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Perturbations endocriniennes ignorées

  • Les perturbateurs endocriniens auraient notamment des effets nocifs sur le neuro- développement des enfants.Les perturbateurs endocriniens auraient notamment des effets nocifs sur le neuro- développement des enfants.
Article paru dans le journal nº 101

Un rapport met en évidence les angles morts des évaluations de certains produits par l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA). Des perturbateurs endocriniens pourraient passer entre les mailles du filet.

Les associations Générations futures et Alerte des médecins sur les pesticides ont évalué 13 substances dont le renouvellement d’homologation par l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) était prévu en 2021. Leur rapport vient observer le nouveau système d’évaluation des perturbateurs endocriniens (PE) basé sur de nouveaux critères d’identification adoptés en 2017 par la Commission européenne mais formalisés par une réglementation neuf ans avant.

Les 13 substances faisaient l’objet d’un renouvellement d’homologation en raison d’impacts négatifs supposés sur l’axe thyroïdien, repérés dès 2013 par l’EFSA. « On a choisi d’observer la procédure mise en œuvre pour ces substances parce qu’elles sont soupçonnées d’être des PE et qu’on les retrouve dans l’alimentation des Français, ce n’est pas un choix au hasard », explique François Veillerette, porte-parole de Générations futures.

Ces substances* ont toutes, selon les auteurs du rapport, un effet indéniable sur l’axe thyroïdien. Elles auraient notamment des effets nocifs sur le neuro- développement des enfants. Ce qui est remis en cause par les auteurs du rapport est la méthode employée par l’EFSA pour évaluer leur dangerosité dans le cadre d’un renouvellement d’autorisation de mise sur le marché.

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Une évaluation incomplète

Selon les auteurs, l’évaluation menée par l’EFSA comporte trop d’angles morts pour prouver la non-dangerosité des produits étudiés. Les associations mettent en cause des dossiers d’évaluation souvent obsolètes, avec des rapports anciens non mis à jour. Au niveau de la méthodologie des tests effectués, ceux-ci ne permettraient pas de mettre en évidence une action de perturbation endocrinienne, et les périodes à risque, comme la grossesse, ne sont pas prises en compte. « Il n’existe pas de tests validés par l’OCDE pour prouver l’effet de perturbation endocrinienne, ceux-ci n’ont pas été développés », décrit François Veillerette.

Associations mécontentes

En raison des manquements relevés dans les dossiers d’évaluation, en termes de quantités de données, les associations réclament une nouvelle catégorie : « PE suspecté ». Celle-ci n’est pas envisagée par le nouveau système d’évaluation des PE. De même, les associations réclament la fin des extensions d’homologation lorsque les données disponibles sont incomplètes. « On peut penser qu’un manque de données entraîne une pause dans le processus d’homologation mais en réalité le produit reste sur le marché le temps que l’industriel ait produit ces éléments, cela dure parfois des années, détaille François Veillerette. Le système bénéficie aux industriels alors qu’il devrait bénéficier à la santé publique. » Enfin, les auteurs du rapport réclament de l’EFSA plus de transparence sur ses données. « Nous demandons que le système soit fonctionnel et que si on déclare qu’un produit n’a pas d’effet de PE, tout ait été analysé, que l’on n’ait pas seulement effleuré le dossier », insiste le porte-parole de Générations futures.

* Cyprodinil, Fenbuconazole, Mepanipyrim, Pyrimethanil, Ziram, Spinosad, Cyproconazole, Myclobutanil, Diethofencarb, Fenoxycarb, Boscalid, Folpel, Metribuzin

 

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