Accueil Polémiques La fracture entre médecins s'élargit
La fracture entre médecins s'élargit
Peut-être l’avez-vous lu comme moi dans la presse : 245 millions d’euros de «cadeaux» et de «contrats» ont été distribués par les laboratoires pharmaceutiques aux professions médicales (principalement des médecins) entre janvier 2012 et juin 2014. Environ 235 000 «conventions» entre médecins et labos ont été signées, 5 000 bénéficiaires sont recensés dont les plus gros approchent les 100 000 euros «d’avantages». Il y a aussi ce psychiatre recordman qui cumule 20 contrats (un toutes les deux semaines !) et plus de 70 000 euros de cadeaux... Et pour finir, on apprend que la champion toutes catégories des «avantages» distribués est le groupe Novartis (18 millions d’euros de cadeaux), suivi par Sevier (vous savez, le Mediator) : 13 millions d’euros...
Quelques jours plus tard sortait dans la presse une autre affaire. On apprenait que les membres des instances officielles (experts et membres dirigeants) qui président aux destinées des médicaments avaient été copieusement - et secrètement - arrosés par les laboratoires afin qu’ils donnent des avis favorables à la mise sur le marché de certains traitements mis au point par les laboratoires.
On comprend donc que les labos n’y vont pas avec le dos de la cuillère, mais on s’en doutait. Et d’ailleurs, on pourrait considérer que 245 millions pour 400 000 professionnels, c’est 600 euros par bénéficiaire sur 2 ans et demi... Quelle profession n’a pas ses petits avantages ? Sauf que, parmi les médecins, il y a ceux «qui touchent» et ceux qui n’ont rien... et ne réclament rien d’ailleurs.
Reste que ces deux enquêtes explosives révèlent une fracture entre médecins, ceux qui veulent s’en mettre plein les poches, et les autres. Une fracture qui est également apparue au grand jour lors des récentes manifestations de médecins contre le projet de loi de Marisol Touraine. Il y avait ceux qui défendaient leur intérêts financiers en disant, à juste titre, que le tiers payant les obligera à être totalement dépendants des remboursements des organismes sociaux. Et puis il y avait ceux qui y voyaient surtout une atteinte mortelle au métier même de médecin et à ses deux fondements qui sont la liberté de prescrire et la confidentialité de la consultation.
Beaucoup de médecins défendent encore une médecine éthique et honnête, certains d’entre eux se sont rassemblés dans un collectif, baptisé Formindep, qui milite pour la transparence dont le président disait récemment : «Le Ministère ne peut plus continuer de protéger, contra la volonté du législateur, l’opacité de ces contrats. Les liens contractuels des médecins leaders d’opinion sont directement impliqués dans la corruption de la décision publique et les scandales sanitaires successifs».
Avec ces médecins intègres, on peut encore espérer que l’on pourra revenir à une médecine où les praticiens prendront le temps avec leurs patients, pourront lire les publications scientifiques et ne penseront, finalement, qu’à vous tirer d’affaire.
Quel bonheur ce serait si tout redevenait comme avant ! Quand le médecin était modeste et ancré dans le local... Les gens venaient le voir et lui parler, il les soignaient du mieux qu’il pouvait et recevait, parfois, un poulet en guise de paiement. Avec ce médecin là, je suis convaincu que nous, les tenant de la médecine alternative, aurions pu nous entendre.
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Médecin généraliste, une profession malmenée