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Retraite en bonne santé : une illusion ?

  • Retraite en bonne santé : une illusion ?
Article paru dans le journal nº 112

Samedi 15 avril, le Journal officiel a publié la réforme des retraites promulguée la veille par le président de la République. Parmi ses arguments phares, on a entendu que la constante progression de l’espérance de vie en bonne santé justifierait que l’âge légal du départ à la retraite soit fixé à 64 ans. Bien sûr, les études en ce sens abondent, comme le rapport de la Dress1 affirmant que, depuis 2008, l’espérance de vie sans incapacité à 65 ans a augmenté de deux ans et un mois pour les femmes (espérant vivre 12,1 ans sans incapacité après 65 ans) et d’un an et onze mois pour les hommes (espérant vivre 10,6 ans sans incapacité). Pourtant, une étude parue dans la revue Nature2 contredit ces chiffres en éclairant d’un jour nouveau les raisons pour lesquelles, inexorablement, passés les 65 ans, on se prend un méchant coup de vieux.

Plus précisément, les scientifiques de Cambridge ont cherché à identifier les processus expliquant que l’âge entraîne des modifications dans la production des cellules sanguines (l’hématopoïèse) induisant une réduction de la capacité de régénération des cellules, la baisse des cellules sanguines (cytopénies), le dysfonctionnement immunitaire et un risque accru du cancer du sang. La réponse est dans le nombre de cellules souches, essentielles à la production de cellules sanguines, dont le nombre s’effondre passé les 65/70 ans. De plusieurs dizaines de milliers (voire de centaines de milliers) de types de cellules souches dans la moelle osseuse, on sombre, passé le cap des 65/70 ans, à… des dizaines ! Autant dire, sans mauvais jeu de mots, qu’à partir de là, les cellules sanguines sont issues d’une véritable « consanguinité », délétère pour leur diversité, avec de lourdes conséquences sur la santé.

Alors, qui croire ? La science ou les statistiques ? On peut, comme le fait le journal La Dépêche3, tempérer les résultats de la Dress, en rappelant que « les évolutions annuelles de l’espérance de vie sans incapacité sont toujours à analyser avec précaution, en raison de la dimension déclarative de l’indicateur et de la taille de l’échantillon ». Ou alors, on peut opter comme le ministre du Travail, Olivier Dussopt, pour une piste digne des coachs bien-être. À un auditeur de France Inter avouant que « [son] corps ne suit plus » au travail, il répond le 15 février dernier  : « La question forte, c’est la capacité que nous avons à trouver du sens et du plaisir dans le travail. » Peu importe le nombre de cellules souches.

 

En aucun cas les informations et conseils proposés sur le site Alternative Santé ne sont susceptibles de se substituer à une consultation ou un diagnostic formulé par un médecin ou un professionnel de santé, seuls en mesure d’évaluer adéquatement votre état de santé