Un placébo contre la dépendance aux opioïdes ?

Aux États-Unis, le scandale des opioïdes n’a pas fini de faire couler de l’encre. Et pour cause, les troubles liés à leur consommation touchent 20 millions d’Américains, et plus de 100 000 personnes sont mortes d’une overdose en 2021. Comme produit de substitution, les spécialistes prescrivent une autre molécule, la méthadone. Efficace sur le papier, ce traitement est néanmoins abandonné par la moitié des patients dans l’année suivant le début de son usage. C’est dans ce contexte qu’une équipe de chercheurs de l’université du Marlyand (États-Unis) a découvert que la prise d’un placébo à base de sucre, en parallèle de la méthadone, augmentait les chances des patients de suivre leur traitement correctement. Mieux, le placebo induisait également des effets bénéfiques inattendus tels qu’une amélioration sensible du sommeil des patients par exemple. Après trois mois de suivi, 78 % des membres du groupe observé, traités avec le placébo, ont continué leur traitement à la méthadone contre 61 % pour ceux du groupe sans placébo.

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Les placebos ouverts, fenêtre sur les mystères du psychisme

Plus surprenant encore, dans leur protocole de recherche, les chercheurs ont fait le choix d’utiliser un placebo « ouvert », c’est-à-dire que les participants traités avec le placebo avaient pleinement conscience de consommer de simples pilules de sucres en plus de leurs traitements à la méthadone. Toutefois, les patients participants avaient également été informés des effets bénéfiques possibles de la prise de placebos, en leur relatant les résultats positifs obtenus dans d’autres recherches.

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Comment expliquer cet effet à première vue surprenant ? L’effet placebo, qui se manifeste par le fait d’observer l’amélioration d’un symptôme dans un groupe où le traitement n’a pas de principe actif spécifique, ne repose-t-il pas justement en grande partie sur le fait que le groupe en question pense qu’il utilise un principe actif ? Différentes recherches qui utilisent ce modèle de placebo sans dissimulation, une approche perçue par beaucoup comme plus éthique, car n’impliquant pas de mentir aux patients, prouvent que ce n’est pas le cas. En effet, de nombreuses études ont mis en évidence des résultats très bénéfiques, qui portaient par exemple sur le syndrome du côlon irritable, la douleur chronique, la rhinite allergique, la migraine, la fatigue liée au cancer, ou encore les bouffées de chaleur de la ménopause, améliorant significativement l’état de santé des patients. Autant de recherches passionnantes qui montrent aussi bien la puissance de l’esprit sur le corps que les mystères persistants des mécanismes d’auto-guérison.

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