Des "polluants éternels" dans l’eau du robinet

Véronique Molénat

rédigé le 03 janvier 2024 à 0h00

L'étude Esteban menée par Santé publique France, en 2014 déjà, 100 % des Français avaient des PFAS dans leur organisme.

Les révélations sur la présence de PFAS dans l’eau du robinet se multiplient en France. Face à une pollution qui prend une ampleur inquiétante, la réglementation tarde à se mettre en place. D’où viennent ces molécules ? Quels sont leurs effets sur la santé ? Pourquoi ne sont-elles pas davantage contrôlées ? Comment s’en protéger ? On fait le point.

Lundi 30 octobre 2023, trente-deux communes du Rhône, la communauté de communes du Pays de Mornantais, six associations et fédérations de pêche ainsi que trente-six habitants déposaient plainte contre les entreprises Arkema et Daikin, notamment pour " mise en danger de la vie d’autrui " et " écocide ".

Contentieux hors normes

La diffusion sur France Télévisions, précisément un an avant cette plainte, d’une enquête journalistique de Vert de rage¹ sur les " PFAS " – des substances à la fois très toxiques et particulièrement persistantes appelées " polluants éternels "– avait conduit les autorités à mener une campagne d’analyses sur différents sites industriels, rivières et nappes phréatiques. Celle-ci révélait des " concentrations alarmantes " de PFAS dans le Rhône et toute la vallée de la chimie.

Peu avant, le 10 octobre, le parquet de Lyon annonçait qu’il avait saisi le juge suite à la plainte contre Arkema déposée par dix associations (dont Notre affaire à tous), un syndicat et 47 habitants du sud de Lyon. Objet de la plainte : atteintes à l’environnement et la santé liées à l’utilisation de PFAS.

Plus récemment, au mois de novembre, à Rumilly (Haute-Savoie), un professionnel de santé et l’association Agir ensemble pour Rumilly et l’Albanais, révélaient que des tests sanguins réalisés sur cinq femmes volontaires indiquaient des taux de PFOA (une substance de la famille des PFAS) sept fois supérieurs à la concentration médiane au sein de la population française

Le 20 octobre 2023, on apprenait que trois sites de forage présentant des taux alarmants de polluants éternels avaient été fermés dans l’agglomération d’Annecy depuis mars 2023, et le 25 octobre, que ces substances avaient été détectées dans une nappe alluviale du Rhône alimentant une cinquantaine de communes ardéchoises.

Ces affaires marquent-elles le début d’une série de procès en France, à l’image de ce qui se passe aux États-Unis où près de la moitié de l’eau du robinet contient des PFAS ? C’est bien possible, car la région Rhône-Alpes n’est pas la seule à être contaminée…

Les PFAS, c’est quoi ?

« PFAS » (prononcez « pifasse ») est l’acronyme de Per- and polyFluoroAlkyl Substances. C’est une famille chimique qui comprend 4 700 molécules différentes. Les industriels les utilisent depuis les années 1950 pour leurs propriétés imperméabilisantes, antiadhésives et résistantes à la chaleur, et pour leur grande stabilité. On les trouve dans une multitude de produits du quotidien : emballages alimentaires, mousses d’extincteurs, ustensiles de cuisine (Teflon), cosmétiques, pesticides, imperméabilisants… Hautement toxiques, ces PFAS sont libérés par les usines, les centres de traitement des déchets, les épandages de pesticides, et s’accumulent dans tous les compartiments de l’environnement : eau, air, sols, végétaux, animaux, humains… Le PFOA et le PFOS sont les PFAS les plus connus. Malgré un usage restreint, on les retrouve encore aujourd’hui en grande ...

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Références bibliographiques

1. Série documentaire sur les grands scandales environnementaux diffusée sur France Télévisions.

2. Sites où la concentration de PFAS détectée atteint un niveau que les experts estiment dangereux pour la santé.

3. Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail.

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