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Cuisson au gaz : quels risques pour la santé ?
Alors que de plus en plus d’études s’intéressent à la pollution intérieure, scientifiques et ONG alertent aujourd’hui sur le lien entre la cuisson au gaz et le développement de nombreuses pathologies graves (asthme, troubles psychiques, cancer…), en particulier chez les enfants.
Ça sent le gaz pour les détenteurs d’une gazinière. Alors qu’Alternative Santé alertait déjà à l’été 2022 sur les dangers de ce type d’appareil électroménager pour la santé respiratoire et cardiaque, plusieurs études américaines récentes ainsi qu’un nouveau rapport scientifique européen tirent la sonnette d’alarme. Ainsi, selon une nouvelle méta-analyse de 41 études menées par le Rocky Mountain Institute (États-Unis), 12,3 % des cas d’asthme infantile aux USA seraient liés à la cuisson au gaz (1). En effet, lorsqu’il est brûlé, le gaz naturel génère des polluants atmosphériques toxiques sous la forme de microparticules, comme l’oxyde et le dioxyde d’azote. Connues pour être cancérigènes, ces particules fines, dont les taux sont surveillés et réglementés en extérieur, sont également des facteurs de risques importants d’asthme. Or, un récent rapport scientifique (2) conduit par l’ONG CLASP, l’Alliance européenne de santé publique (EPHA) et l’Organisation pour la recherche scientifique appliquée aux Pays-Bas (TNO) suggère que la cuisson au gaz (en intérieur) émet des niveaux de pollution au dioxyde d’azote (NO2) supérieurs aux recommandations de l’OMS pour l’air extérieur, et ce plusieurs fois par semaine tout au long de l’année. Il indique aussi que, comme aux États-Unis, 12 % des cas d’asthme infantile dans l’Union européenne pourraient être corrélés avec l’utilisation de gazinières. Ainsi, selon Christine Egan, présidente de CLASP, « la préparation du dîner pourrait nous exposer à autant de polluants que la fumée secondaire. Les appareils de cuisson au gaz ont besoin d’étiquettes de mise en garde sanitaire comme les paquets de cigarettes. L’Union européenne a l’obligation de tenir compte de ces risques pour la santé (3) ».
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D’autres recherches, notamment espagnole (4) et chinoise (5), établissent un lien possible entre cuisson au gaz et certains troubles psychiques chez les plus jeunes. Ainsi, l’exposition des enfants (âge préscolaire) aux particules émises par les gazinières augmenterait le risque de trouble de déficit de l’attention avec hyperactivité (TDAH), tandis qu’une exposition prénatale pourrait favoriser une hyperactivité dès le plus jeune âge. Plus étonnant encore : selon une étude californienne (États-Unis) datant d’octobre 2022 (6), même éteintes, les gazinières émettraient des gaz et des particules toxiques. En effet, il a été retrouvé, dans des échantillons de gaz non-brûlé présent dans 159 foyers américains, 12 éléments toxiques, dont du benzène (et ce dans des quantités équivalentes à un tabagisme passif). Ce gaz est déjà classé « cancérigène », particulièrement pour la moelle osseuse, et constitue, à ce titre, un facteur de risque pour la leucémie.
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Les scientifiques du TNO ont aussi analysé plus spécifiquement l’impact des plaques de cuisson fonctionnant au gaz. Elles émettraient du monoxyde de carbone et d’autres particules ultrafines pouvant avoir des effets délétères sur la santé des enfants et des adultes, à plus forte raison avec le développement du télétravail. « Il a été démontré que les polluants émis par ce mode de cuisson ont aussi des effets négatifs sur le cerveau (7) et le système nerveux (8) des adultes », a commenté l’association Respire (association nationale pour l’amélioration de la qualité de l’air et la défense des victimes de la pollution) dans un récent communiqué.
Des recommandations claires pour les usagers de gazinière
Alors que 31,7 % des ménages français cuisinent au gaz, on leur recommande d’aérer fréquemment la cuisine (plusieurs heures par jour idéalement) et, lorsque c’est possible, d’installer une hotte aspirante et de l’utiliser à chaque cuisson. Aux États-Unis par exemple, seul 1 foyer sur 5 utilisant une cuisinière à gaz allumerait systématiquement ce système de ventilation, selon les chercheurs du Rocky Mountain Institute.
Enfin, si vos ressources financières le permettent, il est préférable de tout simplement passer aux plaques et cuisinières électriques comme le conseillent CLASP et EPHA. En effet, de nouvelles normes européennes sur les appareils de cuisson sont attendues pour l’année 2024, mais ces futures normes d’encadrement semblent se limiter à de simples mesures d’atténuation de cette pollution et non à son éradication.
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C’est dans cette ambiance générale de minimisation des risques par les pouvoirs publics que l’association Respire, en collaboration avec CLASP et EPHA, va prochainement effectuer de nouvelles mesures des émissions de toxiques en conditions réelles dans 40 logements en France. Les résultats seront présentés dans un nouveau rapport dont la publication est prévue pour l’été 2023. Affaire à suivre…
Références bibliographiques
En aucun cas les informations et conseils proposés sur le site Alternative Santé ne sont susceptibles de se substituer à une consultation ou un diagnostic formulé par un médecin ou un professionnel de santé, seuls en mesure d’évaluer adéquatement votre état de santé
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