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Les larmes des labos
Pendant que les juillettistes prenaient des vacances bien méritées, c’était la guéguerre à Paris. Les belligérants ? Le puissant lobby des laboratoires pharmaceutiques, le Leem, contre les sénatrices Sonia de la Provôté (centriste) et Laurence Cohen (communiste), respectivement présidente et rapporteure de la commission d’enquête sénatoriale sur la pénurie des médicaments. Le lobby s’est indigné des conclusions de cette commission d’enquête… et pour cause. Non seulement le rapport du Sénat a été très critique à l’égard de l’industrie pharmaceutique mais il a réussi, chose rarissime, à réunir l’ensemble des groupes politiques du Sénat, de droite comme de gauche, autour d’un constat commun.
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En premier lieu, ce rapport souligne que " la négociation entre les pouvoirs publics et les grands laboratoires est structurellement déséquilibrée : les menaces d’arrêt de commercialisation […] ou de déni d’accès précoce sont des armes de choix entre les mains des exploitants. Le résultat de ce chantage aux prix, encouragé par la financiarisation des laboratoires, est une explosion du prix en faveur des traitements innovants ". Le rapport affirme que " les industriels pharmaceutiques envisagent d’abandonner la production de près de 700 médicaments, incluant des MITM (médicaments d’intérêt thérapeutique majeur) " et qu’un " laboratoire qui développe un médicament en monopole dispose, de fait, d’un droit de vie ou de mort sur les patientes et les patients ". C’en était trop pour le lobby qui, dès le lendemain, le 7 juillet, a accusé Laurence Cohen, la rapporteure, d’avoir instruit à leur égard, " un procès en cynisme " et " s’indigne " de ses propos, évoquant des déclarations qui dénotent " une approche idéologique, qui nie purement et simplement l’apport thérapeutique d’un nouveau médicament ", reprochant à Mme Cohen d’avoir eu " des propos blessants qui ne reflètent pas la réalité des 103 000 salariés français de l’industrie du médicament qui se mobilisent pour la santé des patients ".
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En ne ciblant que la rapporteure, le lobby a dû estimer tenir là la bonne stratégie de sortie de crise. C’est oublier, comme lui répond la commission, que " le rapport ne reflète pas la position personnelle de la rapporteure […] mais celle de l’ensemble de la commission ". Contre la pénurie, le Leem a bien avancé une solution. Pour " solvabiliser le modèle économique du médicament ", il appelle " le gouvernement à […] concrétiser les mesures annoncées de revalorisation du prix de certains médicaments matures ". Augmenter le prix des médicaments pour lutter contre leur pénurie, ça, ce n’est pas du cynisme. Pas du tout.
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