Accueil Polémiques Médecin : vaut-il mieux choisir une femme ?
Médecin : vaut-il mieux choisir une femme ?
Vaut-il mieux choisir une femme ou un homme comme docteur ? Une question que l’on pourrait légitimement se poser à la lumière de différentes études.
La dernière en date nous vient de Floride, où les analyses statistiques de quelque 580 000 patients reçus aux urgences pour un problème cardiaque sur une période de 20 ans montrent une réalité troublante : les taux de décès étaient plus bas lorsque le médecin référent était une femme plutôt qu’un homme . Oh, pas un grand écart, juste de l’ordre d’un demi-pour cent.
Mais si l’on ajoute à cela le fait que les femmes sont moins bien diagnostiquées, et donc moins bien traitées pour leurs problèmes cardiaques, l’écart devient plus substantiel : les patientes traitées par des médecins hommes avaient, selon ces statistiques, 1,5 % moins de chance de survivre à une crise cardiaque que des patients hommes pris en charge par une femme médecin. Ce n’est finalement pas grand-chose, pensez-vous peut-être, mais ce n’est sans doute pas rien lorsqu’on rapporte ces petits pourcentages aux millions d’hospitalisations annuelles. Et ce n’est pas rien non plus quand il s’agit de vous sur le brancard !
En 2016, une étude de l’université de Harvard sur près de 1,6 million de personnes a révélé que les personnes âgées admises à l’hôpital se portaient bien mieux si l’interne qui s’occupait d’eux était une femme plutôt qu’un homme. Concrètement, dans les trente jours après leur sortie, ils revenaient moins à l’hôpital et mouraient moins souvent.
Les auteurs des études appellent à rester prudents sur les interprétations de ces chiffres, mais avancent tout de même quelques facteurs explicatifs. Les femmes médecins suivraient plus souvent les protocoles standard et communiqueraient mieux auprès des patients , en utilisant par exemple moins de jargon médical, ce qui permettrait de mieux faire passer leurs conseils. Maiselles accorderaient également, comparativement à leurs collègues masculins, plus de temps à leurs patients en les écoutant plus, ce qui rendrait la détection de symptômes potentiellement graves plus aisée.
En 2013, une synthèse de 33 études confirmait ces échanges plus denses des femmes médecins avec leurs patients, avec un temps de consultation en moyenne 10 % plus long que leurs homologues hommes . Cette durée supplémentaire a bien sûr un coût, avec des journées moins rentables ou plus longues. Le prix à payer pour une médecine plus sûre et centrée sur le patient ?
Sur ce front, beaucoup reste à faire. Des chercheurs ont ainsi calculé le temps qu’avaient les patients pour exposer leur problème en consultation avant de se faire couper la parole par leurs médecins . Ces durées varient bien sûr selon les pays, les types d’établissements ou les cultures professionnelles ; mais toutes révèlent un manque d’écoute effrayant.
Dans une étude de la région de Boston, par exemple, les interruptions intervenaient entre 3 secondes après la prise de parole du patient (3 secondes ! tout juste le temps d’un éternuement !) et 234 secondes, avec une durée médiane de 12 secondes . Dans une autre étude, publiée en juillet dernier, il apparaît que seul un tiers des médecins (36 %) appellent d’emblée leurs patients à verbaliser leur motif de consultation avec un petit « Qu’est-ce qui vous amène ? » ou « Que puis-je faire pour vous ? ». Et, lorsqu’ils le font, leurs patients se voient interrompus dans leurs explications après 11 secondes en moyenne. Enfin, selon une autre étude, médecins (hommes comme femmes) coupent plus rapidement en consultation la parole – oh surprise - aux femmes.
Malgré une prise de conscience croissante de l’impact du genre sur la santé, et des travaux de plus en plus nombreux sur les différences hommes/femmes dans la prise en charge médicale, il n’existe pas encore d’étude comparant les façons de faire (et les résultats) des hommes et femmes médecins en France . Sans doute cela brusque-t-il trop notre universalisme républicain ou notre idéalisme de principe, qui fera dire à certains que « peu importe le sexe du médecin tant qu’il est bon » (certes !), ou qu’il est impossible de généraliser, et que d’ailleurs, votre médecin est un homme et qu’il est très à l’écoute (tant mieux !). Mais la vertu des statistiques et des moyennes, ce n’est pas de jeter la pierre à untel ou untel, c’est surtout de donner à voir des réalités parfois invisibles et de nous amener à réfléchir collectivement sur notre culture ou nos pratiques.
Que vous préfériez un médecin homme ou un médecin femme est, bien entendu, un choix éminemment personnel. Et au fond, peu importe, s’il ou elle vous convient. Mais dans tous les cas de figure, un conseil aux patients : faites-vous entendre.
En aucun cas les informations et conseils proposés sur le site Alternative Santé ne sont susceptibles de se substituer à une consultation ou un diagnostic formulé par un médecin ou un professionnel de santé, seuls en mesure d’évaluer adéquatement votre état de santé
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