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Les labos sèchent leurs larmes
Dans un récent billet, nous évoquions les larmes des laboratoires pharmaceutiques. Ça y est, ils se sont mouchés et ont obtenu gain de cause. Depuis le 1er octobre, le prix de l’amoxicilline, l’un des antibiotiques les plus vendus en France, a augmenté temporairement de 10 %. C’est la mesure prise par le nouveau ministre de la Santé, Aurélien Rousseau, qui attend en échange que les labos s’engagent à constituer des stocks d’antibiotiques assez solides pour passer l’hiver. L’État commence par l’amoxicilline, mais il pourrait tout aussi bien augmenter le prix d’autres médicaments. Car vous l’avez compris, le gouvernement a cédé aux demandes des laboratoires pharmaceutiques.
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Pour pallier les pénuries de médicaments (plus de 3 700 en 2022 contre 700 en 2018), ces derniers demandaient au gouvernement " la revalorisation du prix de certains médicaments " afin de " solvabiliser [leur] modèle économique ". Comme nous le disions, il s’agit de médicaments " matures " (dont les brevets sont libres) mais aussi des MITM (médicaments d’intérêt thérapeutique majeur pour la santé cardio- vasculaires, du système nerveux, contre les infections, le cancer, etc.). Le 10 octobre, le ministre de l’Industrie, Roland Lescure, a annoncé une enveloppe budgétaire pouvant aller jusqu’à 50 millions d’euros afin de " renforcer l’attractivité de la production de produits essentiels en France ou en Europe ". Selon le ministre, augmenter le prix des médicaments est censé " permettre une relocalisation ou éviter la délocalisation et ainsi sécuriser nos approvisionnements ".
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Cette déclaration est évidemment applaudie par les labos qui réclament déjà la pérennité de l’augmentation. Mais outre le fait qu’une relocalisation d’une telle industrie semble improbable tant elle est polluante, l’augmentation se reportera sur le reste à charge des patients à qui, comme le fait remarquer la journaliste Alexandra Chaignon*, " on demande de payer pour l’incurie des laboratoires pharmaceutiques ". D’autant que l’industrie pharmaceutique est déjà largement soutenue par des financements publics. Aides publiques accordées pour la recherche et le développement, remboursement des médicaments par la Sécurité sociale, déblocage de fonds pour les relocalisations, mais aussi crédit d’impôt recherche (CIR) qui taquine les 710 millions d’euros, les labos pharmaceutiques ont décidément un appétit d’ogre et des larmes de crocodiles.
Références bibliographiques
* " Pénuries de médicaments : les prix grimpent, les patients trinquent ", dans L’Humanité magazine, du 19 au 25 octobre 2023.
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