Accueil Actualités Les sentiments de compassion ou d'isolement reflétés dans le microbiote ?
Les sentiments de compassion ou d'isolement reflétés dans le microbiote ?
Déjà impliqué dans de nombreux systèmes et fonctions biologiques, le microbiote intestinal serait également associé à la compassion, à une forme de « sagesse » ou au sentiment d’isolement d’après une récente publication du journal Frontiers in Psychiatry.
Le microbiote intestinal est une composante essentielle de l’axe intestin-cerveau dont la compréhension par la science continue de progresser. Cet écosystème complexe associe, on le sait aujourd'hui, la fonction intestinale aux aires émotionnelles et cognitives du cerveau. Il est établi que son altération peut engendrerdes troubles du comportement et de la santé mentale très divers : réponse au stress inappropriée (insuffisante ou excessive), processus de décision faussé, modification des traits de personnalité... Un nombre croissant de travaux mettent également en lumière son implication dans la dépression, les troubles bipolaires ou la schizophrénie. Des recherches récentes ont également établi une relation entre l’état du microbiote et le comportement social, observant que les personnes ayant un réseau social plus large que la moyenne tendent à présenter un microbiote plus diversifié.
La nouvelle étude californienne se propose d’investiguer le lien entre le microbiote et le sentiment d’isolement, la « sagesse » (compassion, empathie, réflexivité), ainsi que le niveau de soutien et d’engagement social envers les autres au travers d’un système d’auto-évaluation auprès de 187 participants. « Nous avons découvert qu’un faible sentiment de solitude et des niveaux élevés de sagesse, de compassion et d’engagement social étaient associés à un microbiote plus riche et plus diversifié », rapporte Tanya T. Nguyen, professeure-assistante en psychiatrie à la University of California San Diego School of Medicine et auteure principale de la publication. « Il est possible que le sentiment d’isolement résulte d’une instabilité du microbiote, indicatrice d’une résistance au stress et d’une résilience moindres, pouvant conduire à des effets physiologiques comme l’inflammation chronique. »
Les chercheurs rappellent que des études menées sur des animaux (la souris notamment) ont déjà suggéré la forte influence exercée par le microbiote intestinal sur les comportements et interactions sociales, mais cette dernière n’avait toutefois pas encore été évaluée chez l’humain. « Le sentiment de solitude pourrait induire des modifications du microbiote et, réciproquement, des altérations du milieu digestif pourraient prédisposer un individu à l’isolement », précise Dilip V. Jeste, professeur en psychiatrie et neurosciences et co-auteur de l’étude.
Conscients des limites méthodologiques de ces premiers travaux exploratoires, comme l’absence de données sur le réseau social individuel des participants, leur régime alimentaire ou le degré d’objectivité dans leur auto-évaluation, les auteurs souhaitent pousser plus loin leurs investigations pour mieux comprendre ces phénomènes intrigants inhérents à l’axe intestin-cerveau. Un chantier passionnant et à suivre de près
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Source :
« Association of loneliness and wisdom with gut microbial diversity and composition : an exploratory study », dans Frontiers in Psychiatry, mars 2021
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