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Coupe menstruelle on adopte ou pas ?
Avec son nom un peu technique et sa forme étonnante, la coupe menstruelle est en train de révolutionner discrètement les protections intimes. Face aux tampons ou serviettes périodiques jetables et toujours plus absorbants, celle qu’on appelle aussi « la cup » recueille le flux menstruel au lieu de le retenir. Écologique et réutilisable pendant des années, elle prend soin de la physiologie des femmes, à condition de respecter certaines règles d’hygiène. Une récente étude pointe les dangers de certaines coupes menstruelles face au risque de choc toxique. L’occasion de faire le point sur ses avantages et ses limites.
Une femme utilise en moyenne 11 000 tampons au cours de sa vie. Un petit produit simple et pratique qui va l’accompagner étroitement, cinq jour par mois, durant trente à quarante ans... mais sur lequel elle sait bien peu de choses. Car aujourd’hui, en Europe, aucune réglementation n’oblige les fabricants à communiquer sur la composition exacte des tampons hygiéniques. Les règles étant considérées comme un phénomène physiologique normal, les tampons entrent dans la catégorie des produits de consommation classique. Seuls les articles classés dispositifs médicaux sont soumis à un détail exhaustif dès l’emballage. Un flou dangereux qui s’appuie sur un tabou à la peau dure, relatif au sang féminin.
Tampons : des protections pas si sûres
Pourtant, des études lèvent le voile sur le caractère potentiellement toxique des tampons pour la santé des utilisatrices. En août 2016, le Secrétariat d’État à la Consommation lançait une batterie d’analyses sur six grandes marques du commerce, révélant la présence chez chacune d’une faible dose de dioxines. Ces résidus chimiques qui s’éliminent difficilement de l’organisme, cités par l’OMS parmi les plus dangereux au monde, proviennent du blanchiment de la cellulose utilisée pour fabriquer les tampons. Naturellement brune, elle subit un processus industriel de blanchiment au chlore, précurseur des dioxines.
Les dioxines peuvent interférer avec le système hormonal, affaiblir le système immunitaire et causer des cancers. Elles sont aussi impliquées dans le développement de l’endométriose, une maladie qui endommage le système reproducteur féminin et diminue la fertilité. Les résultats ont aussi mis au jour la présence de phtalates, des perturbateurs endocriniens, et celle du glyphosate, une molécule que l’on retrouve également dans l’herbicide Round Up.
Des coupes de qualité médicale
La coupe menstruelle n’est pas plus un dispositif médical que les tampons. Elle aussi est considérée comme un produit d’hygiène courant. Elle peut donc s’acheter librement, sans ordonnance, et c’est tant mieux. En revanche, c’est la transparence côté matériau. L’enjeu principal dans la fabrication d’une coupe menstruelle, c’est sa souplesse pour pouvoir s’insérer facilement.
Les premières coupes, commercialisées aux États-Unis dans les années 1930, étaient en silicone. Si à l’époque, le produit n’a pas suscité un véritable engouement (et pour cause, les tampons faisaient leur apparition en même temps que la publicité), la plupart des coupes actuelles sont fabriquées en silicone médical hypoallergénique ou en latex, et sont sans parfum. En cas d’allergie, on trouve facilement des coupes en élastomère thermoplastique (TPE), employé dans la fabrication des cathéters. On peut se procurer des coupes menstruelles essentiellement en pharmacie et sur Internet, où quelques marques françaises inspirent confiance.
Recueillir le sang plutôt que le retenir
Le tampon est conçu pour retenir le flux menstruel. Conséquence : il enferme les muqueuses avec le produit, générant un milieu de culture idéal pour le développement de toxines. La coupe, elle, ne bloque pas l’écoulement naturel. Sa forme en cloche se place à l’intérieur du vagin comme un petit réceptacle. On ne cherche plus à absorber ni à bloquer, mais à faciliter la sortie de ce qui est prêt à être évacué. Comme pour toutes les autres protections qu’il faut changer régulièrement, il reste néanmoins indispensable de vider la coupe une à deux fois par jour.
À l’inverse du tampon qui s’ouvre en corolle pour adhérer aux parois internes, la coupe menstruelle est creuse. Elle diminue ainsi les risques de sécheresse vaginale. On sait par ailleurs que, pendant les règles, une femme perd aussi des sécrétions dont le but est de protéger la flore, qu’il est important de ne pas empêcher.
La coupe ne protège pas du risque de choc toxique
Ouverte à l’intérieur et hermétique à l’air, la coupe diminue le risque de choc toxique, mais ne le supprime pas. Cette maladie rare, qui peut se révéler mortelle, est causée par un staphylocoque doré dont environ 20 % des femmes seraient porteuses. Généralement combattue par nos anticorps, la bactérie va profiter de la chaleur et du confinement du vagin pour proliférer et passer dans le sang.
Chute de tension, fièvre, éruption cutanée : les symptômes sont graves.
Devant la recrudescence des cas de chocs toxiques en France, des chercheurs de l’université de Lyon ont lancé une collecte nationale de tampons usagés. L’idée : rechercher la bactérie dans le fluide menstruel et mieux comprendre son développement. L’analyse de plus de 700 tampons et coupes a établi qu’aucune des protections utilisées « ne favorise la croissance et la production de la toxine responsable des chocs toxiques ». Bonne nouvelle. Pourtant, d’après une étude qu’ils ont menée en parallèle, deux marques de coupes menstruelles seraient plus favorables que les autres protections à la croissance du staphylocoque doré.
En tout état de cause, que ces résultats d’étude soient vrais ou faux, ce qui est en cause ici dans le développement bactérien est l’arrivée d’air, donc d’oxygène, provenant du mauvais positionnement des cup. Le problème est donc plus à rechercher du côté d’un « défaut d’information des utilisatrices ». Selon l’étude, la coupe ne devra pas être portée durant la nuit, ni au-delà de 6 heures le jour.
1 coupe tous les 10 ans, une pratique d’avenir
Écologique, respectueuse de la physiologie féminine, la coupe menstruelle est aussi économique. Avec un coût moyen de 25 euros pour une durée d’utilisation moyenne de 10 ans, c’est sans conteste la protection intime la plus pratique jamais inventée pour les femmes. Ceci à deux détails près : la pose et l’entretien. Des gestes techniques qui, certes, ne sont pas innés, mais qui s’apprennent rapidement, y compris chez les toutes jeunes filles qui peuvent sans danger porter une coupe dès les premières règles.
C’est d’ailleurs ce qui rend son usage intéressant : au-delà du produit utile et de la solution de santé, la coupe menstruelle reflète le souhait des femmes de se réapproprier leur corps. Elle s’inscrit dans une nouvelle manière de penser ses règles. Loin des tampons avec applicateurs, la coupe demande de connaître son anatomie, donc de la toucher. Les tutoriels vidéos pour partager expériences et conseils témoignent d’une transmission décomplexée de femmes à femmes. Ludique et libératrice.
L’insertion : trouver son style
D’abord, il faut choisir la bonne taille. La grande majorité des marques en proposent deux : l’une conseillée pour les femmes de moins de 30 ans ou qui n’ont jamais accouché par voie basse, l’autre pour les femmes plus âgées ou ayant déjà accouché de cette manière. Bien sûr, il ne s’agit là que de suggestions. D’autres critères peuvent entrer en ligne de compte comme un flux abondant, la corpulence ou une pratique sportive intense qui a tendance à tonifier les muscles du périnée.
Insérez la coupe dans une position confortable, debout avec une jambe relevée ou allongée par exemple. Deux méthodes de pliage : en C, en pressant les deux bords l’un contre l’autre puis en les pliant de manière à former un C (ou un U) ou bien en « punch down », c’est-à-dire en crochetant le bord de manière à créer un bec. La coupe va se déployer une fois à l’intérieur et rester en place grâce à un effet ventouse, garantie précieuse contre les fuites. Elle se positionne moins profondément qu’un tampon et il faut que la petite tige soit positionnée vers l’extérieur. La sentir à l’entrée du vagin permet de s’assurer que la coupe a été mise correctement. Pour plus de confort, il est possible de la couper si elle est un peu trop longue.
Conseil : faites le tour de la coupe avec l’index afin de vérifier qu’elle est hermétique et éviter ainsi toute arrivée d’air, favorable au développement du staphylocoque doré responsable du choc toxique. On peut également lui faire faire un petit quart de tour sur elle-même pour achever de l’installer. Pour ressortir la coupe, on presse sur sa base en la faisant pivoter doucement. On évitera de tirer d’un coup sur la tige pour éviter les douleurs et de mettre du sang partout à cause d’une sortie trop franche. Des lubrifiants intimes ou des huiles comme celle de coco, antifongique, peuvent faciliter l’insertion. Si vous portez un dispositif intra-utérin (stérilet), demandez l’avis de votre gynécologue.
Stérilisation, un entretien nécessaire
Une coupe, ça s’entretient. Des gestes santé incontournables si l’on veut que sa coupe reste bénéfique et durable. En fonction du flux, on la vide toutes les six à douze heures maximum, en versant le sang dans les toilettes ou dans un lavabo. Bien la rincer à l’eau claire ou à l’aide d’un savon doux avant de la repositionner. À défaut, la nettoyer avec du papier toilette.
Une fois les règles terminées, avant de la ranger soigneusement pour le mois prochain, veillez à la stériliser. Là encore, plusieurs écoles : il y a les comprimés stérilisants tels que ceux utilisés pour les tétines et les biberons. Certaines marques de coupes menstruelles vendent aussi des stérilisateurs pour stériliser la coupe au micro-ondes. Nous, on préfère la méthode artisanale en mettant la coupe entre 5 et 10 minutes dans l’eau bouillante.
En aucun cas les informations et conseils proposés sur le site Alternative Santé ne sont susceptibles de se substituer à une consultation ou un diagnostic formulé par un médecin ou un professionnel de santé, seuls en mesure d’évaluer adéquatement votre état de santé
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