Le champignon qui a failli faire sauter la ministre.

Nouvellement nommée ministre de la Science, de la Technologie et de l’Innovation par le président colombien, la biologiste et mycologue Mabel Gisela Torres s’est retrouvée dans la tourmente à la veille de prendre ses fonctions début janvier pour avoir donné à une quarantaine de patients une boisson à base de champignons médicinaux souffrant de cancer, sans autre forme de protocole.

Aux yeux d’une partie de la communauté scientifique colombienne, la nouvelle ministre avait « dérogé à la méthodologie et à l’éthique que réclame l’expérimentation scientifique » et devait démissionner. « L’acte d’offrir de l’espoir à des patients atteints de cancer est critiquable, car contraire à l’éthique et éventuellement dangereux», pouvait-on lire parmi les remontrances relatées dans la presse.

Madame Torres a rapidement précisé qu’elle n’avait aucunement substitué sa préparation aux traitements conventionnels ; une préparation à base de champignons du genre Ganoderma. Pour rappel, le plus connu d’entre eux, Ganoderma lucidum (ou Reishi), est objet de centaines d’articles scientifiques sur son potentiel thérapeutique contre le cancer, même si manquent à ce jour des études cliniques d’ampleur pour statuer clairement sur ses indications (voir par exemple cette synthèse Cochrane). D’autres scientifiques colombiens, considérant que sa nomination au ministère représentait un progrès, lui ont depuis apporté son soutien. La ministre était toujours en poste au 30 janvier. Mais au-delà de ces postures crispées, quelqu’un s’est-il seulement intéressé à l’état des malades ?

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