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Fermeture à tous les étages
« Les em[…], ça vole toujours en escadrille » disait feu Jacques Chirac. Pour ce qui concerne la santé, c’est on ne peut plus vrai. Alors que l’épidémie de Covid-19 reprend de plus belle, c’est l’hôpital lui-même qui est malade, rongé par la défection du personnel soignant.
Chipé dans le Canard Enchaîné, ce remarquable article sur la situation déplorable des hôpitaux en France. Rappelez-vous : nous vous avions déjà informé sur la situation déplorable des hôpitaux, notamment pour cause de fermeture de lits (comme à Nantes ou une centaine de lits ont été fermés depuis le début de la crise sanitaire ou celui de Nancy qui doit fermer 174 lits d’ici à trois ans), ou de leur réadaptation pour cause de Covid-19, au détriment des autres services, comme celui de cardiologie, du CHU de Clermont-Ferrand. Selon une étude de la direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (DRESS)1 parue en octobre 2019, près de 4 200 lits d’hospitalisation complète ont été fermés dans les établissements de santé français. Selon cette étude, sur la période 2013-2018, 60 hôpitaux publics ont mis la clé sous la porte, et près de 20 000 lits ont été supprimés. Sur les vingt dernières années, la fermeture de lits d’hospitalisation s’élève à près de 100 000. On est loin des chiffres du ministre de la Santé, Olivier Véran, qui à l’Assemblée nationale, le 18 juin dernier, affirmait devant les députés que : « si 7 000 lits (sic) ont été fermés, ce n’est pas au cours des dernières années, mais durant les deux dernières décennies. »2
En outre, dans sa dernière étude 3, la DRESS relève qu’entre 2003 et 2019, le nombre de lits d’hospitalisations est passé sous la barre des 400 000 (393 000), un seuil d’autant plus alarmant que la population française augmente toujours, et que son vieillissement s’accélère, nécessitant toujours plus de soin. Enfin, selon FO, ce sont 1 800 lits qui ont fermé de janvier 2020 à mars 2021.
Tension de plus en plus forte
Le 20 juillet, le ministre de la Santé affirmait sur APMnews ne pas avoir « d’indicateur à ce jour, attestant d’une fuite de l’hôpital ». Pourtant, entre des soignants épuisés – le burn-out fait des ravages –, ceux qui démissionnent, ceux qui sont mobilisés dans les centres de vaccination, ce sont des services entiers qui sont contraints de fermer leurs portes momentanément. Selon le Canard enchaîné du 20 juillet, c’est le directeur de l’hôpital Bichat qui adressait un mail interne révélant la grande difficulté en termes de ressources humaines paramédicales : « De nombreux arrêts dans l’ensemble des services sont constatés, de même que des demandes d’intérim non honorées. » Des hôpitaux ferment purement et simplement leurs services d’urgence certains jours, voire toute la nuit, engorgeant ainsi d’autres hôpitaux déjà noyés. Il en est ainsi des urgences à Henin-Beaumont qui depuis le 6 juillet sont contraintes de fermer de 20 heures à 8 heures du matin et ce, jusqu’à fin août. Et la liste de services d’urgence ne pouvant plus accueillir de patients est longue (Agen-Nérac, Vitré, Clamecy, Saintes, La Ferté-Bernard, etc.).
Dans le public comme dans le privé
Le collectif inter-hôpitaux (CIH) égrène une litanie déplorable. Olivier Milleron, cardiologue et membre du CIH, confie au Canard que l’on a « 492 lits fermés dans le groupe Nord de l’AP-HP, une situation catastrophique à l’hôpital de Versailles, des cessations de services dans la Sarthe ou la Mayenne. » Et les cliniques privées ne sont pas épargnées. Sur le site de la Fédération de l’hospitalisation privée, on peut lire : « Certains de nos établissements de santé sont acculés à fermer des lits ou des services, c’est […] une situation jamais connue jusqu’ici. » De manière inédite, aucun territoire n’est épargné par les pénuries de soignants, de médicaux et paramédicaux. À tel titre, que les directeurs de cliniques font des pieds et des mains depuis des semaines pour alerter les institutions et autre ministère sur la situation. Un petit effort de plus, histoire que le ministre de la Santé puisse les avoir, les « indicateurs attestant d’une fuite de l’hôpital ».
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Le Canard enchaîné, mercredi 28 juillet 2021
1. Les établissements de santé, éd. 2020
3. Les établissements de santé, éd. 2021
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Et ils ont fermé des lits !
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