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Maladies " honteuses " : osez en parler !

  • Maladies Maladies "honteuses" : osez en parler
Article paru dans le journal nº 105

Mycoses, gaz, hémorroïdes… La simple évocation de ces mots génère un malaise chez la plupart d’entre nous. Au point parfois de retarder la consultation d’un médecin et donc une possible guérison. Afin que plus jamais la honte ne nuise à votre santé, nous vous proposons de briser ces tabous et d’apprendre à détecter les signes qui doivent vraiment vous alerter.

Peur de ne pas être cru, d’être stigmatisé ou vu en position de vulnérabilité… Nombreuses sont les raisons qui poussent certains d’entre nous à préférer l’automédication et à réserver le regard d’un professionnel comme un dernier recours. Pourtant, souffrir en silence est rarement une bonne idée.

La crainte du regard du médecin

D’après un récent sondage, 78 % des Français ont déjà craint ou ressenti le jugement d’un professionnel de santé, ou subi une " leçon de morale " (22 %). Cette crainte a freiné l’accès au soin pour la moitié d’entre eux, avec parfois des répercussions négatives sur leur vie. Plusieurs travaux montrent que les non-dits des patients concernent surtout la sexualité, les pathologies des sphères génitales et anales, les problèmes psychologiques, les addictions et les maladies graves, et que ce sont la pudeur, la honte, la culpabilité et la peur qui en sont à l’origine.

François Donette, médecin généraliste à Amiens, explique que les causes de l’hésitation à consulter sont, entre autres, l’impression de somatiser, la peur d’abuser du temps du médecin, l’espoir d’une guérison spontanée mais aussi la peur du diagnostic ou de devoir prendre des médicaments. Dans sa thèse portant sur les motifs de consultation estimés gênants par les patients, il révèle que ce qui les décide finalement à consulter sont la présence ou l’aggravation de la douleur ou des symptômes, l’inquiétude ou les conseils de l’entourage.

Moins de recherches scientifiques sur les maladies honteuses

Les maladies dites honteuses peinent à voir financer des études. Exemple, le budget pour la recherche en santé mentale (14,5 % du budget global de la recherche en santé) est selon la Cour des comptes en « sous-dotation persistante ». Les maladies du système digestif (250 000 personnes en France, soit 50 000 de plus que pour Parkinson), feraient aussi l’objet, d’après DigestScience, d’un désintérêt de la part des financeurs, labos et organismes publics.

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La honte, mauvaise conseillère

De fait, certains symptômes peuvent dégénérer si nous ne les prenons pas en charge à temps. Nombre de professionnels de santé le déplorent. Comme la généraliste Natacha Regensberg-De Andreis qui explique dans la revue Mémoires (n° 69) que, " sans information précise, exhaustive, il est parfois difficile de poser un diagnostic " et qu’une maladie familiale (neurologique, psychiatrique…) sera "plus difficile " à détecter si les cas des générations précédentes sont "tus, par sentiment de honte ou de défiance du patient ". Ainsi, durant une consultation, si vous tronquez une information, vous pouvez considérablement nuire à votre prise en charge.

Quoi qu’il en soit, si votre gêne provient d’un médecin qui vous met mal à l’aise ou procède à des jugements sur votre mode de vie, n’hésitez pas à en changer (lire encadré ci-dessous). Mais n’oubliez pas que tout professionnel de santé est tenu au respect du secret médical.

Un bon médecin sait vous écouter

Environ 10 à 20 % des patients qui décident enfin d’aller consulter malgré une gêne, une peur ou une honte, ne vont pas au bout de leur démarche et n’osent finalement pas formuler leur demande. La principale raison serait le manque de temps et d’écoute de la part du médecin. Le temps de parole moyen attribué au patient serait de 85 secondes, soit à peine 11 % du temps de consultation. Or, plus un médecin écoute son patient, plus ce dernier a confiance en lui et ose se confier et verbaliser ses demandes. Ainsi, lorsque vous choisissez un médecin, soyez attentifs – en plus de ses capacités de discernement – à la qualité de son écoute.

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Références bibliographiques

« Crainte et expérience du jugement dans l'accès aux soins », sondage BVA pour le site de l’entreprise Zava, spécialiste en télémédecine, 2017.

Pénélope Hesschentier, « Les demandes non exprimées des patients en consultation de médecine générale: prévalence et facteurs prédictifs ». Sciences du Vivant, 2019.

Elodie Vignon, «  Les non-dits du patient en consultation de médecine générale », thèse de médecine générale, 2015.

François Donette, « Motifs de consultation estimés gênants par les patients. Impact sur leur prise en charge en médecine générale. » Thèse pour le diplôme d’état de docteur en médecine, 7 février 2020.

Pénélope Hesschentier, « Les demandes non exprimées des patients en consultation de médecine générale », thèse de médecine générale, 2021.

Natacha Regensberg-De Andreis, « Le patient, ses secrets et le médecin », Mémoires n°69, 2017.

 

En aucun cas les informations et conseils proposés sur le site Alternative Santé ne sont susceptibles de se substituer à une consultation ou un diagnostic formulé par un médecin ou un professionnel de santé, seuls en mesure d’évaluer adéquatement votre état de santé


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