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Sylvothérapie : des bienfaits insoupçonnés sur la santé
La pratique du bain de forêt, ou Shinrin Yoku ou bien encore sylvothérapie, est préconisé depuis 1982 par l’Agence forestière du Japon pour améliorer l’hygiène de vie. Bien plus qu’une simple « embrassade de tronc », il s’agit d’une science interdisciplinaire qui étudie et utilise les bains de forêt pour améliorer la santé humaine, avec des impacts mesurables sur le stress ou la tension par exemple.
Depuis 2004, les études menées au Japon sur ce mode reconnu de relaxation et de gestion du stress sont très claires dans leurs conclusions (1) : le contact avec la nature sylvestre permet notamment une réduction de la pression artérielle, de la fréquence cardiaque, du stress, de l’anxiété, de la dépression et de la fatigue.
Une partie de ces bienfaits est liée à un air chargé en molécules aromatiques (celles qu’on retrouve dans les huiles essentielles) et en ions négatifs, ces particules d’air enrichies en électrons qu’on trouve en plus grande quantité dans la nature. On constate, lors des bains de forêt, une réduction de l’activité du système nerveux sympathique (qui active les nerfs), une augmentation de l’activité du système nerveux parasympathique (qui calme les nerfs), une diminution de la production d’hormones du stress (adrénaline, noradrénaline, cortisol) ainsi qu’une activité accrue de certains lymphocytes (NK : Natural Killer) qui améliore l’efficacité du système immunitaire. A priori, aucun type de forêt ne semble plus bénéfique qu’un autre.
Des îlots de vert dans la ville, médicaments polyvalents
Mais les bienfaits des arbres ne se limitent pas aux moments de balades et d’exercices en forêt, et peuvent se faire sentir tous les jours dans nos lieux de vie et d’activité. En 2022, Cecil Konijnendijk émet sa théorie des « 3-30-300 » pour profiter des bienfaits des arbres (2) : pouvoir voir au moins 3 arbres depuis son domicile, son travail ou son école ; bénéficier d’au moins 30 % de surface arborée dans son environnement immédiat, et ne pas habiter à plus de 300 m d’un espace vert accessible. Dans une étude pour éprouver cette théorie (3), une équipe de chercheurs a confirmé les bienfaits de cette règle de vie sur la santé mentale des Barcelonais, tout en constatant qu’à peine 5 % d’entre eux remplissaient strictement les conditions du « 3-30-300 ».
Une équipe finlandaise, en 2022 (4), a mis en évidence que la fréquentation régulière d’espaces verts et bleus (lacs, bords de mer...), par des résidents urbains, plusieurs fois par semaine, permettait de réduire le recours aux médicaments psychotropes (- 33 %), antihypertenseurs (- 36 %) et antiasthmatiques (- 26 %). En revanche, se contenter d’avoir ces espaces à proximité, ou de les observer de sa fenêtre, ne se traduisait pas par une réduction du recours aux médicaments.
La sylvothérapie apparaît particulièrement indiquée pour les résidents urbains qui ont un risque plus élevé d’hypertension et de stress psychologique que les résidents ruraux. Dans une méta-analyse de décembre 2022 (5), incluant 21 études sur la pression sanguine (2 270 participants), et 13 études sur le cortisol salivaire utilisé comme marqueur de stress (1 786 participants), des preuves considérées comme « solides » ont montré que la sylvothérapie présente des effets thérapeutiques bénéfiques sur la santé physiologique et psychologique des résidents urbains en réduisant la pression sanguine et le stress (par diminution du cortisol). Les sessions d’une durée égale ou supérieure à 20 minutes étaient plus efficaces que celles durant moins de 20 minutes.
Mais comment faire si l’on n’a pas accès quotidiennement à des espaces verts, ou que la forêt est trop lointaine ? Une étude japonaise de 2022 (6) a cherché à évaluer les effets thérapeutiques physiologiques et psychologiques d’un « bain de forêt digital » mis en place dans une installation urbaine, et reproduisant les éléments visuels, auditifs et olfactifs d’un bain de forêt « réel ». Tout comme une immersion en forêt, la reproduction digitale a engendré une augmentation significative de l’activité du système nerveux parasympathique et une réduction significative de la fréquence cardiaque. Les participants ont noté une amélioration de leur humeur, notamment une réduction de la tension, de l’anxiété, de la dépression, de la colère, de l’hostilité, de la fatigue et de la confusion mentale, estimant que cet environnement digital a permis une « restauration » de leur état psychologique.
Le bain de forêt digital ne remplace bien évidemment pas le contact avec la « vraie » nature, mais permet en tout cas de profiter de certains de ses bienfaits.
Références bibliographiques
(1) « Effets des forêts et des bains de forêt (shinrin-yoku) sur la santé humaine : une revue de la littérature », Santé publique, 2019/HS1 (S1), p. 135-143. DOI : 10.3917/spub.190.0135.
(2) « Evidence-based guidelines for greener, healthier, more resilient neighbourhoods : Introducing the 3-30-300 rule », Journal of Forestry Research, 2022, doi: 10.1007/s11676-022-01523-z
(3) « The evaluation of the 3-30-300 green space rule and mental health », Environmental Research, 2022, doi.org/10.1016/j.envres.2022.114387
(4) « Cross-sectional associations of different types of nature exposure with psychotropic, antihypertensive and asthma medication », Occupational & Environmental Medicine, 2022, http://dx.doi.org/10.1136/oemed-2022-108491
(5) « The effects of forest therapy on the blood pressure and salivary cortisol levels on urban residents : a meta-analysis », International Journal of Environmental Research and Public Health, 2022, doi.org/10.3390/ijerph20010458
(6) « Exploring the physiological and psychological effects of digital shinrin-Yoku and its characteristics as a restorative environment », International Journal of Environmental Research and Public Health, 2022, doi.org/10.3390/ijerph19031202
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