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Santé masculine : c’est quoi le problème ?
Les hommes ne savent-ils donc pas prendre soin d’eux ? Traditionnellement associé à la force et à la puissance physique, le corps des hommes n’en est pas pour autant en meilleure santé que celui des femmes. Difficultés à prendre soin de soi, honte de consulter, méconnaissance de son corps… La santé au masculin reste peu médiatisée, l’occasion pour nous, en ce mois de novembre, de faire un point et de vous apporter des solutions concrètes avec notre dossier.
Jusqu’en 1880, l’espérance de vie des hommes et des femmes étaient assez similaires. Désormais, dans tous les pays du monde, les femmes vivent plus longtemps (85 ans contre 79 en France). Pourquoi un tel écart en défaveur des hommes ? Principalement, selon les spécialistes, en raison de conditions de travail physiquement plus pénibles, d’une certaine vulnérabilité face aux maladies cardio-vasculaires, et de leur attrait pour le tabac ou l’alcool.
D’autres facteurs (génétique, différences hormonales et métaboliques…), font que les femmes ont un meilleur système immunitaire alors que les hommes sont plus vulnérables aux virus, bactéries, parasites et champignons. Pour autant, ces différences biologiques n’expliquent pas un tel écart, et des facteurs comportementaux pèseraient fort dans la balance. En effet, les hommes ont nettement plus de comportements violents ou à risque (addictions, malbouffe, etc.) et se rendent moins souvent chez le médecin.
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Gagnants-gagnantes
Une étude menée entre 2010 et 2021 sur les données de 156 pays a conclu que lorsque l’égalité entre hommes et femmes augmente de 10 %, l’espérance de vie des hommes augmente de 3,5 mois (4,3 mois chez les femmes).
Selon les chercheurs, à terme, une égalité toujours plus grande pourrait réduire l’écart entre les sexes en matière d’espérance de vie, et même les pays à revenu élevé gagneraient à investir encore dans ce domaine. Un argument de plus pour continuer sur cette lancée !
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Messieurs, prenez soin de vous !
En France, 88 % des femmes consultent un généraliste dans l’année, contre 80 % des hommes. Une enquête récente aux États-Unis apporte peut-être un début d’explication à cette désertion des soins médicaux par les hommes : 65 % d’entre eux pensent qu’ils sont " par nature " en meilleure santé que le commun des mortels. D’autres études indiquent que les hommes adhérant à une image traditionnelle de la masculinité (esprit hypercompétitif, hantise de paraître fragile) ont des comportements qui nuisent à leur santé, faisant l’impasse sur la prévention, minimisant leurs symptômes et n’allant chez le médecin qu’en dernier recours.
Ces chiffres, alarmants, ont suscité la création d’instituts ou de mouvements caritatifs d’ampleur internationale en faveur de la santé masculine (lire encadré Movember ci-dessous). Le chercheur anglo-américain Richard V. Reeves a par exemple fondé l’American Institute for Boys and Men (Institut américain pour les garçons et les hommes) et se bat pour que le sujet ne soit pas récupéré par certains courants politiques (lire encadré ci-dessous).
Les masculinistes utilisent à mauvais escient la recherche scientifique pour étayer leurs convictions
Selon une nouvelle recherche menée par l'École d'anthropologie et de conservation de l'Université de Kent, les membres de la communauté de la « manosphère » (ou "masculinistes"1) abusent de la recherche universitaire pour formuler et valider leurs croyances sur les femmes.
Les études évolutionnistes sur le comportement des femmes (en particulier les comportements sexuels tels que l'infidélité) sont scrutées par la « manosphère » en ligne pour justifier les croyances antiféministes et sexistes. En revanche, les recherches sur le comportement sexuel masculin sont négligées, ce qui signifie qu’il existe deux poids, deux mesures.
Ces résultats de recherche dressent un tableau inquiétant pour les personnes susceptibles d'être influencées par la communauté de la « manosphère ».
Louis Bachaud, l'un des auteurs principaux explique : « La nature hypothétique de la science comportementale évolutionniste est toujours obscurcie. La « manosphère » sort les hypothèses de leur contexte et les intègre dans leurs griefs plus larges, leurs expériences personnelles et leurs tropes sexistes. Il existe une tendance à présenter les femmes comme étant plus déterminées par la biologie que les hommes, et à appliquer principalement la perspective évolutionniste aux femmes, mais plus rarement aux hommes et à leur comportement.
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La *mauvaise* santé masculine : un sujet récupéré par les masculinistes
En effet, ce sont surtout les membres d’un courant dit " masculinisme " qui mettent en avant le fait que les hommes ont, sur certains points, une moins bonne santé que les femmes. Leur but, émouvoir pour rallier le plus de monde à leur cause ouvertement anti féministe (un non-sens en réalité, lire encadré Gagnants-gagnantes ci-dessus). L’occasion pour nous de briser ces tabous et de vous apporter des réponses concrètes et le regard de plusieurs spécialistes. Car, comme le dit Richard V. Reeves : " En faire plus pour les hommes ne signifie pas en faire moins pour les femmes et les filles. "
Movember, une moustache pour la santé des hommes
Chaque année, en novembre, vous vous demandez pourquoi vous croisez beaucoup plus d’hommes moustachus ? Il s’agit du « Movember » (contraction de « moustache » et de « november »), une collecte de fonds pour la santé masculine qui invite à rendre sa cause visible en se laissant pousser la moustache.
Lancée en 2003 en Australie, cette vague déferle sur l’Hexagone depuis plus d’une décennie. Objectif : faire baisser d’un quart le nombre de décès prématurés chez l’homme d’ici à 2030 en reversant des dons à des projets de recherche médicale (cancer de la prostate, des testicules…). Inscrivez-vous sur fr.movember.com et laissez-vous pousser la moustache. Attention, boucs et barbes sont disqualifiés !
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Références bibliographiques
- La « manosphère » est un réseau de sites Web, de blogs et de forums en ligne promouvant la masculinité, la misogynie et les croyances antiféministes. L'influenceur misogyne autoproclamé Andrew Tate est un exemple connu de la communauté de la « manosphère ». Les célibataires involontaires (autrement appelés « incels ») sont également considérés comme des membres de cette communauté. La sensibilisation à la culture incel a augmenté parmi le public ces dernières années.
« Differences between Men and Women in Mortality and the Health Dimensions of the Morbidity Process », Clin. Chem, 2018.
« The Emergence of the Female Advantage in Life Expectancy », Bulletin on aging & health: no. 3, septembre 2018.
« Why men often die earlier than women », Harvard Health publishing, juin 2022.
« Is it true that women live longer than men? », INED, mars 2023.
« Espérance de vie : avantage aux femmes », INSEE, 5 mars 2015.
« Female XX sex chromosomes increase survival and extend lifespan in aging mice », Aging cell, décembre 2018.
« Women live longer than men even during severe famines and epidemics », PNAS, juillet 2018.
« New Perspective on Why Women Live Longer Than Men: An Exploration of Power, Gender, Social Determinants, and Capitals », Int J Environ Res Public Health. Janvier 2021.
« Femmes et hommes, l’égalité en question », Insee Références, Édition 2022.
« Survey: A third of men do not believe they need annual exams and most think they are naturally healthier than others »,Orlando Health, juin 2022.
« Masculinity in the doctor's office: Masculinity, gendered doctor preference and doctor–patient communication », Preventive Medicine, 2016.
« Masculinity impediments: Internalized masculinity contributes to healthcare avoidance in men and women », Journal of Health Psychology, 2014.
« A mixed-methods study of the health-related masculine values among young Canadian men », Psychology of Men & Masculinities, 2019.
« Gender equality related to gender differences in life expectancy across the globe », PLOS Global Public Health, 6 mars 2023.
"The use and misuse of evolutionary psychology in online manosphere communities: The case of female mating strategies", Evolutionary Human Sciences , août 2023.
En aucun cas les informations et conseils proposés sur le site Alternative Santé ne sont susceptibles de se substituer à une consultation ou un diagnostic formulé par un médecin ou un professionnel de santé, seuls en mesure d’évaluer adéquatement votre état de santé
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