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Omicron : le grand écart
Après deux années de coexistence avec le virus et plusieurs variants issus de mutations de la souche originelle, il ne semble toujours pas se dégager de réponse pertinente à l’épidémie de Covid-19 pour laquelle on nous avait pourtant promis que la vaccination constituait la seule et unique porte de sortie. On dirait qu’au contraire, Omicron accentue les contradictions inhérentes à cette interminable crise.
Encore et toujours la surenchère
Depuis sa détection fin novembre 2021 en Afrique du Sud, le variant Omicron a relevé d’un cran le catastrophisme de ceux, modélisateurs et décideurs, qui ont été à l’origine des mesures drastiques des vingt-quatre derniers mois, mesures dont on peut légitimement se demander, au vu des résultats, si elles étaient appropriées.
Le variant Omicron devrait progressivement supplanter Delta, le variant majoritaire depuis le printemps 2021, grâce à une contagiosité bien plus grande ; à peine signalé en Afrique du Sud fin novembre, le voilà un mois plus tard disséminé dans plus de cent pays selon l’OMS, et devenu majoritaire dans bien des endroits. Au 30 décembre, il est d’ores et déjà signalé comme majoritaire dans 23 départements français selon Santé Publique France et Covid Tracker .
Sa fulgurance a, presque aussitôt, mis le feu aux poudres : les populations ont couru se faire tester, donnant lieu à des records de « nouveaux cas » quotidiens au Royaume-Uni, aux Pays-Bas (qui a reconfiné depuis) et en France, en pleines fêtes de fin d’année. Mais pourquoi une telle panique, alors que dès le départ, ce nouveau variant a semblé bien moins redoutable que son prédécesseur ?
Vers un Covid de plus en plus bénin ?
La doctoresse sud-africaine Angélique Coetzee, qui est le premier médecin à avoir alerté sur Omicron et son hypertransmissibilité, s’est déclarée étonnée par l’extraordinaire réaction mondiale dans les jours qui ont suivi, ayant pu constater par elle-même que les symptômes sont « très, très légers » par rapport à ceux du variant Delta – lui-même déjà moins virulent que les souches initiales.
Dès lors, l’émergence d’Omicron pourrait-elle constituer une bonne nouvelle ? C’est ce que titrait notamment L’Express dès le 4 décembre, s’appuyant sur l’avis de plusieurs spécialistes, tel le virologue belge Yves Van Laethem qui voit en Omicron un virus moins virulent, n’entraînant chez la très grande majorité des personnes qu’un rhume et un peu de fièvre, susceptible de se substituer rapidement à l’actuel Delta et de rendre la maladie bénigne .
Toutes les données qui émergent au fur et à mesure de l’avancée d’Omicron vont effectivement dans le sens d’un risque sensiblement plus faible qu’avec Delta. Le 22 décembre, un communiqué de l’agence Bloomberg relayait les résultats du National Institute for Communicable Diseases (NICD, Afrique du Sud) indiquant que 80 % des infections par Omicron sont peu susceptibles d’évoluer vers une hospitalisation . Le 30 décembre, le pays a annoncé avoir passé le pic de contaminations, avec seulement « une augmentation marginale du nombre de morts ». Certes, l’Afrique du Sud n’est pas comparable en tout point aux pays européens, mais sous nos latitudes également, les premiers signaux semblent rassurants.
Les autorités britanniques, qui avaient immédiatement envisagé le pire scénario, ont finalement dû concéder que l’apocalypse annoncée n’aurait pas lieu, bien qu’il semble qu’Omicron puisse déjouer aussi bien l’immunité naturelle que celle conférée par les vaccins . Même l’Imperial College London, pourtant peu connu pour l’optimisme de ses analyses et recommandations, doit reconnaître une moindre gravité du nouveau variant : à partir de l’analyse de 56 000 cas d’Omicron détectés entre le 1er et le 14 décembre (comparés à 269 000 cas de Delta), ses chercheurs observent un risque réduit de 40 à 45 % de subir une hospitalisation entraînant un séjour d'une nuit ou plus, et des délais d’hospitalisation plus courts. Les patients infectés par Omicron ont entre 50 et 70% de chances en moins d'être hospitalisés par rapport au variant Delta, conclut quant à elle provisoirement une note de l'agence de sécurité sanitaire du Royaume-Uni publiée le 23 décembre.
Navigation en eaux troubles
Deux semaines seulement après la découverte de ce variant plus contagieux mais moins létal, c’est-à-dire dès le 8 décembre, Pfizer annonce par communiqué de presse qu’il dispose déjà de « données préliminaires de laboratoires » permettant d’affirmer qu’un schéma vaccinal à trois doses neutralise le variant Omicron. Encore deux semaines plus tard, le 23 décembre, il ressort de la note britannique citée précédemment que la protection du vaccin Pfizer ne serait, tout compte fait, que de l’ordre de 70 %, et qu’elle chuterait à 45 % au bout de dix semaines . D’où la possible nécessité d’une quatrième dose… en attendant un vaccin spécifiquement adapté à Omicron.
De l’autre côté de l’Atlantique, l’Amérique du Nord connaît elle aussi une « flambée » de cas Omicron, prétexte à une exhortation pressante à la vaccination. Mais, ayant fait le constat que les infections avaient majoritairement lieu dans les deux jours précédant et les trois jours suivant l'apparition des symptômes, les États-Unis décident de réduire la période de quarantaine pour les personnes infectées asymptomatiques, indépendamment du statut vaccinal, à 5 jours (suivis de 5 jours avec port du masque) afin d’éviter une paralysie économique.
La France sait également se faire pragmatique lorsque sont en jeu des considérations stratégiques comme le risque massif d’absentéisme professionnel dû au variant omicron, comme en témoigne la modification des durées d’isolement des cas contact et des personnes infectées, également revues à la baisse ici. Mais une grande partie du contenu de la loi sur le « pass vaccinal » en train d’être voté en urgence témoigne néanmoins d’une forme de navigation à vue mêlant impréparation, improvisation et choix idéologiques difficiles à justifier au regard des contraintes importantes qu’ils font peser sur la population.
On ne s’attardera pas sur les règles gadget régulant la consommation debout ou assise, le fait de pouvoir manger et boire "rapidement" ou pas dans le train, le retard dans l’équipement des écoles en capteurs de CO2 et purificateurs ou le manque persistant de masques FFP2 pour les métiers exposés. On se contentera de noter la contradiction assumée (« nous assumons » semble être désormais la formule consacrée des politiques restreignant les libertés publiques) qu’il y a à conditionner désormais l’accès aux lieux de loisirs et de transport longue distance à un schéma vaccinal (temporairement) complet, avec des vaccins n’empêchant ni l’infection ni la transmission du virus, surtout pas d’omicron. Mais, dans le même temps, de refuser ce même accès aux personnes ayant un test PCR négatif de moins de 24 h, un test avec une sensibilité allant jusqu’à 96 %.
Ce parti pris idéologique et court-termiste visant à favoriser la seule stratégie vaccinale au détriment d'autres approches globales (tests gratuits pour tous, traitements précoces, approche micronutritionnelle, prévention des zoonoses, etc) est plus qu'apparent dans le fait suivant. Il aura fallu l’avis du 27 décembre du Conseil d’État pour que le gouvernement accepte le principe même qu’un certificat de rétablissement de moins de six mois puisse se substituer à un justificatif de statut vaccinal pour accéder aux lieux de loisir et aux trains longue distance…ceci alors même que l’on connait la supériorité et la meilleure durabilité de l’immunité naturelle sur l’immunité vaccinale contre le Covid ! Le choix politique de « faire peser la contrainte sur les non -vaccinés » (selon les mots du Premier ministre) ou « d'emmerder les non-vaccinés » (selon les mots du président de la République) justifie-t-il vraiment de s’émanciper à ce point du simple bon sens épidémiologique ?
Et la raison dans tout ça ?
Cet imbroglio planétaire et la cacophonie des réformes prises à chaud ont fait dire dès le 15 décembre à deux éminents scientifiques britanniques, dans un article du Telegraph , que « l’approche actuelle pour interpréter la science est trop rapide et simpliste ». Selon eux, cette précipitation génère « un excès de confiance et des prédictions pessimistes qui semblent nous faire perdre notre habilité à penser de façon critique ». Les auteurs, Carl Heneghan et Tom Jefferson, déplorent que les décideurs, ayant déjà failli à opposer une réponse proportionnée et efficace à l’émergence des différents variants précédents, persistent avec Omicron à ignorer les données du terrain au profit de modélisations qui tendraient à réintroduire de nouvelles restrictions.
Les deux scientifiques appellent à un retour au réel et exhortent les politiques à répondre à ce nouveau variant en bonne intelligence, avec les idées claires et sur la base de preuves solides, sous peine d’aggraver les troubles sociaux déjà causés par les précédents modèles qui se sont avérés exagérément pessimistes. En ce début d’année, ça n’en prend pas franchement le chemin…
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Overdose !