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Carence en fer : en êtes-vous bien sûr ?
La supplémentation en fer est devenue un réflexe lorsqu’une anémie est décelée. Mais n’oublions pas que cette dernière peut être multifactorielle, et que prendre du fer seul n’est pas toujours la solution. Reste également à déterminer le type de fer idéal pour faire remonter son taux sans subir d’effets indésirables.
L’anémie est une diminution ou une perte de fonctionnalité des globules rouges qui toucherait plus de 24 % de la population mondiale. Elle entraîne des difficultés respiratoires ou une fatigue importante pouvant altérer gravement la santé. Si la carence alimentaire en fer est une réelle cause de l’anémie, elle n’est certainement pas la seule. Et, inversement, une anémie ne signifie pas forcément une carence en fer.
Rôle du fer et origine des carences
Le fer est un minéral plus qu’essentiel pour notre organisme. Il contribue notamment au bon fonctionnement du système nerveux central, du système immunitaire, mais surtout, il est indispensable à l’oxygénation du corps. Il entre, en effet, dans la composition du sang, participe à la synthèse de l'ATP (adénosine triphosphate, la molécule qui assure le fonctionnement cellulaire en lui donnant de l'énergie) et alimente muscles et organes en oxygène. Autrement dit, pour être fonctionnels et en nombre suffisant, les globules rouges ont besoin de fer qui permet alors leur maturation et la fixation de l’oxygène (afin qu’il soit transporté convenablement des poumons aux différents tissus du corps). Cependant, les globules rouges ont aussi besoin de vitamines B9 et B12 pour mener à bien leurs mission. Une carence en ces micronutriments peut ainsi également causer de l’anémie.
D’autres pathologies entrent au rang des causes possibles d’anémie :
- la drépanocytose, une maladie génétique qui provoque l’obstruction des petits vaisseaux sanguins du fait d’une anomalie de l’hémoglobine et des globules rouges ;
- le favisme qui, après consommation de fève, fait éclater les globules rouges et peut mener à un accident hémolytique ;
- la maladie de Minkowski-Chauffard, dans laquelle les membranes des globules rouges sont fragilisées ;
- la maladie de Biermer, qui se caractérise par un problème d’assimilation de la vitamine B12.
- les hémorragies, qu’elles soient d’origine accidentelle ou hormonale (menstruations chez les femmes). Ici, une supplémentation ponctuelle est utile pour recréer des réserves de globules rouges.
Ces maladies étant diagnostiquées précocement en général, les confusions avec les anémies ferriprives (dues à une carence alimentaire en fer) restent cependant rares.
Conséquences des carences en fer : il n’y a pas que l’anémie !
Si l’anémie est perçue comme la conséquence la plus courante de la carence en fer, de plus en plus d'études montrent qu’elle n’est pas la seule. Elle pourrait par exemple exacerber certaines pathologies comme l’insuffisance cardiaque (IC) ou certains troubles mentaux tels que la dépression et l'anxiété. Ainsi, plusieurs études, relayées récemment par la société européenne de cardiologie, tendent à démontrer que “la carence en fer est bien présente chez environ la moitié des patients avec IC. Cette carence est associée à la sévérité de l'insuffisance cardiaque, à l’altération de la performance physique, à la qualité de vie ou d’hospitalisation, et au taux de mortalité”. Pour pallier les conséquences de cette “comorbidité”, les chercheurs recommandent à ce stade une supplémentation uniquement par voie intraveineuse à cause de l’inefficacité observée de la voie orale pour cette indication.
En revanche, les apports alimentaires en fer ainsi que la supplémentation pourraient jouer un rôle bénéfique dans le traitement de l’anxiété ou de la dépression. En effet, une grande étude de cohorte américaine a démontré qu’un faible taux de ferritine (indiquant une carence en fer) était associé à une plus grande prévalence de troubles psychiatriques tels que dépression, anxiété, troubles psychotiques et troubles du sommeil. Selon les chercheurs, pour ces profils carencés, la supplémentation en fer permettrait une diminution significative du risque de souffrir d’un de ces problèmes. Autre fait marquant, une supplémentation en fer serait positive même chez les patients ne souffrant pas d'anémie ferriprive. De tels résultats s'expliquent notamment par le rôle important que joue le fer dans la fabrication de la sérotonine, la dopamine et la norépinéphrine (des neurotransmetteurs qui se trouvent au cœur des mécanismes des troubles de l’humeur). Enfin, une étude observationnelle chinoise, menée sur une cohorte de 90 000 personnes, a également mis en lumière un lien complexe entre apport alimentaire en fer et démence, une carence en fer augmentant les risques de survenue de démence chez les femmes, tandis que ce risque était augmenté pour les hommes dans la situation inverse, à savoir en cas d’apport excessif.
Cette étude a le mérite de rappeler qu’une supplémentation en fer n’a rien d’anodin et peut s’avérer délétère si elle est excessive ou inadaptée. C’est pourquoi, avant d’envisager de se complémenter de manière régulière, il est intéressant d’explorer les origines de la carence.
Attention à l’excès de fer
Une supplémentation à outrance n’est jamais conseillée compte tenu des répercussions nocives d’un excès de fer sur notre organisme. En effet, de plus en plus d'études montrent que des taux trop élevés de fer dans le sang semblent être associés à une forte toxicité cellulaire. Les scientifiques ont également remarqué une corrélation entre taux de ferritine élevé et risque accru de diabète, de maladies cardiovasculaires, neurodégénératives, ou de cancer colorectal. Il est donc important de respecter les posologies journalières recommandées par l’Anses, à savoir : 11 mg de fer par jour pour un homme ou une femme adulte (ayant des règles d'intensité modérée), 16 mg pour une femme aux règles abondantes, enceinte ou allaitante. Mais aussi de se supplémenter idéalement sous la supervision d’un professionnel de santé.
Par ailleurs une supplémentation excessive n’est pas la seule cause possible d’augmentation des taux de ferritine. L'hyperthyroïdie, l’inflammation chronique, l'alcoolisme, mais aussi toutes les pathologies attaquant le foie (principal organe de stockage des réserves de fer), comme les hépatites ou l’obésité, peuvent contribuer à faire grimper les taux de fer de l’organisme. Il en va de même pour les personnes souffrant d'hémochromatose, une maladie génétique fréquente.
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Toujours chercher les causes de la carence en fer
Lorsqu’une carence en fer est établie chez une personne, le premier réflexe est la supplémentation : c’est logique. Pourtant, trouver l’origine de la carence le serait bien davantage. Si un manque de fer dans l’organisme peut être expliqué par un niveau de fer insuffisant dans son alimentation, une malabsorption ou une régime déséquilibré peuvent aussi être des causes.
Ainsi, un intestin abîmé et enflammé absorbe moins bien les minéraux et notamment le fer. En outre, un transit accéléré, qu’il soit ponctuel (bactérie, virus) ou chronique (stress, MICI ou métabolisme), diminue le temps de contact du fer avec la paroi intestinale et, de fait, diminue son absorption. Dans ces cas, traiter la cause de la malabsorption est indispensable pour améliorer le statut nutritionnel sur le long terme.
Pour corriger une inflammation des intestins, il est d’usage de limiter les nutriments irritants comme les matières grasses cuites (beurre, huile, margarine, crème, viandes grasses…), mais aussi, temporairement, les fibres dites insolubles, souvent contenues dans la peau et les pépins des végétaux, les légumineuses et la plupart des végétaux fibreux (poireaux, rhubarbe, asperges…). Des plantes spécifiques sont également utiles.
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Absorption du fer : le régime idéal
La vitamine C augmente l’absorption du fer, tandis que la théine (dans le thé), la caféine (café), les phytates (légumineuses) et certains composants des produits laitiers la diminuent. Ainsi, adopter un régime trop pauvre en vitamine C (donc en fruits et légumes) et consommer trop de thé, café ou produits laitiers desservira l’assimilation du fer alimentaire.
Le cas des phytates est particulier : ils sont très présents dans les légumineuses et les céréales complètes, mais ces derniers sont très riches en fer – une richesse qui suffit en général à pallier l’effet délétère de ces nutriments sur l’assimilation du fer.
Enfin, plusieurs travaux montrent que probiotiques et prébiotiques seraient également des facteurs d’amélioration de l’absorption du fer. Nourrir et entretenir son microbiote avec ces derniers permettrait de développer les protéines responsables du passage du fer des intestins à l’organisme.
On l’a compris, ne penser qu’au fer quand il y a carence en fer n’est pas la chose à faire…
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Viande ou végétaux : quel fer choisir ?
Des études ont montré que le fer héminique (associé à une molécule pour former un complexe appelé « hème »), type de fer contenu dans les produits carnés, possède un caractère pro-oxydant. Dans le cas d’une consommation de ce fer en excès, la fraction non absorbée stagnant dans le colon s’attaque aux membranes des cellules : un tel « stress oxydatif » serait à l’origine du développement de cancers colorectaux.
Opter pour des végétaux riches en fer non héminique – légumineuses, graines oléagineuses (amandes, noix, noisettes, cacahuètes…), céréales complètes et certains légumes comme les épinards – serait alors la solution. Problème : le fer héminique est mieux absorbé par l’organisme que le fer non héminique contenu dans les végétaux. Le premier, pro-oxydant, est absorbé à hauteur de 10 à 30 %, quand le second ne l’est qu’à environ 5 %.
Heureusement, il reste possible d’améliorer le niveau d’absorption du fer non héminique en consommant des aliments riches en vitamine C, tels poivrons, brocolis, kiwis, fruits rouges (si possible crus ou cuits à la vapeur pour les légumes). Des compléments alimentaires du commerce ont sinon été conçus pour optimiser l'assimilation du fer d'origine végétal (pour quelques spécialités voir la colonne de droite).
De même, l’association à des condiments et des épices (origan, thym, romarin, sauge, curcuma) par exemple sous forme de marinade à l’huile d’olive (riche en oleuropéine) est un moyen de contrer les effets pro-oxydants du fer hémitique.
Références bibliographiques
En aucun cas les informations et conseils proposés sur le site Alternative Santé ne sont susceptibles de se substituer à une consultation ou un diagnostic formulé par un médecin ou un professionnel de santé, seuls en mesure d’évaluer adéquatement votre état de santé
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