Accueil Polémiques Que penser de l’incitation financière pour promouvoir la vaccination anti-Covid ?
Que penser de l’incitation financière pour promouvoir la vaccination anti-Covid ?
Loterie, bons d'achat, incitation financière, et même bière ou burger gratuits... Les idées de récompense de toutes sortes ne manquent pas pour inciter les gens à la vaccination contre le Covid. Efficace ? Sans doute. Éthique ? Il est permis d'en douter.
La campagne de vaccination aux États-Unis rencontre – comme dans bien d’autres pays – de nombreux îlots de résistance, au sein de la population générale, mais aussi parmi les groupes devant se soumettre à la vaccination obligatoire, tels que les forces de l’ordre, les pompiers ou les soignants. Les États fédéraux eux-mêmes sont d’ailleurs loin d’être tous alignés sur la politique vaccinale de Washington : la Floride ou le Texas, notamment, refusent l’obligation vaccinale, voire l’interdisent.
Devant les réticences de la population, certains États ont imaginé des incitations pour « drainer » les récalcitrants vers les centres de vaccination. La Caroline du Nord, par exemple, a annoncé une loterie dotée de prix à hauteur d’un million de dollars. Mais ce type d’incitation financière ne bénéficie finalement qu’à un petit nombre de chanceux.
Aussi l’université de Caroline du Nord a-t-elle imaginé un système d’incitation financière plus modeste mais touchant un large public, à l’instar de la mairie de New York en juillet 2020 ou de la Serbie en mai 2021.
Le système testé dans l’État du sud-est américain consiste donc à gratifier d’une cash card (sorte de bon d’achat électronique) de 25 dollars tout adulte acceptant de recevoir sa première dose de vaccin anti-Covid ou accompagnant quelqu’un venu la recevoir. Ce programme pilote couvrant quatre comtés a ainsi distribué 2 890 cash cards à des primovaccinés et 1 374 à des accompagnants.
Sur les 401 nouveaux vaccinés concernés par le dispositif, 41 % ont rapporté que l’incitation de 25 dollars avait été une raison importante de franchir le pas. Celle-ci a été d’autant plus décisive que les bénéficiaires appartenaient à des minorités ethniques, notamment hispaniques, et se trouvaient dans la tranche des salaires les plus modestes (moins de 40 000 dollars annuels). Près de 9 % des bénéficiaires ont rapporté qu’ils ne seraient pas allés se faire vacciner s’ils ne s’étaient pas vu proposer la cash card, et 15 % ont avoué avoir justement attendu ce type d’incitation pour se faire vacciner.
Les auteurs de l’étude se félicitent que ces petites incitations financières aient réussi à endiguer la baisse de la vaccination et à rétablir un peu d’équité en facilitant l’accès à la vaccination des personnes socialement moins favorisées. Si ce genre de dispositifs semble fonctionner, ce que confirme une récente étude menée en Suède avec une légère hausse de la participation (4%) contre rémunération, il pose néanmoins de nombreuses questions éthiques.
Est-on encore dans une logique de santé publique quand les arguments scientifiques ou moraux cèdent la place à l’incitation financière et aux différentes techniques de nudge issues des sciences comportementales ? Que penser, en outre, de la rémunération des « accompagnants » de ces primovaccinés, transformés pour l’occasion en rabatteurs au risque de prévisibles dérives ? Les professionnels de santé participant à ces programmes sont-ils encore dans le champ de la médecine ou sont-ils transformés en simples « entrepreneurs de morale » ?
Certes, on peut trouver l’incitation économique à la vaccination préférable à une forme d’extorsion du consentement par le biais des logiques punitives aujourd’hui exercées sur des personnes non vaccinées (suspension professionnelle, limitation de la liberté de circuler, impact financier du déremboursement des tests, etc.), mais dans un cas comme dans l’autre, on peut considérer que l’incitation à un tel acte pour des raisons autres que médicales ne relève plus, à proprement parler, de la médecine.
Source : « Guaranteed financial incentives for Covid-19 vaccination: A pilot program in North Carolina », JAMA Internal Medicine, octobre 2021 -
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