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L'addiction aux dermocorticoïdes

  • Le recours aux crèmes à la cortisone est un vrai problèmeLe recours aux crèmes à la cortisone est un vrai problème
Article paru dans le journal nº 84

Chaque année, des millions de Français repartent d’un cabinet de dermatologie avec une prescription de dermocorticoïde, soit une crème à la cortisone pour traiter un eczéma, une dermite de contact ou un psoriasis. Pour certains, c’est alors le début du cauchemar. Brûlures, démangeaisons, œdème… sans compter le phénomène de syndrome de la peau rouge ? Combien de patients sont concernés ? Enquête.

Pour certaines personnes atteintes de troubles cutanés, le recours aux crèmes à la cortisone est un vrai problème. Et pour cause, dès qu’ils cessent d’utiliser leur dermocorticoïde, leurs lésions s’étendent et s’aggravent, et seule une nouvelle application soulage temporairement, générant un cercle ­vicieux de dépendance.

Syndrome de sevrage aux corticoïdes : un train de retard

Alors qu’aux États-Unis des associations de patients alertent, la France accuse encore du retard sur le sujet ; elle peine à diagnostiquer ces patients désespérés et à leur proposer des solutions. Sur Internet, le hashtag #TSWwarrior a été utilisé à plus de 15 000 reprises pour évoquer le combat des victimes du « Topical Steroid Withdrawal Syndrome » : le syndrome de sevrage aux dermocorticoïdes connu aussi sous le nom d’addiction aux ­dermocorticoïdes ou encore de syndrome de la peau rouge. Les images choc montrent des patients désespérés, parfois atrocement défigurés, à la peau extrêmement rouge, gonflée ou qui pèle, et qui ­décrivent comment leur vie est devenue un enfer depuis qu’ils utilisent un dermocorticoïde.

Certains n’arrivent plus à dormir tant ils se ­grattent, d’autres dépriment et se coupent de toute vie sociale, car leurs rougeurs ou leur peau qui pèle leur font honte. Ce qu’ils dénoncent ? La plupart d’entre eux ont scrupuleusement suivi les recommandations de leur dermatologue, et c’est depuis qu’ils appliquent une crème contenant de la cortisone que leurs problèmes de peau ont empiré de manière exponentielle.

En chiffres

  • 16 millions de Français seraient touchés chaque année par un problème de peau.
  • 19 % d’entre eux déclarent cumuler jusqu’à trois problèmes de peau.
  • En France, les problèmes de peau les plus fréquents traités aux dermocorticoïdes sont la dermatite atopique (ou eczéma), le psoriasis et l’eczéma de contact(1).
  • 20 % des nourrissons français seraient touchés par un eczéma, et 10 % des adultes(2).

Lire aussi Psoriasis et eczéma : remèdes naturels

Dépendance à la cortisone : un mal causé par un médicament... et connu depuis 60 ans

Le mal dont souffrent ces patients est ­iatrogène, c’est-à-dire qu’il est causé par un médicament, en l’occurrence leur crème à la cortisone. Il recouvre en réalité deux phénomènes : l’allergie au dermocorticoïde et la dépendance qui s’installe suite à cette allergie.

L’allergie aux dermocorticoïdes est ­décrite dans la littérature scientifique depuis les années 1950. Elle reste ­pourtant aujourd’hui méconnue. Et pour cause, elle serait difficile à distinguer de la maladie de peau initialement traitée. En France pourtant, dès 2004, la revue indépendante de médecine générale Prescrire alertait : « Des manifestations allergiques sont imputables aux ­corticoïdes, quel que soit leur mode d’administration. La voie cutanée est souvent en cause. […] Le diagnostic clinique d’une dermite allergique de contact à un dermocorticoïde est difficile à poser dans la mesure où les symptômes sont rarement très intenses (les ...

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Références bibliographiques

Index :

  1. Enquête « Objectifs Peau », sondage avec échantillon représentatif réalisé en 2016 par ­l’Association française de dermatologie.
  2. Association française de l’eczéma.
  3. Rapaport MJ, Lebwohl M. “Corticosteroid addiction and withdrawal in the atopic: the red burning skin syndrome”, Clin Dermatol. 2003 May-Jun;21(3):201-14.
  4. Aloui et al., « Allergie cutanée aux dermocorticoïdes. À propos de 13 cas », Revue Française d'Allergologie, Volume 60, Issue 1, 2020, Pages 10-14.
  5. « Diprosone », Eurekasante.vidal.fr, mis à jour le 25 août 2020.

Autres sources :

M. Baeck, L. Marot, J.-F. Nicolas, D. Tennstedt, A. Goossens, « Hypersensibilité allergique aux corticostéroïdes topiques et systémiques », Volume 1670, Issue 3, 04/2010, Pages 91-365.

Matura M., Goossens A.,  “Contact allergy to corticosteroids”, Review. Allergy 2000; 55:698-704.

« Vigilance : Allergie et dépendance aux dermocorticoïdes », Prescrire, Octobre 2004, Tome 24, n° 254.

Autio P., « Suspect an allergy when a rash is worsened by cortisone ointment”, TABU, 2002; 5, 33-34.

Barbaud A, Waton J., “Systemic Allergy to Corticosteroids: Clinical Features and Cross Reactivity.” Curr Pharm Des. 2016;22(45):6825-6831.

Vatti RR. Et al., “Hypersensitivity reactions to corticosteroids”, Clin Rev Allergy Immunol. 2014 Aug;47(1):26-37.

 

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