Accueil Traitements Pilosité sur le visage et hirsutisme chez la femme : les soins naturels et locaux à base d’huiles essentielles
Pilosité sur le visage et hirsutisme chez la femme : les soins naturels et locaux à base d’huiles essentielles
De nombreux témoignages récents de femmes rencontrant un problème d’hirsutisme et un excès d'androgènes – notamment en cas de syndrome des ovaires polykystiques (SOPK) –fleurissent sur les réseaux sociaux. Ils font état de l’efficacité de l’application locale de certaines huiles essentielles (HE) pour réduire l’apparition ou ralentir la pousse de poils disgracieux au niveau du visage. Si les études cliniques à ce sujet sont rares, les propriétés pharmacologiques connues de ces HE pourraient expliquer ces bons résultats et ouvrir la voie à l’utilisation d’autres HE.
Le trio arbre à thé, lavande officinale et menthe poivrée en tête
Un des symptômes gênants de l’excès d’androgènes chez les femmes (principalement de testostérone et de dihydrotestostérone, ou DHT) est une pilosité accrue dans des zones normalement imberbes comme le visage (moustache, menton, joues). Beaucoup d’entre elles cherchent des solutions pour, si ce n’est en venir à bout, au moins atténuer le problème et partagent leurs trucs et astuces sur les réseaux sociaux. Les huiles essentielles (HE) sont depuis peu au cœur de ce partage d’expérience (voir par exemple les nombreuses vidéos sur TikTok). Celles de menthe (poivrée et verte), de tea tree et de lavande officinale reviennent le plus souvent dans les témoignages.
Pour les deux dernières, des études ont montré leur faible activité œstrogénique ainsi qu’une activité antiandrogénique (1) (2). Une petite étude clinique menée chez de jeunes femmes atteintes d’hirsutisme idiopathique modéré a en effet mis en évidence une moindre pousse des poils et une baisse du diamètre de ces derniers à l’issue de trois mois d’application cutanée locale des deux HE à raison de deux fois par jour (3).
Quant à la menthe poivrée, l’une des explications possibles de son efficacité pourrait être liée au récepteur TRPM8, un récepteur thermique situé au bout de nos terminaisons nerveuses au niveau de la peau. Détecteur du froid environnemental (4) (5), ce récepteur est activé par le froid mais aussi par le menthol, qui constitue 30 à 55 % de l’HE de menthe poivrée et est à l’origine de la sensation de fraîcheur produite par la plante et son HE. Or TRPM8 étant également un récepteur à androgènes activé par la testostérone (6) (7) (8), il est tout à fait possible que le menthol ait un effet atténuant ou antagoniste des androgènes au niveau local.
Les trois HE gagneraient sans doute à être utilisées ensemble. L’application de l’HE de menthe poivrée en premier, en favorisant la vasodilatation locale, pourrait faciliter le passage de la barrière cutanée par les HE de lavande et de tea tree, et donc leur efficacité. L’HE de menthe verte ( Mentha spicata) peut être envisagée comme solution de remplacement à l’HE de menthe poivrée puisqu’elle a montré, dans un modèle animal de SOPK, la capacité à inhiber les effets de la testostérone (9). Il est conseillé de les utiliser diluées dans une huile végétale, par exemple à hauteur de 30%, sur les zones concernées. Nota : ne pas appliquer ces huiles peu de temps après le rasage et sur trop irritée pour ne pas ressentir de brulûre ou provoquer une réaction cutanée.
Huiles essentielles : les autres pistes naturelles contre l’hirsutisme féminin
Quelques études in vitro donnent des pistes sur l’efficacité potentielle d’autres HE pour réduire l’hirsutisme lié à un excès d’androgènes. Les HE à base d’eugénol semblent être en bonne position puisque, dans une étude comparant différents composés aromatiques, l’eugénol présentait la plus forte activité antagoniste, c’est-à-dire bloquant le récepteur des androgènes (10). L’HE la plus riche – et de loin – en eugénol est celle de clou de girofle. Attention cependant, car elle est dermocaustique et doit s’utiliser diluée dans une huile végétale (20 % d’HE au maximum, mais sur le visage il est conseillé de diluer encore plus).
L’HE de fenouil, quant à elle, contient principalement du trans-anéthol et du di-anéthol aux activités œstrogéniques et antiandrogéniques. L’application d’un gel à base de 3 % de cette HE pendant six mois a permis de réduire l’hirsutisme modéré au niveau du visage de femmes participant à une petite étude (11). Du fait de ses propriétés œstrogéniques, cette HE sera toutefois à éviter en cas de mastose ou de cancer hormonodépendant (et comme beaucoup d’autres HE en cas de grossesse ou d’allaitement). Comme toujours avec les HE, faites un test d'application de vos préparations dans le pli du coude au moins 48 heures avant de les utiliser sur le visage.
Si, pour les déséquilibres hormonaux de ce type, un traitement de terrain est nécessaire, ces applications cutanées peuvent néanmoins aider à résorber les poils importuns, à condition de bien veiller à utiliser des HE de grande qualité – surtout pour l’HE de tea tree – pour éviter des réactions cutanées indésirables, en particulier sur la zone fragile du visage.
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Références bibliographiques
(1) « The Effects of Lamiaceae Plants on Sex Hormone Levels and Clinical Signs in Women with Hirsutism: A Systematic Review and Meta-Analysis », Curr Wom Health Rev, 2024.
(2) « Prepubertal Gynecomastia Linked to Lavender and Tea Tree Oils », N Engl J Med, 2007.
(3) « Possible efficacy of Lavender and Tea tree oils in the treatment of young women affected by mild idiopathic hirsutism », J Endocrinol Invest, 2013.
(4) « The cool things to know about TRPM8! », Channels, 2020.
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