Le radon, un polluant invisible souvent sous-estimé

Pour commencer, quels sont les risques du radon sur la santé ? Des études épidémiologiques ont été menées dès les années 1960 auprès des travailleurs des mines d’uranium dans plusieurs pays. Elles ont toutes confirmé que ces derniers présentaient un risque accru de développer des cancers du poumon. En cause, le radon, gaz émis par toutes les roches susceptibles de contenir de l’uranium. En s’accumulant dans l’espace clos de la mine, ce gaz rare, inodore et inerte, en rendait l’air particulièrement cancérigène.

Car lorsqu’il est inhalé, le radon émet des rayonnements dégradant les cellules des voies respiratoires. À long terme, les cellules peuvent épuiser leurs facultés naturelles de réparation, conduisant à un processus de cancérisation. Bien sûr, les conditions de travail dans les mines sont particulièrement propices à ces effets à long terme : on y fait beaucoup d’effort physique (donc on y respire très fort), on y est directement en contact avec de très fortes doses de radon puisqu’on est en contact direct avec l’uranium, et ce, durant de longues années…

Mais il est vite apparu que le radon, loin de se cantonner au seul espace confiné des mines, était omniprésent dans l’air de tous les sous-sols de la planète, à des concentrations certes variables - mais jamais totalement nulles ! Et que dans tous les bâtiments, le radon était susceptible de s’infiltrer - et de s’accumuler.

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Une reconnaissance tardive et incomplète du risque…

Depuis 1987, le radon est reconnu comme « cancérigène certain » pour l’organisme humain par le CIRC (Centre International de Recherche sur le Cancer). C’est la première source d’exposition aux radiations ionisantes, autrement dit à la radioactivité. Mais c’est aussi le deuxième facteur de risque de cancer du poumon après le tabagisme! On lui attribue 10 à 20 % des décès par cancers du poumon non professionnels. Soit, en France, chaque année, quelque 3000 personnes selon l’IRSN (Institut de Radioprotection et de Sûreté Nucléaire). En outre radon et tabac ne font pas bon ménage : fumer triple, voire décuple, le risque de développer un cancer du poumon quand on est exposé au radon.

Même nul besoin de fumer ni d’être exposé à la fumée de tabac : il suffit de fréquenter des lieux contaminés par le radon… Dès 1990, la Commission européenne recommandait ainsi de « protéger la population contre les dangers résultant de l’exposition au radon à l'intérieur des bâtiments »… Cette Recommandation (90/143/Euratom) est restée très longtemps lettre morte. Il a fallu attendre 2004 pour que la France amorce de premières obligations de dépistage en milieu professionnel et dans certains lieux publics, 2016 pour qu’elle reconnaisse officiellement le radon comme un polluant de l’air intérieur, et 2018 pour qu’elle oblige les ...