Covid-19 : une étude stoppée brutalement

L’Arenicola marina est un ver endémique de Bretagne dont l’hémoglobine transporte 40 fois plus d’oxygène que celle de l’être humain. Dans les cas les plus graves de Covid-19, l’utilisation de cette hémoglobine en usage thérapeutique présentait tout naturellement un intérêt de taille. Un essai clinique prévoyait, à partir du 4 avril d’administrer à des patients dans un état grave, hospitalisés avec un syndrome de détresse respiratoire aigu (SDRA) une solution de sang de ver marin.

L’essai clinique a été brutalement stoppé le 9 avril. En effet, l’autorisation accordée le 27 mars par l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) a été retirée dans l’attente d’une nouvelle évaluation, a indiqué l’Assistance publique — Hôpitaux de Paris (AP-HP). Les gendarmes du médicament ont décidé de suspendre en urgence l’essai après avoir pris connaissance de précédents résultats d’essais non cliniques sur le porc pour le moins négatifs, puisque l’on aurait constaté 100 % de létalité sur l’animal. Ces résultats, plutôt mauvais, n’auraient pas été versés au dossier présenté à l’ANSM dans le cadre de la demande d’autorisation de l’essai clinique. L’agence attend donc une nécessaire réévaluation « pour apprécier les risques encourus au regard du bénéfice escompté chez les patients ».

On se dit là que l’ANSM nous a sauvé la mise. Sauf que, selon Hemarina, la société qui commercialise l’hémoglobine de l’Arenicola marina, si elle n’a pas versé l’étude en question à la demande d’autorisation d’essai clinique, c’est parce qu’il ne s’agissait pas du même produit. Dans un communiqué, la société indiquait que : « Cette étude préclinique portait sur un produit non pharmaceutique totalement différent du produit actuel ». Ce produit, nommé M101, qui devait être administré aux patients, a été utilisé « avec succès » pour des indications de greffes, selon « un protocole et une formulation très différents ».