Accueil Polémiques Polluants persistants, polluants éternels... mais justice éphémère !
Polluants persistants, polluants éternels... mais justice éphémère !
Des polluants interdits depuis 40 ans continuent de polluer l’environnement et on les retrouve aujourd'hui encore à des taux inquiétants...jusque dans dans les oeufs de poules ! S’y ajoutent évidemment des milliers d'autres polluants, ceux-là toujours autorisés. Mais toujours pas de loi pollueur-payeur pour notre santé !
Qui se souvient du « scandale des PCB » (prononcer [Pé-cé-bé], à la française, abréviation de polychlorobiphényles) ? Ces produits chimiques chlorés, utilisés massivement depuis les années 1930 pour leurs propriétés d’isolant électrique, ont été interdits en 1988 en France en raison de leur toxicité pour les organismes vivants. Mais, en 2007 (soit 20 ans après !), on les retrouvait encore dans les fleuves, en particulier dans toute la vallée de la chimie, aux bords du Rhône où se trouvaient jadis les industries productrices. La mort biologique du Rhône avait alors été décrétée par arrêté préfectoral : les poissons y étaient devenus impropres à la consommation humaine, et ne pouvaient plus être pêchés.
En 2023 (soit encore 16 ans après !), les médias se sont lassés, la pêche y est de nouveau autorisée. Et pourtant les PCB n’ont pas disparu. Alors qu’ils étaient, bien que très persistants, considérés comme « biodégradables » au fil du temps, on continue de découvrir des spots importants de contamination, et ce, bien au-delà de la vallée du Rhône : les sols franciliens en sont remplis ! Les œufs des poules domestiques qui y picorent sont même contaminés, au point que le 19 avril l’Agence régionale de santé d’Île-de-France en a formellement déconseillé la consommation… leur teneur en PCB dépassant de 40 à 50 fois les normes européennes ! Le mystère est tel que la Ville de Paris a appelé aussitôt à enquêter pour identifier l’origine de cette pollution, à laquelle s'ajoute celle d'autres polluants organiques persistants (POPs) tels que les dioxines et les furanes… (2).
Trouvera-t-on le coupable ? La même question se pose dans la vallée de la chimie : début janvier, la préfecture du Rhône annonçait y avoir détecté à des concentrations près de dix fois plus élevées que la normale des composés perfluorés (3) dans les œufs des poules domestiques, et interdisait début avril de les consommer (*).
Des pollutions prévisibles, mais inévitables ?
Ces composés perfluorés sont des PFAS (prononcer [Pi-Fass], à l’anglaise, abréviation de per – et polyfluoroalkyles), des polluants qui s’accumulent dans nos corps et dans l’environnement, et ne se dégradent pas – ce qui leur vaut le qualificatif effrayant de « Forever Chemicals » (soit des « produits chimiques éternels ») …
Depuis les années 1950, ils sont omniprésents dans les objets du quotidien et les produits industriels, de la poêle antiadhésive aux vêtements en Gore-Tex® en passant par les emballages de « fast-food », les produits de fartage pour les skis, les mousses anti-incendie, mais aussi… quelque deux cents pesticides et plusieurs dizaines de médicaments, parmi lesquels le Médiator®, certains antidépresseurs et anti-inflammatoires. Si certains de ces composés ont été interdits, ils représentent toujours une énorme famille de plus de 4 000 composés. Et il va falloir composer avec eux encore longtemps. L’Agence chimique européenne (Echa), bien que parfaitement au fait de leurs dangers, ne peut les interdire pour l’instant que un par un, du fait d’une réglementation plus favorable aux industriels qu’aux consommateurs… (4).
Un rapport commandé l’an passé sur les PFAS (5) par Barbara Pompili, alors ministre de l’Écologie, a été rendu public ce 14 avril dernier, soit avec 4 mois de retard – et sous la pression de l’association Robin des Bois… alors que ce rapport formule dans ses recommandations la nécessité d’informer la population !
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Sans surprise, le rapport pointe une contamination généralisée par les PFAS… Mais, comme le rappelle l’association Robin des Bois dans son analyse de ce rapport (6), les PCB étant toujours largement présents dans l’environnement, focaliser sur les seuls PFAS ne permet pas d’aborder l’ensemble des problèmes, et en particulier l’effet cocktail de ces polluants…
Ceci dit, « il faut bien commencer par quelque chose » et il se trouve que notre gouvernement a un plan d’action contre les PFAS ! Lancé depuis janvier (7), il ambitionne de « réduire les émissions industrielles »… Sauf que ces émissions, on les connaît bien mal, les entreprises ayant le droit de ne pas les communiquer au nom du secret industriel…
Ceux qui ne les réduisent pas, voire qui dépassent les normes, seront très difficiles à sanctionner ! La loi « pollueur-payeur » inscrite dans la charte nationale de l’environnement de 2007 semble devoir rester éternellement lettre morte. Quant à notre santé, aucune loi aujourd’hui ne semble en mesure de la protéger…
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(*) Notons que ces restrictions ne concernent évidemment pas les élevages industriels qui certifient par leurs contrôles que leurs œufs ou leurs viandes respectent les normes en PCB, PFAS et autres polluants… on se demande bien par quel miracle !
Références bibliographiques
(1) Pierre de Charentenay, La mort du Rhône, Études 2007
(2) "Polluants organiques persistants : la Ville de Paris appelle à poursuivre les investigations afin d’identifier l’origine de cette pollution et les risques d’exposition", 21 avril 2023
(3) "Des "polluants éternels" détectés dans des oeufs de la Métropole de Lyon"
18 janvier 2023
(4) "Substances perfluoroalkylées (PFAS)", Site de l'ECHA
(5) "Analyse des risques de présence de per – et polyfluoroalkyles (PFAS) dans l’environnement", Hugues Ayphassorho, Alby Schmitt, IGEDD, publié le 14 avril 2023
(6) "Note d’informations n°2 sur le rapport PFAS, Association Robin des bois", 20 avril 2023
(7) "Plan d’action ministériel sur les PFAS, Ministère de la transition écologique", janvier 2023
En aucun cas les informations et conseils proposés sur le site Alternative Santé ne sont susceptibles de se substituer à une consultation ou un diagnostic formulé par un médecin ou un professionnel de santé, seuls en mesure d’évaluer adéquatement votre état de santé
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