d’une telle mesure. (8) En France, tous les recours en justice ont été jusqu’ici rejetés, essentiellement sur la forme (référés-libertés). Mais cela pourrait bientôt changer. Dans les Pays de Loire, un collectif de parents, rejoint par des enseignants et des médecins, a obtenu du Conseil d’État (9) que le gouvernement justifie son choix d’obligation de manière argumentée, ce qui, curieusement, n’avait pas été fait jusqu’ici. L'OMS, dans ses recommandations, conditionne le port du masque en milieu scolaire à une évaluation de son impact. Or, comme le rappelle Me Bertrand Salquain, avocat du collectif, « en France, aucune évaluation officielle n'a été menée ». Les bases pour de telles évaluations sont à présent disponibles. Les plaignants français parviendront-ils au même résultat que leurs homologues autrichiens ?
Références :
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https://assets.researchsquare.com/files/rs-124394/v2/de6894fb-f636-4183-9497-3e80bbde5824.pdf
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https://theconversation.com/rentree-scolaire-la-covid-19-nest-definitivement-pas-une-maladie-pediatrique-145287
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https://www.rtl.be/info/magazine/sante/les-ecoles-ne-sont-pas-des-vecteurs-de-contamination-les-conclusions-des-experts-expliquees-en-3-points-1270674.aspx
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https://www.nytimes.com/2020/08/29/health/coronavirus-testing.html
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https://drive.google.com/file/d/1RX0UZXM_l5Ua7PQqNdPxpTKnnrGihP3_/edit
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https://www.francesoir.fr/opinions-tribunes/impacts-traumatiques-de-la-politique-sanitaire-actuelle-sur-les-enfants-un-constat
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https://baslesmasques.com/o/Content/co3657/m-e-dupont-je-suis-preoccupee-par-le-port-du-masque-a-l-ecole
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https://www.rtbf.be/info/monde/detail_coronavirus-la-cour-supreme-autrichienne-rejette-le-port-du-masque-a-l-ecole?id=10660474
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https://www.ouest-france.fr/pays-de-la-loire/angers-49000/angers-des-parents-d-eleves-obligent-l-etat-a-s-expliquer-sur-le-port-du-masque-par-les-enfants-f0e1feaa-4aa1-11eb-ab6d-06c38e2ab1ae
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