Gérer les écrans et les périodes de repos

Sabrina Debusquat

rédigé le 01 avril 2023 à 0h00

Gérer les écrn et les sorties en période de révisions

Sommaire du dossier

Dès la mi-juin, des millions d’élèves vont noircir leurs copies de brevet, de bac ou de fac en vue d’obtenir un diplôme déterminant pour leur avenir. Stress, troubles du sommeil, fatigue, surconsommation d’écrans… Découvrez comment les aider au naturel et sans médicaments, en faisant avec leur physiologie plutôt que contre.

Véritable nouveauté à laquelle font face les dernières générations de parents, les écrans semblent être des concurrents sérieux aux capacités d’attention des enfants et adolescents. Pour autant, « fliquer » le temps d’écran fonctionne-t-il ? Et quel est le bon équilibre entre réviser et relâcher la pression ?

Bannir l’ordinateur portable en cours

Si les écrans font concurrence aux fiches révisions de votre ado à la maison, c’est aussi le cas en amont, durant les cours. D’après des recherches menées par Susan Ravizza (spécialiste en neuro- sciences de l’université d’État du Michigan) sur 84 étudiants, ceux qui suivent les cours avec un ordinateur devant eux passent jusqu’à 40 % de leur temps de classe à réaliser des activités en ligne (réseaux sociaux, jeux vidéo, messageries instantanées), plutôt qu’à écouter leur enseignant.

De mauvaises habitudes qui ne sont pas sans conséquences puisque, plus les élèves se dispersent en ligne, plus leurs notes aux examens se dégradent. Par conséquent, rappeler à votre ado qu’il s’épargne de futures révisions en écoutant attentivement en cours est un argument qui peut faire mouche.

Des outils concrets pour limiter le temps d’écran

Sur téléphones Android, l’outil « Bien-être numérique et contrôle parental » (« Temps d’écran » chez Apple) limite automatiquement les temps d’écran ou d’usage d’applications particulières (comme les réseaux sociaux) et dispose d’un mode sommeil. Les ordinateurs et tablettes disposant de l’application Family Link ou de Windows 10 proposent des outils de limitation du temps d’écran permettant de définir des plages de révisions ou des restrictions automatiques de temps d’usage. Les consoles Xbox et PS4 disposent des mêmes systèmes de limitation.

Réviser moins mais mieux ?

Selon un sondage BVA paru en 2016, à cause des sollicitations digitales, 36 % d’entre nous, et particulièrement les plus jeunes, avons des difficultés à nous concentrer sur une tâche qui demande de l’attention (comme la rédaction d’un devoir ou la lecture d’un livre). Le Dr Daniel Siegel explique en effet qu’il y a « réviser et réviser », et que certains ados lui confient être « incapables » de se rappeler ce qu’ils lisent ou ce qu’ils ont étudié. Faisant souvent « plusieurs choses à la fois », ils « perturbent continuellement leur cerveau », ce qui va « à l’encontre des conditions nécessaires aux modifications synaptiques permettant l’apprentissage scolaire ».

Face à ce problème, il prône plutôt de vraies périodes de révisions alternant avec de vraies périodes de repos plutôt que des révisions très fréquentes mais peu qualitatives car parasitées par les écrans. Aller prendre l’air, faire du sport mais aussi prendre le temps de rire et de profiter d’activités collectives « sans règles rigides » et où les ados sont autorisés à « faire les idiots sans être jugés » est, selon lui, tout aussi importants pour développer le cerveau que les moments plus sérieux de révisions. D’ailleurs, des recherches récentes montrent que l’exercice physique, comme la marche ou la course, permettent de favoriser les processus d’apprentissage qui se jouent dans l’hippocampe.

Un parent détendu en vaut deux

« On nous demande souvent quels conseils donner aux parents dont les ados passent leurs examens. Nous répondons régulièrement : “Lâchez-les !” Un parent détendu et positif est le meilleur cadeau que l’on puisse faire à un ado qui passe un examen. » Cela peut paraître « un peu raide », concèdent Audrey Akoun, psychothérapeute, et Isabelle Pailleau, psychologue clinicienne spécialiste des apprentissages, autrices de Keep calm et réussis tes exams (éd. Eyrolles).

Cependant, selon elles, à un mois du fameux examen, « les carottes sont presque cuites » : « Soit votre ado n’a pas du tout pris la mesure de l’enjeu de l’examen et ne voit toujours pas la nécessité de se mettre au travail. Dans ce cas, vos tentatives risquent de rester vaines. Soit il a tout à fait conscience des enjeux et n’a donc surtout pas besoin qu’on lui en rajoute. »

Les deux spécialistes conseillent donc aux parents de faire confiance à leur ado et d’éviter de contrôler combien de temps il a travaillé ou de lui « sauter dessus » dès qu’il est devant la télé ou sur Facebook, rappelant que nous-mêmes ne travaillons pas mieux si notre patron, nos collègues ou nos clients nous « tapent sur l’épaule toutes les cinq minutes pour nous demander si nous avons terminé notre dossier ».

Encourager plutôt qu’interdire

Il vous arrive peut-être d’interdire les écrans ou les sorties à vos enfants. Pourtant, on sait aujourd’hui que donner un but, agir « pour » plutôt que « contre » s’avère en général plus productif. Comme le préconise le Dr Siegel, expert du cerveau de l’enfant : « Au lieu d’essayer de réprimer une impulsion, l’adolescent et son entourage devraient se focaliser sur un élément positif à encourager. »

Par la structuration de son cerveau, l’ado va plutôt rechercher la poussée d’adrénaline ou de dopamine que lui procure le fait de jouer, au détriment de ses révisions. Lui rappeler les conséquences à terme de tels choix, l’encourager à « réfléchir à ses valeurs, à ce que lui souffle son instinct » sera plus efficace, dit le Dr Siegel, que de « simplement réprimer ses impulsions et ses coups de tête ».

Références bibliographiques

« Logged In and Zoned Out », Psychol Sci., février 2017.

« L’attention a l’heure du numérique », Bva-group.com, septembre 2016.

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