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PFAS : une histoire (et une pollution) sans fin
" Une nouvelle enquête sur les composés chimiques hautement toxiques PFAS démontre la contamination massive de l’eau potable en France, en particulier à Paris, par ces substances. " C’est ce qu’a récemment déclaré une journaliste du Monde, Stéphane Horel, devenue la cible de firmes industrielles chimiques depuis trois ans qu’elle travaille sur le sujet…
Les substances per- et polyfluoroalkylées (PFAS) sont utilisées par les industriels depuis les années 1950 pour fabriquer des objets imperméables, antiadhésifs ou résistants à la chaleur. On en trouve par exemple dans le revêtement en Teflon des ustensiles de cuisine.
Ils sont surnommés "polluants éternels" en raison de leur persistance extrême dans l’environnement, et c’est grâce à leur résistance à la dégradation qu’ils s’accumulent dans les sols, dans l’eau, la faune, la chaîne alimentaire et les humains à mesure qu’ils sont produits.
Une enquête du magazine UFC-Que Choisir et de l’ONG Générations futures a révélé fin janvier la présence de PFAS à haute concentration dans 96 % des échantillons d’eau potable prélevés dans 30 communes françaises (1). Plus de données scientifiques devraient sortir prochainement.
Or l’impact négatif de ces substances sur la santé humaine, bien documenté dans la littérature scientifique, est plus qu’alarmant, provoquant cancers, malformations et autres maladies incurables. Trouver un substituant aux PFAS est donc une urgente nécessité. Pourtant, les grandes firmes industrielles s’y opposent, mettant en avant des bénéfices économiques et pratiques, tout en minimisant les risques pour la santé et l’environnement…
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DuPont : polluer en silence
La réponse des politiques aux PFAS est d’autant plus décevante que le scandale ne date pas d’hier. Il commence en 1998 quand Wilbur Tennant, fermier de Virginie occidentale, montre ses vaches agonisantes en vidéo à l’avocat américain Robert Bilott dans son bureau de Cincinnati. Il suspecte les mousses blanches flottant sur la rivière, libérées par une grande usine de produits chimiques voisine : DuPont de Nemours. L’avocat découvre que le groupe connaît l’extrême dangerosité des PFAS depuis les années 1960 mais a délibérément dissimulé ces informations…
Pas si économique que ça
Débarrasser l’écosystème des PFAS exigerait l’arrêt de leur usage par les industriels, accompagné d’une intervention humaine extrêmement coûteuse. C’est ce que souligne une enquête publiée par le Forever Lobbying Project (2). Elle est le résultat d’un travail collaboratif ayant engagé 28 médias dans toute l’Europe.
En suivant une méthodologie élaborée par un groupe d’experts (chimistes de l’environnement, criminologues, juristes…), l’enquête déplore une pollution sans fin qui coûterait à nos sociétés la somme de 100 milliards d’euros par an pour dépolluer l’Europe. Presque l’éternité, tant que les PFAS continueront d’être émis dans l’environnement.
En parallèle, plus d’un millier d’arguments de lobbying ont été passés au tamis d’un stress test pour analyser leur contenu. Ce test a été effectué avec le professeur en criminologie de l’université de Bristol, Gary Fooks, dont les recherches portent sur les préjudices causés par les entreprises, en particulier dans le domaine des déterminants commerciaux de la santé.
Son expérience a révélé que la plupart des arguments avancés par les firmes dans la campagne de lobbying sont faux, trompeurs, alarmistes voire potentiellement malhonnêtes. Les effractions et vols que la journaliste pour Le Monde, Stéphane Horel, a subis chez elle depuis qu’elle travaille sur la question des PFAS ne devraient donc pas être qu’une simple coïncidence (3)…
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3. "La Lutte Enchantée", France Inter, 23 janv. 2025.
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