Une résilience ou les trois Marie-Odile (Marie-Odile Soyer-Gobillard)

C’était pourtant la chronique d’une catastrophe annoncée. Une mère perd deux enfants, une fille et un garçon qui, après une enfance studieuse, calme, câline, basculent à la post-adolescence dans l’enfer des troubles et pathologies psychiques. De ces maladies dont on ne revient pas. Ces deux beaux enfants ont décidé de mettre fin à des jours sans lendemains et sans saveurs. Fin de l’histoire, les yeux rougis par les larmes ? Pas vraiment. Car il se trouve que la maman en question découvre fortuitement dans une revue associative un appel aux familles rappelant que de « 1950 à 1976, l’on a prescrit à des femmes enceintes pour prévenir des fausses couches des traitements hormonaux ».

Il s’agit ici d’un cocktail associant progestatif, et œstrogènes de synthèse dont le triste Distilbène. L’appel souligne que le caractère susceptible de provoquer des malformations chez les enfants exposés in utero (effet tératogène) « a fait l’objet de nombreuses publications ». En l’occurrence, il s’agira ici de perturbation du développement et de la différenciation du cerveau du fœtus, ayant pour conséquence des anomalies de la neurotransmission ; ces anomalies, n’apparaissant qu’à la post-adolescence, sont traduites entre autres par des troubles du comportement et/ou psychotiques. Le déclic est miraculeux. La mère qui ployait sous le poids de la culpabilité se sent pousser des ailes… Et pas de moineau… du genre rapace aux serres acérées. Marie-Odile Soyer-Gobillard n’est pas une neuneu qui s’en remet à la fatalité. Docteur ès Sciences, biologiste cellulaire, chercheuse au CNRS internationalement reconnue, elle cofonde l’association de victimes des perturbateurs endocriniens. Hhorages (Halte aux hormones artificielles pour des grossesses) et se met au combat. Un combat qui dure depuis vingt ans. C’est certainement ce combat de David contre Goliath qui nous bouleverse le plus, car il est porteur de victoires, d’espoir, et de résilience.