Pilues roses. De l'ignorance en médecine

C’est après la pose de son stérilet lui ayant causé de très fortes douleurs que l’autrice, chercheuse en philosophie, spécialisée en philosophie de la médecine, se voit prescrire du Spasfon. Il est totalement inefficace contre ses souffrances, et elle commence à faire des recherches sur les effets de cette pilule rose. Elle tombe sur un tweet viral : " J’ai jamais vu un médicament autant inefficace que le Spasfon PTDR [Pétée de rire, NDLR], tu prends 3 comprimés, ça agit pas, frère. " Elle se dit alors que ce n’est pas elle qui divague.

Et cela lui donne envie d’approfondir le sujet : existe-t-il des études permettant de justifier l’omniprésence du Spasfon dans les armoires à pharmacie ? Ces études sont-elles solides ? Est-ce que le Spasfon est plus couramment prescrit aux femmes qu’aux hommes ? Combien de personnes continuent de souffrir en espérant que le Spasfon qu’elles ont pris agisse ? Etc.

À travers son enquête, elle découvre que le Spasfon est une molécule française, disproportionnellement et massivement prescrite aux femmes, avec un succès sur le marché pharmaceutique français sans commune mesure pour un médicament disponible sur peu de marchés internationaux.

Elle s’étonne de constater que son autorisation de mise sur le marché a, au départ, concerné deux indications thérapeutiques : les migraines et les coliques néphrétiques. Mais aujourd’hui, la molécule est surtout connue et prescrite en cas de règles douloureuses.

Le Spasfon n’a, d’ailleurs, été testé que sur 10 femmes pour son efficacité dans les douleurs menstruelles… Tout cela est mis au jour dans ce livre consacré à ce médicament, à son histoire et à son (in)efficacité. Pour l’autrice, ces pilules roses constituent un espace d’ignorance dans la médecine française, c’est-à-dire un espace où la connaissance scientifique a été injustement retardée. Elle défend que cette ignorance construite affecte plus particulièrement la prise en charge médicale des femmes…

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