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La face
cachée
des hôpitaux
Vous irez peut-être voir Hippocrate, le film de Thomas Lilti, qui est sorti hier au cinéma. Le film fait un petit buzz en ce moment parce qu'il présente la vie d'un jeune interne à l'hôpital. On y rit, et surtout, on s'exclame devant cette critique sans concession de nos établissements hospitaliers. C'est une comédie et il ne faut surtout pas y voir autre chose, parce qu'autrement, on s'énerve, enfin "je" m'énerve.
Bien-sûr, les gens qui travaillent dans les hôpitaux sont dévoués et impliqués dans leur travail. Bien-sûr, le personnel médical est confronté à des cas sociaux de toutes sortes, éventuellement agressé. Bien-sûr, ces gens sont confrontés à la mort et à la misère humaine. Ils font de leur mieux, avec les moyens, de plus en plus faibles, qu'on leur alloue. Et de temps en temps, ils font une grosse fiesta, "on les comprend, ça doit être dur comme métier". OK.
Mais la réalité de l'hôpital public c'est aussi une institution qui manipule 50 milliards d'euros chaque année. Il y a en gros 600 établissements publics hospitaliers. Chaque année, les hôpitaux achètent pour 7,5 milliards d'euros de médicament et de dispositifs médicaux. Chaque année, ils amortissent 5 milliards d'euros d'immobilier et d'appareils.
En vrai-de-vrai, l'hôpital public est riche et dépense sans compter, même dans le personnel (35 milliards d'euros). Dans le quotidien, le dévouement naturel des soignants est, malgré tout, confronté au nombre. Au nombre de patients, un peu, mais surtout au nombre de documents, d'analyses et d'images qui accompagne chaque dossier, sans compter les documents administratifs. La petite larme qu'on verse quand un patient meurt, est moins fréquente que celle versée après avoir compulsé des centaines d'analyses.
L'hôpital, c'est aussi une machine à distribuer des médicaments (notamment pour calmer les patients toujours prêts, il est vrai, à se croire à l'hôtel et à se plaindre du service). C'est un véritable hypermarché et il y a beaucoup d'argent à la clef.
Pour en revenir à ce film, Hippocrate, il est drôle, mais il ne présente finalement que la face glorieuse de l'action médicale. Celle qui est inspirée d'Hippocrate. Mais derrière le médecin grec, se cache un rouleau compresseur capable, on l'a vu récemment, de fermer le service du Dr Delépine à Garches sans états d'âme. Et ça, le film n'en parle pas.
Hippocrate, chacun le sait, disait que l'alimentation devait être notre premier médicament. Allez dire ça aux hôpitaux...
L'hôpital pourrait être un lieu de paix et de guérison... et c'est tout le contraire.
La paix ? Elle n'a jamais été la spécialité des hôpitaux où l'idée de départ était de soigner le maximum de gens dans le moins de mètres carrés. Les hôpitaux ne sont pas des endroits paisibles, par nature. La paix s'éloigne un peu plus ces derniers temps depuis que les malades sont devenus méfiants, rétifs et souvent agressifs.
La guérison ? Oui, les gens sortent soignés, mais dans quel état ! Avec un système immunitaire à plat, tout un tas de produits chimiques dans le sang, dénutris, stressés... Si on n'attrape pas à chaque coup une infection nosocomiale, on a généralement les effets secondaires en prime.
Oui j'en veux aux hôpitaux de ne pas oser proposer aux patients des environnements moins techniques, des soins moins académiques, des traitements plus naturels.
Oui j'en veux aux hôpitaux qui - sous prétexte d'avoir l'obligation d'accueillir tout le monde - n'accueillent plus personne.
Oui je leur en veux de dépenser tant dans les appareils, et si peu dans la gestion des malades et des familles. Ne me dîtes pas que des maladies nouvelles apparaissent tous les quatre matins ou qu'un bras cassé d'aujourd'hui est si différent d'un bras cassé d'hier. Les maladies, nous dit-on, sont connues et répertoriées, leurs traitements aussi. Et la plupart des gens n'ont rien de plus que ce que leurs ainés avaient, il y a seulement cinquante ans. Pas besoin d'examens en 3D pour ça. Pas besoin d'analyse ni même d'alitement pour la plupart des troubles.
Il y a beaucoup plus de pathologies longue et moyenne durée, soit. Mais c'est justement là que l'accueil est le plus important.
"Ah, mais on n'a pas le temps".
Achetez un scanner de moins et prenez le temps bon Dieu ! Et si vous n'avez pas le temps, trouvez des gens qui en ont !
Il y a en France des milliers de thérapeutes qui seraient trop contents de pouvoir intervenir pour le compte d'un l'hôpital, même gratuitement. Il y a toutes sortes de thérapies : par le rire, par l'art, par le son, par l'odeur. Je ne demande pas aux médecins des hôpitaux de pactiser avec le diable des médecines douces, mais il y a des tas de thérapies qui ne posent pas de problème de conflit d'intérêt et qui sont efficaces. Coût, zéro.
Méditation, musicothérapie, hypnose, rire, travail de la voix... bouffe bio en prime... Voilà ce que je voudrais pour l'hôpital.
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