64 ans, une retraite sous traitement

« La retraite avant l’arthrite », « Métro, boulot, tombeau »... Bien que poétiques, les slogans des manifestants contre la réforme des retraites peuvent sembler extrêmes. Car comme le rappelait le président Emmanuel Macron en juillet 2021 : « Nous vivons plus longtemps et donc nous devons travailler plus longtemps et partir à la retraite plus tard. » Une logique implacable ? Pas sûr.

En effet, si les Français font de plus en plus vieux os (avec une espérance de vie de 85 ans pour les femmes et de 79 ans pour les hommes, selon l’Insee), ceux-ci ne sont pas nécessairement solides. Toujours selon l’Institut de la statistique, l’espérance de vie en bonne santé⁽¹⁾ des Français ne dépasse pas quant à elle 64,4 ans chez les hommes et 65,9 ans chez les femmes.

Énième pierre à ajouter à l’édifice, de récentes découvertes d’une équipe de chercheurs de l’université de Cambridge² ont montré qu’entre 65 et 70 ans intervient « un changement catastrophique » marqué par une baisse de la production et une augmentation de la mutation des cellules sanguines. Conséquence, les futurs retraités auront plus de risques de cancer du sang, d’anémie, et seraient moins aptes à se défendre en cas d’infection.

Tout cela nous laisserait tout de même, veinards que nous sommes, en moyenne un an pour rouler sur l’or, riches de nos pensions faramineuses, avant de rouler… en fauteuil ? L’offre est cependant, comme souvent dans la start-up Nation, soumise à conditions. Le train de vie assuré par le « pognon de dingue » que représentent les 1 200 euros de pension minimum promis par le gouvernement, ne concernera finalement que quelques milliers de retraités. Des privilégiés ayant entamé leur carrière un soir de pleine lune en année bissextile impaire et qui auront généreusement droit à une pension à taux plein. Un taux plein que n’auront pourtant jamais nos globules blancs, qui eux invoquent le « droit à la paresse ». Ne tirons toutefois pas sur l’ambulance, surtout que nous en aurons besoin.

Le gouvernement pense bien à nos vieux jours. Depuis 2020, il a lancé une action forte, qui restera dans l’histoire. Non, ce n’est pas un énième numéro vert, ni même une prime de 100 euros pour acheter des béquilles. Croyez-le ou non, l’État a bien lancé un label « Villes amies des aînés » à accoler sur les panneaux juste en dessous de « Ville fleurie ». Car comme « la rose qui ce matin avait éclose », nous perdrons tous, un jour, notre blanche vesprée…

(1). Chiffre de l'Insee basé sur l'espérance de vie sans incapacité depuis la naissance.