Retarder le premier bain pour favoriser l’allaitement

Heather diCioccio, puéricultrice de la Clinique de Cleveland, a lancé cette étude à la suite d’échanges avec des mères. Celles-ci étaient soucieuses « de retarder le premier bain de leurs enfants, car la similarité de l’odeur du sein maternel et du liquide amniotique multiplie les chances que le bébé se nourrisse spontanément par allaitement ».

L’expérience a été menée sur un panel de 996 duos mère-enfant, répartis en deux groupes. Dans le premier, 448 bébés ont été lavés immédiatement après la naissance. Dans le second, composé de 558 nourrissons, le premier bain a été repoussé d’au moins douze heures. Les résultats montrent un taux d’allaitement exclusif de 59,8 % pour les nouveau-nés du premier groupe, contre 68,2 % pour ceux du second.

De nombreux facteurs pourraient expliquer ce lien, comme un premier contact peau à peau plus long avec la mère, la ressemblance entre l’odeur du sein et celle du liquide amniotique ou encore le fait qu’un bain précoce provoque une baisse de la température corporelle du bébé, qui peut le fatiguer.

Une protection contre les infections cutanées

Ne pas laver trop vite un nouveau-né lui permet également de profiter plus longtemps du vernix caesora qui le recouvre. Cette substance blanche et grasse protège le fœtus pendant sa vie in utero. À la naissance, elle met environ trois jours à être absorbée par la peau. Elle possède des vertus nutritives et antioxydantes qui préviennent les pertes thermiques et protège l’épiderme des nourrissons des agressions extérieures, notamment des infections cutanées.

L’Organisation mondiale de la santé recommande déjà depuis 1997 d’attendre deux à trois jours avant le premier bain, le temps que le vernix soit absorbé. Et un allaitement exclusif les six premiers mois de l’enfant, avant d’introduire progressivement de la nourriture jusqu’à ses 12 mois. En France, le premier bain est généralement donné le lendemain, voire le surlendemain de l’accouchement.

« Désormais, nous repoussons toujours le bain d’au moins douze heures, et si la mère s’y oppose, nous lui demandons au moins deux heures », affirme la puéricultrice. La clinique de Cleveland souhaite maintenant étendre cette pratique à tous les hôpitaux.

Sources :

• “Initiative to Improve Exclusive Breastfeeding by Delaying the Newborn Bath” dans Journal of Obstetric, Gynecologic and National Nursing, décembre 2018.
• La protection thermique du nouveau-né, guide pratique, OMS, 1997.