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Antidépresseurs : pas de miracle sur la qualité de vie
Le recours aux antidépresseurs, déjà élevé auparavant, a encore progressé depuis le début de la crise sanitaire liée au Covid. Alors que le contexte global reste incertain (guerre en Ukraine, éventuelle reprise épidémique, etc.), ces molécules rallient de nouveaux consommateurs, et leur usage à tendance à se prolonger, souvent par « confort ». À bon escient ? Probablement pas, comme le rappelle une nouvelle étude saoudienne suggérant que les antidépresseurs n’améliorent pas la qualité de vie dans le temps.
L'inexorable détérioration de la santé mentale
Le message revient régulièrement depuis deux ans que le monde est obligé de vivre avec le coronavirus : le psychisme des populations est en souffrance. Toutes les institutions, de Santé publique France à l’OCDE (Organisation de coopération et de développement économiques), sont d’accord pour constater que le Covid-19 a sensiblement dégradé, et de façon durable, la santé mentale des populations mondiales.
La pandémie et les mesures qu’elle a entraînées ont eu pour effet d’exacerber des facteurs de stress endémiques dans nos sociétés – comme l’isolement, la peur, l’insécurité, les difficultés financières – tout en sabordant les garde-fous protecteurs, tels que les liens sociaux, l’éducation, la liberté de mouvement ou encore l’accès aux soins.
Les antidépresseurs sont loin d’être une panacée
Différentes études, dont celle émanant de l’université du Roi-Saoud à Riyad, suggèrent que les antidépresseurs ont à peine plus d’effet qu’un placebo2 et qu’une psychothérapie3 est plus indiquée pour aider les patients à moyen et long terme – quitte à y associer un antidépresseur en début de parcours.
Ces médicaments ne fonctionnent que de façon très aléatoire, présentent des effets secondaires importants, tels que :
- la dépendance,
- la prise de poids,
- la perte de libido,
- l’insomnie ou la démence – quand ce ne sont pas carrément des pensées suicidaires ou des pulsions très violentes
- des symptômes de sevrage difficiles à gérer lorsqu’on veut les arrêter.
- des déséquilibres du microbiote
Ils continuent cependant d’être prescrits et consommés massivement. Si la plupart des médecins sont conscients qu’ils ne doivent être pris que pendant une durée limitée, une partie du public les plébiscite néanmoins et quémande la prolongation de sa prescription au-delà des indications du produit.
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Pas de bénéfice sur la qualité de vie en général
L’étude saoudienne, basée sur les données de l’enquête américaine Medical Expenditure Panel Survey (MEPS), englobe 17,5 millions d’individus diagnostiqués « avec dépression » aux États-Unis de 2005 à 2016, parmi lesquels on trouve une majorité de femmes (68 %), qui sont d’ailleurs plus souvent traitées par antidépresseurs que les hommes – une tendance en phase avec les données de l’Organisation mondiale de la santé.
Il ressort de l’analyse de la MEPS que le recours aux antidépresseurs est associé à certains changements positifs sur les composantes mentales de la qualité de vie (interactions sociales, limitations dues aux problèmes émotionnels, détresse psychologique), mais sans que ces améliorations ne se distinguent à terme de façon statistiquement significative en comparaison avec la cohorte de participants n’en ayant pas consommés.
Les données suggèrent que ces améliorations, lorsqu’elles surviennent, se limitent aux deux ou trois premiers mois de prise au-delà desquels la progression plafonne, si bien que sur le long terme, les scores de qualité de vie ne rattrapent jamais ceux de la population générale.
Favoriser des approches multiples de la dépression
Considérant que les antidépresseurs n’apportent pas d’amélioration durable de la qualité de vie, mais que leurs effets secondaires, eux, ont bien un impact persistant sur cette dernière, les auteurs estiment qu’il serait pertinent de proposer aux patients une thérapie non pharmacologique – thérapie comportementale et cognitive (TCC), psychothérapie, aide sociale et éducative – dès l’initiation d’un traitement par antidépresseurs. Le taux de rechute constaté chez les consommateurs d’antidépresseurs par rapport aux sujets n’ayant reçu qu’un placebo ou suivi uniquement une psychothérapie plaide également en faveur de cette approche.
Côté solutions naturelles, on peut bien entendu s'intéresser aux différentes plantes de soutien du psychisme telles le safran ou aux vertus de l'alimentation. Une récente étude4 conduite auprès de jeunes hommes confrontés à la dépression met en effet en lumière le potentiel du régime méditerranéen pour, justement, réduire les symptômes de la dépression et améliorer la qualité de vie.
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Sources :
En aucun cas les informations et conseils proposés sur le site Alternative Santé ne sont susceptibles de se substituer à une consultation ou un diagnostic formulé par un médecin ou un professionnel de santé, seuls en mesure d’évaluer adéquatement votre état de santé
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