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Tempête sur les médecines alternatives
Perquisitions musclées, stocks saisis, poursuites judiciaires : depuis quelque temps, les coups pleuvent sur les laboratoires et distributeurs spécialisés dans la pharmacopée chinoise et les compléments alimentaires. Une offensive de grande ampleur contre la médecine alternative dont le calendrier ne doit rien au hasard…
Rappelez-vous. Fin 2017 et début 2018, nos côtes et nos terres ont été balayées par de sérieuses salves tempétueuses nommées Ana (11 et 12 décembre), Bruno (27 et 28 décembre), Carmen (1er janvier), Eleanor (2 et 3 janvier). De bons coups de vent à répétition qui ont laissé sur le carreau et sans électricité des milliers de foyers.
Eh bien, il faudra peut-être trouver un nom pour le véritable coup de tabac judiciaire qui s’abat sur la médecine alternative. On ne compte plus les praticiens inquiétés, si ce n’est harcelés par les instances judiciaires et sanitaires.
La situation est telle qu’il nous a semblé urgent de contacter Frédéric Breton, président du SFMC, le syndicat français de médecine chinoise, afin d’éclairer le mieux possible ce que nous esquissions dans l’édito de ce numéro.
Coup de bambou
Rappel rapide (désolé pour ceux qui, justement, auraient lu l’édito). Équilibre Sinovital, l’un des plus grands laboratoires distributeurs de remèdes issus de la pharmacopée chinoise a été perquisitionné et ses stocks saisis deux fois de suite en moins d’un an. Lors de la dernière perquisition, le 10 janvier, ce sont pas moins de 40 gendarmes et policiers, aussi bien français que belges, qui ont déboulé dans les locaux de la société, soldant cette visite de courtoisie par la saisie des stocks de Mouscron (en Belgique) et l’arrestation du directeur.
Ces procédures font peur (aussi bien en interne que chez les clients) et jettent le discrédit sur tout un secteur – c’est sans doute l’objectif. Il est ici question d’« exercice illégal de la pharmacie, d’importation et vente de substances prohibées, notamment la corne de rhinocéros ». L’os, c’est que tous les acteurs en contact avec la société Équilibre Sinovital sont unanimes pour dire qu’elle n’a jamais vendu ce produit, et surtout qu’aucun praticien français ne recommande de prendre de la corne de rhinocéros ni aucun autre ingrédient traditionnel issu d’espèces protégées par les conventions internationales.
C’est le cas notamment de l’éphèdre, dont on tire l’éphédrine. « Son interdiction en France par une circulaire de l’AFFSAPS (devenu depuis l’ANSM) est scrupuleusement respectée », explique Frédéric Breton, rappelant que « la médecine traditionnelle chinoise n’étant pas réglementée, le syndicat qu’[il] représente exige une attitude irréprochable, surtout dans le cadre juridique ».
Et les accusations sont d’autant plus troublantes que la société, raconte Frédéric Breton, a été rachetée courant 2017 par une entreprise suisse alémanique. Travaillant lui-même à Genève, il insiste sur l’intérêt scrupuleux que cette société helvète porte au respect de la règle. Ce qui semble confirmer un peu plus le motif fallacieux de la perquisition…
Ça tombe mal !
Ces descentes et poursuites judiciaires récurrentes ont poussé les syndicats de médecine chinoise (SFMC, OSMC, SIATTEC) à lancer une alerte au titre explicite : « Un harcèlement judiciaire disproportionné ! »
Et pour cause ! Au-delà du nombre des affaires et du caractère spectaculaire des procédures (40 gendarmes qui débarquent pour une perquisition, armés, pas forcément souriants, munis de gilet pare-balles, franchement, ça ne fait rire personne), c’est une bien curieuse concordance des temps que pointe du doigt Frédéric Breton. « Ces actions et procédures, qui jettent le trouble, le discrédit, notamment pour Sinovital dont l’enquête en cours interdit à ses avocats d’avoir accès aux dossiers et donc de constituer une défense, tombent comme par hasard à un moment sensible, au moment où l’on travaille avec de nombreux sénateurs à l’esquisse d’un projet de réglementation en France de la pratique de la médecine traditionnelle chinoise. »
Et Breton enfonce le clou : « C’est même une volonté gouvernementale, puisque contre toute attente, Agnès Buzyn, ministre de la Santé, est intéressée par un tel projet de réglementation qui permettrait à de non-médecins de pratiquer la MTC. » Alors, évidemment, dans un tel contexte sensible, la kyrielle de procédures fait tache. S’il ne fait aucun doute pour le président du Syndicat français de médecine chinoise que ces opérations sont « cousues de fil blanc », il se montre plus prudent dès lors qu’il s’agit d’en dire plus.
Néanmoins, il ne cache pas son sentiment : « Pour moi, l’origine est administrative et je pointe du doigt les institutions de santé et les hauts fonctionnaires. Quand on se montre irréprochable en termes de cadre juridique et législatif, on ne sait pas comment attaquer, alors on va sortir les mythes et notamment cette sordide corne de rhinocéros. » Mais Breton va plus loin : « Il se trouve que la MTC et toutes les autres pratiques de thérapies alternatives sont de plus en plus solides, en termes de formation, de pratiques. »
Pour Frédéric Breton, il ne fait aucun doute que les autorités de santé ont pris la mesure de cette montée en puissance, et qu’elles ne pourront plus faire sans les médecines alternatives. Du coup, « les autorités de santé pourraient tout mettre en œuvre pour freiner ce développement… le temps qu’elles s’organisent et qu’elles intègrent de nouveaux cursus dans les facs de médecine ». À méditer. Mais, croyez-nous quand on vous dit que ces affaires de perquisitions, d’intimidation et de pression sont à suivre. La suite, donc, dans nos prochains numéros.
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