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La polymédication fait des dégâts
Des chercheurs de l’université de Liverpool (Royaume-Uni) ont récemment mis en évidence un quasi triplement, sur une période de quinze ans, des cas d’hospitalisations dues directement à la prise de traitements médicamenteux.
Cette augmentation serait associée au phénomène croissant de polymédication, lui-même lié à la multiplication des maladies chroniques au sein de la population anglaise (et plus généralement occidentale). En effet, de plus en plus de personnes sont atteintes simultanément de plusieurs pathologies longues telles que le diabète, l’hypertension, l’asthme, etc. Or, la coexistence de ces maladies chez un patient implique la prise simultanée de différents traitements. Cette polymédication (plus de 5 traitements réguliers) peut provoquer des interactions croisées et des effets indésirables parfois graves, notamment pour le foie.
Ainsi, selon l’équipe scientifique anglaise qui s’est basée sur une cohorte de 1 187 admissions médicales sur une période d’un mois (en 2019), 16,5 % des hospitalisations seraient causées ou compliquées par une réaction indésirable à un médicament. Pour comparaison, en 2004, elle ne représentait que 6,5 % des admissions à l’hôpital.
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Faute à la sur-prescription
Cette augmentation exponentielle serait due non seulement à l’explosion des maladies chroniques que connaissent les pays du Nord depuis plusieurs décennies, mais également à une tendance croissante à « la sur-prescription » au cours des vingt-cinq dernières années, comme le soulignent les chercheurs. Ce phénomène a été mis en évidence dans un autre récent rapport de 2018 du NHS (National Health Service) ; selon ce rapport 10 % des ordonnances (environ 110 millions) n’auraient pas dû être délivrées. En outre, les hospitalisations dues aux effets secondaires médicamenteux coûteraient 2 milliards de livres sterling aux services de santé.
Alors qu’en France on ne parle que depuis peu, et encore timidement, d’initiatives en faveur de la déprescription, il semble essentiel d’engager plus avant la réflexion sur la limitation de la prise de traitements non nécessaires et, prenons-nous à rêver, à l’orientation vers des alternatives plus naturelles lorsqu’elles existent. Une refonte systémique qui serait alors bénéfique aussi bien pour les finances publiques hospitalières, que pour les patients souvent âgés, assommés et parfois démotivés par des montagnes de pilules à prendre quotidiennement.
Références :
Government review finds 10% of drugs dispensed in England are pointless, 2021.
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