Burma contre Big Pharma

Pour tout vous dire, je suis un grand admirateur du travail de Tardi, dessinateur et scénariste de bandes dessinées, et notamment de son adaptation des aventures de Nestor Burma, le héros de Léo Malet. Je désespérais de pouvoir un jour vous présenter son travail dans nos colonnes. Mais c’est Noël ! Vingt ans après M’as-tu vu en cadavre ?, Tardi redonne vie à Nestor Burma, le détective qui met le mystère KO, à son agence Fiat Lux, à sa secrétaire Hélène Chatelain, au commissaire Florimond Faroux et au journaliste Marc Covet.

Nous sommes en décembre 1957. Il fait froid. Burma commence à renifler à cause d’une vilaine grippe. Il compte bien la soigner avec les " gouttes tout à fait épatantes " des laboratoires Manchol. Pas le temps de les doser dans un verre d’eau qu’il reçoit la visite de madame… Manchol. Vous l’avez compris, cette aventure des Nouveaux mystères de Paris, se situant dans le XXe arrondissement, explore les coulisses abjectes et révoltantes de l’industrie pharmaceutique et agroalimentaire, entre corruption et expérimentation animale.

Comme toujours, Burma est truculent, cynique, horriblement désinvolte bien qu’il dévoile une étonnante affection voire affliction pour les animaux et leur sort. Comme toujours, ça sent la pipe et le petit gris dans les bistrots de quartier où le blanc sec coule à flots et où l’argot côtoie l’imparfait du subjonctif. Cerise sur le gâteau, dans cet épisode touchant à la santé, Nestor Burma nous apprend que Verlaine a été hospitalisé à Tenon pour un ulcère à une jambe, à Bichat, Cochin, Broussais pour cause de syphilis, diabète, souffle au cœur, cirrhose, érysipèle infectieux, hydarthrose du genou, pneumonie…

Vrai ou faux ? Ce qui est réel, c’est le plaisir de plonger dans ces aventures et dans ce Paris gris et poissard que le souci du détail et le trait épais et inimitable de Tardi rendent terriblement vivant. On vous le dit, c’est Noël. Et c’est un vrai cadeau à offrir.